Macron nous avait « balancé [sa] grenade dégoupillée dans les jambes » (selon ses propres dires !) le 9 juin en dissolvant l’Assemblée. Il laissait ainsi toute latitude au RN de Bardella, vainqueur des élections européennes, pour se placer à la tête du gouvernement.
Les résultats du premier tour dimanche 30 juin avaient confirmé la menace. Avec 33 % des votes, le RN récolte un nombre record de voix. Ils ont capitalisé sur la colère immense contre Macron et sur le racisme, que son gouvernement n’a pas cessé d’alimenter. Leur score a augmenté avec une participation très importante, mais aussi car une partie des jeunes (2 sur 3) et des travailleurs, dégoûtés ou perdus, n’étaient pas allés voter.
Mais au second tour, une partie des jeunes, mais aussi des travailleurs, ont utilisé le vote pour l’alliance électorale Nouveau Front Populaire (NFP) pour bloquer Bardella et le RN. Cette tactique a fonctionné : on a évité un gouvernement de droite ultra réactionnaire, encore plus raciste et lui aussi au service des capitalistes !
Le Nouveau Front Populaire est en tête, avec 180 député-es. Certains qui s’étaient abstenus au 1er tour sont allés voter le 7 juillet pour le candidat du Nouveau Front populaire ou contre le RN – notamment toute une partie des jeunes de 18 à 34 ans (35 à 38 %). C’est un soulagement pour une grande majorité des jeunes et des travailleurs qui ne veulent pas plus d’autoritarisme, de chaos, de divisions et d’attaques contre nos conditions de vie et de travail !
Fragmentation politique
Macron a encore une partie des cartes en mains, celle de nommer le ou la première ministre et ainsi de déterminer l’orientation politique du futur gouvernement. Mais la « grenade dégoupillée » lui est un peu revenue dans les jambes. Aucun doute : il va encore chercher à diviser le NFP, en ciblant la France insoumise et Mélenchon. Seul, sa marge de manœuvre est étroite. Il cherche donc des appuis à « sa gauche » auprès du PS de Hollande, des EELV, déjà habitués à mener une politique pour les capitalistes (loi « travail » dite El Khomri en 2016 par exemple) et auprès de la droite classique des LR.
La dissolution confirme une fragmentation de la situation politique avec trois grands blocs : le RN, Ensemble, le parti de Macron, et la France insoumise, qui est la force du NFP avec le plus de députés (71 sur 180). Au sein de ces blocs, certains partis comme LR (39 élus) et le PS (64 élus dont Hollande, Glucksmann) sont divisés sur les alliances à tenir pour continuer leur carrière et continuer de servir les intérêts des capitalistes au détriment de ceux de la majorité de la population et des travailleurs.
Comment affaiblir le RN ?
Nous savons que le RN est le parti qui a le plus de députés (126 RN +17 LR-RN). Et nous savons que les macronistes et la droite avec le RN ont déjà voté des lois ensemble comme la loi Asile immigration. Clairement, si la politique de Macron n’est pas contestée par des mobilisations massives et battue, elle continuera de faire le lit de la montée du RN.
Quand les travailleurs et les jeunes luttent ensemble, les Bardella et Macron perdent la main et les divisions commencent à tomber. Ce qui est vital pour les travailleurs, c’est de pouvoir arracher de meilleures conditions de vie et de travail. Pour pouvoir inverser la vapeur face à Macron, au RN et aux capitalistes, il faut s’unir autour de nos revendications tout en luttant contre toutes les divisions que ce système capitaliste engendre. Il n’y a pas de capitalisme sans racisme ou discriminations.
Nouveau Front populaire et gouvernement
Une autre politique au service de la majorité de la population, des travailleurs et des jeunes est nécessaire. Le programme du Nouveau Front populaire promet de revenir sur la retraite à 64 ans, augmenter le Smic à 1600€ nets, le blocage des prix, de vrais services publics mais aussi d’affirmer une position contre la guerre, notamment à Gaza ! Ce sont des mesures de première urgence. Un gouvernement NFP devra les mettre en place. Mais appliquer ce programme implique une confrontation avec Macron et les intérêts des capitalistes. C’est inévitable. Mais ce n’est pas ce que défend une partie du NFP, surtout au PS-EELV. Macron le sait très bien et va donc tenter de fracturer encore. On en voit déjà des politiciens prêts à tout qui se sont raccrochés au NFP pour être élus.
Mais une partie très importante des travailleurs se souvient bien des gouvernements dits « de gauche » précédemment qui nous en ont mis plein la tête en cassant les services publics, en menant une politique pour les riches et les capitalistes. La méfiance est donc grande, à juste titre. Toute coalition avec Macron serait une trahison des électeurs du NFP et des intérêts de la majorité de la population car elle rendrait impossible la mise en œuvre d’une telle politique.
Aux élections, nous n’apportions aucune confiance aux candidats dans le NFP qui, aux affaires, mènent une politique « Macron compatible » (Hollande, Delga et les autres). Après avoir surfé sur le vote NFP souvent porté par la force militante qu’est la France insoumise (avec 71 députés), les Macron-compatibles n’hésiteront pas à pactiser avec lui. Le prétexte du risque du RN ne tient pas. Nous n’oublions pas les revendications du programme. La France insoumise a été bien souvent une boussole pour toutes celles et ceux qui veulent résister et gagner contre Macron, le RN et les grands capitalistes. Pas question que LFI rentre dans ce type de coalition. Quant au PCF, la ligne majoritaire de Roussel a été tournée vers l’émergence d’une alliance politique bien faible avec le PS et d’autres, surtout contre LFI et Mélenchon, sans avoir une position de classe. Il en paie le prix au second tour avec seulement 9 députés élus.
À nous de reprendre la main, c’est le moment !
Il faut s’organiser contre le capitalisme et pour le socialisme !
L’instabilité politique reste donc très importante après ces élections convoquées par Macron dans l’urgence. Il a voulu nous couper le souffle et nous épuiser avec un rythme politique intenable et la peur d’un gouvernement Bardella-Macron. Et désormais, il dit vouloir prendre son temps pour désigner un premier ministre. Mais quel foutage de gueule !
À l’instabilité politique s’ajoute une probable récession de l’économie française pour les mois à venir. Les capitalistes et tout gouvernement à leur service vont tenter de faire passer leur loi contre les chômeurs, continuer de démanteler les services publics, pourrir l’avenir des jeunes…
La question de mettre un coup d’arrêt à cette politique sans plus attendre est posée. Le mouvement ouvrier, les syndicats et les partis défendant les travailleurs n’ont pas été à la hauteur face à l’ampleur des attaques l’an passé. Et en partie, ceci explique la place que le RN s’est taillée sur la scène politique en France. Pas question d’avoir une nouvelle année blanche sans grève ni lutte massives !
Que ce soit avec un gouvernement de coalition pro-Macron et pro-capitaliste ou avec un gouvernement Nouveau front populaire, pour s’assurer de ne plus subir de défaites sans vraie bataille, il faut s’organiser ! Dès maintenant, rejoignez la Gauche Révolutionnaire, pour discuter et mettre en action les idées marxistes révolutionnaires, pour s’impliquer et s’engager dans la lutte contre Macron, les capitalistes et pour une société authentiquement socialiste, démocratique, débarrassée de l’exploitation, de la guerre mais aussi du racisme et des discriminations sexistes, de genre et d’orientation sexuelle.
Reconstruire le mouvement ouvrier pour cesser d’être isolés !
À la Gauche révolutionnaire, nous sommes marxistes révolutionnaires. Nous luttons pour renforcer notre camp et soutenons tout pas positif dans ce sens. Depuis les années 1990, les travailleurs et les jeunes n’ont plus de parti à eux, où s’organiser et faire de la politique par milliers, alors que les capitalistes, les Bolloré et Arnault ont la majorité des médias et des partis à leur service.
Il faut un vrai parti des travailleurs de masse contre le capitalisme et pour le socialisme, un outil politique pour discuter du programme, se coordonner, structurer nos actions, travailleurs et jeunes tous ensemble. Pour le moment, cette force n’existe pas du tout.
Aujourd’hui, la France insoumise a une place spéciale dans la situation politique. Forte de ses plus de 100 000 nouveaux inscrits en 1 mois, la France insoumise, Mélenchon et les dirigeants de LFI ont une responsabilité. Ils devraient sans plus attendre appeler à hausser le ton, à s’armer politiquement à la hauteur des difficultés actuelles en créant un vrai parti à partir de la France insoumise, autour d’un programme de lutte et de rupture avec le capitalisme que les militant-es puissent discuter et élaborer collectivement. En appelant à rejoindre massivement après ces élections, une force politique plus solide et efficace, plus inclusive et démocratique, des milliers de travailleurs et de jeunes prendraient à bras le corps l’engagement politique et le combat contre le capitalisme.