Le PCF en 36 : surtout pas la révolution !

Après la défaite du mouvement ouvrier en Allemagne, la 3ème internationale de Staline change de tactique. Le PCF ne met donc plus la social démocratie et le fascisme sur le même plan. Il passe des accords électoraux et d’unité d’action avec les socialistes et des fractions de la bourgeoisie. C’est le soutien à la politique de fronts populaires.

Article paru dans l’Egalité n°120

En France, c’est une alliance entre trois partis : la SFIO (section française de l’internationale ouvrière), le PCF, le Parti radical. Le PC et la SFIO font croire qu’il faut s’allier au Parti radical pour rallier la petite bourgeoisie, les classes moyennes qui sont l’électorat du part radical. Mais c’est faux, en fait le parti radical représente les intérêts de la grande bourgeoisie et du patronat.

Cette alliance se fait sur le programme du plus « mesuré » des partis qui est celui des radicaux : réduction non chiffrée du temps de travail, une seule nationalisation, celle des industries d’armement, et d’autres mesures comme l’école obligatoire jusqu’à 14 ans. Rien qui puisse effrayer le patronat. Le 3 mai le Front populaire gagne les élections. Pourtant un vaste mouvement de grève se déclenche, car si l’arrivée du front populaire pouvait être un espoir pour les travailleurs, peu lui faisaient confiance pour s’affronter au patronat.

Une révolution en marche…

Le mouvement de grève s’étend. toutes les corporations sont touchées. Le patronat n’envoie pas les flics et l’armée pour briser les grèves. Face à cette vague de grèves, et pour casser le mouvement, il joue la carte de d’un gouvernement de gauche. Il propose une réunion gouvernement syndicats. Ce seront les accords de Matignon du 7 juin 1936. Les travailleurs obtiennent la semaine de 40h, 12 jours de congés payés des délégués d’ouvriers, une augmentation de salaire de 15% pour les plus bas. Aucune de ces mesures n’était dans le programme du front populaire ! Patronat et gouvernement ont cédé devant l’ampleur des grèves.

…mais brisée par la direction du PCF

Malgré les accords, la grève s’étend, se politise. Beaucoup pensent qu’on peut aller plus loin., poser la question du pouvoir. Ca devient très dangereux pour la bourgeoisie mais aussi pour les dirigeants de la classe ouvrière.

Alors sa direction décide de briser cette révolution en marche. Le 15 juin un dirigeant communiste déclare dans les Cahiers du bolchévisme :  » il ne s’agit pas pour les travailleurs de contester en fait le droit de propriété des entrepreneurs « . Ou encore Thorez, le 11 juin,  » Il n’est pas question de prendre le pouvoir actuellement. Il faut savoir terminer une grève dès que satisfaction a été obtenue.  » Tout cela alors que des milliers de travailleurs veulent continuer à lutter.

A cette époque, le Parti communiste se dit révolutionnaire, les travailleurs connaissent ses militants et ceux de la CGT, dans l’usine, dans la lutte, alors pourquoi ne les croiraient-ils pas.? Et les ouvriers reprennent le travail.

Cette ligne va conduire les travailleurs à la défaite, et ils le paieront cher les années suivantes. Le patronat, requinqué pourra à nouveau se passer des services d’un gouvernement de gauche. Et reprendre ce qu’il avait été obligé de donner.

En 1936, c’est un véritable parti révolutionnaire de masse dont la classe ouvrière avait besoin, un parti qui dans la lutte aurait donné confiance aux travailleurs dans leur force et donné des perspectives politiques à cette grève afin que les travailleurs prennent le pouvoir. En 1936, le PCF refusa de le faire : les dirigeants staliniens ne voulaient pas d’une révolution socialiste qui mette fin au capitalisme et à la domination de la bourgeoisie.

Par Marie-josé Douet