40 ans de l’élection de Mitterrand (2/3) : Mitterrand, la douche froide !

Il y a 40 ans François Mitterrand était élu président de la république française. La Gauche Révolutionnaire revient sur cet événement et ces conséquences dans son dossier spécial paru dans l’Egalité n°205. C’est la 2ème partie, vous pouvez retrouver la première partie ici.

Dès 1982, Mitterrand annonce une pause dans les réformes, avant d’officialiser le tournant de la rigueur en 1983, visant à réduire les dépenses publiques et l’inflation. Le gouvernement Mauroy III, comprenant quelques membres issus du Parti communiste, et ses successeurs (Fabius, Chirac, Cresson, Bérégovoy et Balladur) seront chargés de mettre en œuvre cette politique. Suppression de l’indexation des salaires sur les prix, forfait hospitalier, privatisations (Suez, Saint-Gobain, Havas, Paribas) et cadeaux au patronat, contrôle des chômeurs, attaques contre la protection sociale (40 annuités de cotisations retraite en lieu et place des 37,5 dans le privé), création de la CSG, etc. seront l’œuvre de Mitterrand et de ses différents gouvernements, PS ou de cohabitation, au cours de ses 14 années de présidence.

Dans un contexte de crise avec de nombreux licenciements (sidérurgie, automobile) et un chômage de masse en constante progression tendancielle, la désespérance sociale s’accroît et les résultats électoraux de la « gauche » s’en ressentent.

En 1986, suite aux élections législatives et la victoire de la droite, Mitterrand est obligé de nommer Chirac 1er ministre. Sur ce terreau fertile (trahison de la « gauche », chômage et misère), le FN qui avant les années 80 n’était qu’un groupuscule d’extrême-droite voit ses scores électoraux exploser à partir de 1984, lui permettant d’avoir des élus au niveau des différentes collectivités territoriales ou à l’Assemblée Nationale. Afin de se maintenir au pouvoir et de maintenir le PS, Mitterrand se servira du FN pour affaiblir la droite.

Même si, sur le plan des droits démocratiques, Mitterrand et le PS ont pu un peu rompre avec le conservatisme moral bourgeois (abolition de la peine de mort, PACS puis mariage pour tous), ils ne sont jamais allés trop loin néanmoins (droit de vote pour les étrangers jamais mis en place, politiques de plus en plus restrictives, discriminatoires et racistes envers les droits des immigrés…). En définitive, ils n’auront mené une politique social-démocrate qu’une seule année !

La suite est un long processus d’adaptation au capitalisme, véritable « bourgeoisification » de la social-démocratie, qui connaîtra son paroxysme avec Hollande. Artisan de « gauche » du « there is no alternative », la politique de Mitterrand (et du PS au pouvoir) générera une véritable désespérance sociale qui sur le plan politique participera à l’affaiblissement de la gauche (et la satellisation du PC qui peu à peu sombrera avec le PS) et à la montée de l’extrême droite.

Par Yann Venier, article paru dans l’Egalité n°205