N’ayant rien à offrir qu’un médiocre bilan de reculades régulières face au patronat, les anciens partis ouvriers (PS, PCF), les bureaucrates syndicaux, et jusqu’aux mutuelles, nous ont servi une belle désinformation. 1936 : c’est les congés payés. De ci de là, on peut lire qu’aujourd’hui 40% des gens ne partent pas en vacances, mais c’est à peu près tout comme élément critique.
Article paru dans l’Egalité n°120
Ceux qui descendent des courants qui ont trahi les travailleurs en 36 ne vont guère être aujourd’hui critiques sur leurs dirigeants de l’époque. L’année 1936 a été la dernière année décisive. Cette année là, par deux fois, les travailleurs auraient pu l’emporter, infliger une défaite aux capitalistes, et à tous ceux qui les servent.
Des grands acquis ouvriers en France ou en Espagne, il ne restera plus rien en quelques mois. Blum abandonnera même les travailleurs à leur sort 3 mois après les grèves de mai-juin. Les députés du Front populaire voteront les pleins pouvoirs à Pétain en juin 40.
Une année annonciatrice de guerre
L’avertissement était là, Hitler venait d’annoncer en début d’année un vaste plan de militarisation. La guerre s’approchait. L’URSS de Staline temporisait sans cesse, préparant en fait une nouvelle monstruosité.
En Espagne et en France, la révolution était possible. En réussissant, elles auraient complètement modifié la situation. Ça n’aurait pas été la défaite qui dominerait la fin des années 30 mais bien la victoire des travailleurs. Hitler n’aurait pas eu face à lui les bourgeoisies peureuses de la plupart des pays d’Europe mais des travailleurs en lutte, ayant remporté une victoire, redonnant confiance aux travailleurs allemands pour relever la tête.
Et ceci aurait remis en cause le dogme du » socialisme dans un seul pays » qui permettait à Staline de conserver son emprise sur l’URSS et sur les partis communistes de tous les pays.
Une fois assuré que le gros de la vague était passé, Staline lancera une nouvelle et gigantesque attaque contre tous ceux qui pourraient s’opposer encore à lui en URSS et en visant principalement Trotsky. Ce sont les terribles « procès de Moscou » sur lesquels nous reviendrons dans le prochain numéro de l’Egalité.
Coincé entre nazisme et stalinisme, le mouvement ouvrier de toute l’Europe allait bientôt sombrer dans la plus effroyable barbarie qu’a produit le capitalisme : la 2ème guerre mondiale dont Trotsky avait montré dès 1933 que le maintien d’Hitler au pouvoir en Allemagne la rendrait inéluctable. L’année 1936 apparaît en rétrospective comme une année où tout aurait pu être changé. Le Ps, le Pcf et tous les héritiers de ceux qui ont contribué à cette défaite peuvent saluer les congés payés. Le vrai but est de masquer leur responsabilité : en refusant de faire triompher la révolution socialiste, ils ont permis la défaite des travailleurs, et dans la foulée la guerre mondiale.
Le seul moyen qu’ils ont toujours utilisé pour continuer leurs trahisons, c’est d’essayer de cacher la vérité. En août 1936, Trotsky achevait » la Révolution trahie « , une de ses œuvres majeures, qui traite avant tout de l’URSS. En Espagne et en France, les révolutions n’ont pour ainsi dire pas eu le temps d’être trahies, car tuées dans l’œuf par les staliniens et les réformistes.
Par Alex Rouillard