Les profits augmentent, les licenciements se multiplient

Salaires et indemnisations mirobolantes des patrons, bénéfices records pour des multinationales ne cessent d’être annoncés jour après jour, comme par exemples deux milliards pour l’Oréal et Danone, 6 milliards pour BNP Paribas et France Telecom.

Article paru dans l’Egalité n°119

Pourtant les annonces de charrettes de licenciements souvent dans les mêmes entreprises ne cessent pas, elles aussi. Difficiles pour ces grands groupes bénéficiaires de prétendre que c’est parce que les entreprises ne sont pas rentables. France telecom a ainsi annoncé 108 % d’augmentation des dividendes pour les actionnaires et 17 000 licenciements.

Pourtant dans leur politique, rien n’est plus logique que cette suppression d’effectifs afin de dégager une plus grande marge de profits. Ce sont donc deux logiques, deux visions de la société, deux classes sociales qui s’opposent, celle des exploiteurs contre celle des travailleurs.

Chaque entreprise est toujours soumise à la concurrence accrue des autres capitalistes. Pour cela elle doit toujours chercher à être la plus « rentable », c’est à dire dégager le plus de dividendes pour ses actionnaires, sous peine d’être rachetée ou liquidée. Pour cela les capitalistes ont plusieurs solutions, avec le point commun que cela se fait toujours sur le dos des travailleurs.

On assiste depuis quelques temps à une multiplication des fusions ou des rachats pour éliminer la concurrence ou pour concentrer le capital. Ainsi les rachats d’entreprises étrangères par des groupes français ont plus que doublé en 2005. Mais ceci implique des plans de licenciements massifs comme certainement pour la fusion EDF Suez.

Les capitalistes misent aussi sur une augmentation de la rentabilité de chaque salarié. Ceci passe par la suppression de postes et par l’allongement de la durée de travail. Ainsi Volkswagen annonce 20000 suppressions d’emploi sur 105000 sous cette marque et veut imposer à ses ouvriers 6 h de plus de travail par semaine pour le même salaire. Dans le même temps, le groupe annonce une hausse de 55% de son bénéfice opérationnel au premier trimestre à 726 millions d’euros, ce que les actionnaires trouvent « décevant »…

On retrouve partout cette même logique. Même dans un pays comme l’Indonésie, où les travailleurs connaissent des conditions de travail et de vie plus que déplorables, les travailleurs ont défilé ce 1er mai contre une nouvelle loi qui rendrait encore plus facile les licenciements !

Face à cette offensive globale, il est plus qu’évident que la réponse de la classe ouvrière doit être la plus massive et offensive. Pourtant force est de constater que si les luttes combatives se multiplient contre les plans de licenciement, elles restent le plus souvent très isolées à une entreprise ou à un secteur. Les directions syndicales préfèrent mener la stratégie du combat judiciaire, le plus souvent jeu de dupes vue la nature bourgeoise du droit français, que d’appeler à des grèves de solidarité et à la construction d’un mouvement de masse contre les licenciements et la politique du patronat et du gouvernement.

Par exemple Total se targue de ses 12 milliards d’euros de bénéfices en 2005 et que 3 fermetures d’usine sont annoncés dans sa filiale Grande Paroisse, les discours restent dénonciateurs. Pourtant la question de la grève dure avec blocage est plus qu’à l’ordre du jour. Où quand on voit que le groupe Peugeot veut fermer l’usine de Ryton, près de Birmigham en Angleterre (2300 emplois) sans que cela ne fasse beaucoup s’agiter les dirigeants syndicaux.

Cet état des faits est une conséquence du vide politique laissé à gauche. A ce jeu, on va se faire tailler en pièce usine après usine. Une journée de grève dans tous les groupes où se mettent en place des plans de licenciements, le même jour et dans tous les pays, serait indispensable pour que les travailleurs sentent leur force et voient qu’ils ont intérêt à lutter. Plus que jamais se démontre la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs, offensif et organisateur des luttes, qui pourrait pousser à une campagne contre les licenciements et à la construction d’un mouvement de masse, tout en apportant également les perspectives concrètes, la nationalisation sous contrôle ouvrier, pour arrêter de subir la logique des exploiteurs.

Par Genevieve Favre