Dans le climat pré-électoral, le programme du PS pour 2007 a été publié. Le but affiché de ce programme est : «réguler le capitalisme et cantonner le marché à la sphère économique, combattre les inégalités, redistribuer les richesses…en un mot, transformer la société». Comment ?
Article paru dans l’Egalité n°121
Des cadeaux pour les patrons
On retrouve donc la politique d’aides publiques et exonérations faites aux patrons, alors qu’il est notoirement prouvé qu’elles ne créent aucun emploi réel. Ainsi le mécanisme des zones franches amorcées par Juppé. «Nous favoriserons le développement de Pôles d’innovation et de recherche associant les universités, les centres de recherche, les entreprises et les régions». Etrange similitude avec les fameux pôles économiques de Sarkozy et du gouvernement. De même le Ps compte utiliser l’argent des salariés en soutenant les patrons des PME : «Nous développerons les participations publiques dans le capital des jeunes entreprises innovantes avec la création d’un fonds public de participation (capital risque) en relation avec les collectivités locales (régions, agglomérations). «Nous mettrons en place des mécanismes spécifiques pour accompagner la croissance des petites et moyennes entreprises et pour les entreprises innovantes en difficulté transitoire. Nous instaurerons une aide fiscale concernant les modalités d’amortissement pour stimuler les investissements». Si l’argent des contribuables va aux aides aux entreprises, comment le Ps compte-t-il réduire les déficits ? En s’attaquant aux budgets sociaux et aux services publics ? A ce sujet, le terme «services publics» est remplacé par «service d’intérêt général», comme dans la Constitution européenne, qui peuvent être gérés par le public comme par des entreprises privées.
En réalité, vouloir concilier l’économie de marché et une redistribution des richesses comme le programme le propose c’est être naïf ou clairement cacher que si un gouvernement accepte de gérer le capitalisme alors il ne peut pas aller contre les lois du marché, c’est à dire défendre les profits des patrons sur le dos des travailleurs. Et on ne peut pas penser que le PS, pendant plus de 20 aux affaires ne le sait pas. Pour s’adresser à l’électorat populaire, comme ils disent, on veut nous faire croire qu’un autre capitalisme est possible. Comme si les capitalistes étaient «mauvais» par choix moral et que l’on pouvait les contraindre à une politique économique plus douce, du style «on fait du profit mais on laisse une part du gâteau aux pauvres». Les mesures proposées par le PS montrent que c’est la défense des intérêts patronaux qui le guident.
Des nouvelles formules et des attaques pour les salariés
Et la «redistribution des richesses?» «Nous porterons le SMIC au moins à 1500€ brut le plus tôt possible dans la législature». En gros, quand l’évolution de l’inflation conduira naturellement à ce montant. La lutte contre les licenciements ? Une structure nouvelle est proposée, l’«Agence nationale de Réindustrialisation» avec des aides ciblées pour la «reconversion des sites» et le remboursement des aides publiques par les entreprises qui délocalisent (et celles qui sous-traitent en Chine ?). Une politique pour l’emploi ? L’extension des 35h à tous les salariés avec des plafonds horaires mais sans réelle remise en cause de la flexibilité et de l’annualisation. Un dispositif «EVA» spécial jeunes qui a des arrière-goûts de CPE light. Le CNE est abrogé certes mais il est peu voulu par les patrons et de plus le PS associe cette mesure à une nouvelle baisse des cotisations sociales pour les patrons qui embaucheraient des CDI. C’est Mac do, et toutes les entreprises qui associent CDI et horaires démentiels et salaires de misère, qui seraient contents !
Il y a un domaine où le Ps affiche son jeu contre les travailleurs : l’immigration. Quand Sarkozy cherche à diviser la classe ouvrière en parlant d’immigration choisie, le Ps préconise une police commune européenne des frontières. Il prévoit de même «l’insertion individuelle» des immigrés. Sarkozy et ses mesures ne sont pas loin. D’ailleurs le programme n’envisage absolument pas d’abroger ces lois racistes, uniquement de remettre la carte de dix ans et la scolarisation des enfants immigrés. La jolie formule d’«Egalité réelle» s’arrête là.
Le PS met en avant des mesures ou des formulations «phares» comme «Un logement pour chacun» ou «les soins pour tous», afin de séduire une partie des jeunes et des travailleurs et en convaincre une autre de voter pour lui selon la loi du moins pire. Mais sans réelle budgétisation et programme d’actions clair pour arriver à ces fins, sans s’en prendre aux intérêts patronaux, c’est de la poudre aux yeux.
Fondamentalement le PS cherche avant tout à se montrer aux classes dirigeantes comme un gestionnaire fiable, capable en cas de discrédit de la droite de maintenir les intérêts des patrons et des actionnaires tout en essayant d’assurer un relatif calme social. Même si beaucoup de travailleurs se posent la question de voter PS pour sortir Villepin-Sarkozy et leur politique antisociale, il n’y aurait pas une longue lune de miel avec un gouvernement avec un tel programme PS.
Par Geneviève Favre