Le PS poussé à gauche par la lutte contre le CPE ?

Au début du mouvement contre le CPE, le PS a été très discret, quelques déclarations dans la presse dénonçant le CPE et la promesse de « mettre la pression » au parlement… François Hollande a même déclaré que l’essentiel de la bataille se jouerait en 2007… « soyons réalistes, le texte va passer… Le travail d’explication que nous engageons trouvera son dénouement non dans la rue, mais dans les urnes en 2007. » Cela en dit long sur la combativité de ce parti ! Ce n’est que lorsque la lutte s’est imposée et est devenue incontournable que tout l’appareil s’est mis en place, avec comme principal objectif de tenter d’utiliser le mécontentement et de redorer leur blason en vue des élections présidentielles.

Article paru dans l’Egalité n°119

Pendant tout le mouvement, le matériel et les interventions du PS se sont limités au seul CPE, alors que la revendication d’abrogation du CNE et de retrait de toute la loi « égalité des chances » faisaient partie des appels de la coordination nationale des étudiants dès le début. Leurs appels à la mobilisation se sont contentés de pétitions ou déclarations vagues contre la précarité, jamais d’appel à la grève. Quant aux propositions alternatives au CPE, il s’agit de contrats un peu moins précaires, du même style que les emplois jeunes : c’est à dire des emplois précaires ! L’attitude du PS et de ses dirigeants avant, pendant et après le mouvement démontre une fois de plus que ce parti n’est pas du côté des jeunes et des travailleurs.

Une multitude de candidats, mais un seul programme : gérer le capitalisme !

Dominique Strauss Kahn, propose de diverses baisses d’impôts aux entreprises qui embauchent des CDI ou des jeunes de banlieues… donc des cadeaux aux patrons. Ségolène Royal nous parle de « désir d’avenir » et reprend le principe de « flex-sécurité » (CDD et intérim), dit vouloir assouplir les « 35 heures » (comprenez : permettre encore plus de flexibilité). Les propositions de Martine Aubry parlent de « sécuriser les parcours professionnels » tout comme Villepin. Derrière ces formules se cache les mêmes mensonges. Pour les dirigeants du PS, le chômage serait dû au manque de formation des jeunes et des travailleurs, et au fait qu’ils coûtent encore trop cher pour les patrons. Malgré les divergences apparentes, ils sont tous d’accord sur une chose : la priorité d’un gouvernement PS sera de rendre les entreprises françaises plus compétitives.

Sous le système capitaliste il n’existe pas cinquante façons de rendre les entreprises plus compétitives : il faut baisser les coûts de production. C’est à dire : multiplier les emplois précaires et sous payés, geler les salaires, licencier … Voilà ce que la direction du PS promet au patronat : « nous serons les meilleurs garants de vos intérêts tout en essayant d’endormir les travailleurs et les jeunes en leur faisant croire qu’on est de leur côté ! »

Le PS au pouvoir a multiplié les attaques contre les travailleurs

C’est déjà la politique qu’ils ont mené pendant les 19 années où ils ont été au pouvoir, que ce soit dans les années 80 avec Mitterrand ou plus tard, avec Jospin comme Premier ministre. Mitterand est arrivé au pouvoir porté par la classe ouvrière qui y voyait un espoir. Après quelques mesures populaires, il met vite en place une politique de protection des intérêts patronaux et de gestion du système capitaliste dans leur intérêt. Le plan de rigueur comporte des augmentations des impôts et des cotisations sociales, des gels de salaire, fermeture des mines… C’est aussi Fabius, ministre de l’économie sous Mitterand, qui met en place les premières privatisations et la politique d’austérité. Le même Fabius qui aujourd’hui promet le retour de EDF-GDF dans le public… après 2012 !!

Le gouvernement Jospin (PS et ses alliés PCF et Verts) a plus privatisé que les deux gouvernements de droite précédents ! Il a mis en place des contrats précaires pour les jeunes (emplois jeunes), et les fameuses « 35 heures » qui ont entraîné le gel des salaires, la flexibilité, le travail le week-end… dans de nombreux secteurs. Il a renforcé les lois sécuritaires…

Le Parti Socialiste n’est pas une alternative à la politique des capitalistes

Comment croire qu’ils feront une politique différente s’ils sont élus en 2007 ? Le PS n’a plus de socialiste que le nom ! C’est un parti bourgeois, qui défend les intérêts des bourgeois et des capitalistes. Pendant tout le mouvement, ce parti s’est bien gardé d’appeler à la grève, ni de proposer un programme de rupture avec les attaques en cours. Pire encore, il espère que la droite va continuer ainsi de manière à recueillir cyniquement le vote des travailleurs.

Il est fort probable que le PS bénéficiera de la colère des travailleurs et des jeunes contre la droite lors des élections de 2007. En l’absence d’une réelle alternative beaucoup de jeunes et de travailleurs iront voter pour le candidat du PS pour « mettre une claque à la droite », comme cela avait été le cas lors des élections régionales de 2004. Cela sera plus un vote contre la droite qu’un réel signe de confiance envers le PS. On peut comprendre cela, mais on ne saurait accompagner un tel mouvement. Ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un nouveau parti qui se batte réellement pour le socialisme, pas de candidats qui ont l’air mieux que la droite simplement parce que la droite est particulièrement détestable.

Par Virginie Prégny