Le forum social mondial de Porto Alegre : entre espoir et déception ?

Le forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), qui s’est tenu fin janvier, se situe dans le mouvement contre la mondialisation capitaliste de l’économie et ses ravages.

Cette réunion internationale doit être prise comme le résultat principalement de la mobilisation contre l’AMI de 1997 et 1998, des manifestations de Seattle, de Prague et de Nice. L’enjeu était donc de taille.

Article paru dans l’Egalité n°85

La tenue du forum est en lui-même un ferment d’espoir : les réseaux internationaux de militants si longtemps en sommeil sont en voie de se reconstituer. Ce genre d’initiative donne aux luttes internationales un point d’appuis supplémentaire.

Mais au-delà, la question qui se pose est la définition d’une réelle politique qui se place en alternative au capitalisme et la formation d’une structure qui puisse la porter et la défendre. Une telle organisation internationale aurait pour vocation de regrouper les travailleurs et les paysans pauvres, les jeunes et tous les exclus du système, qu’ils soient déjà ou non militants associatifs, syndicales ou politiques sur des axes clairement anticapitaliste et anti-impérialiste. Et sur ce point le bilan est très mitigé.

Comment expliquer de la part d’une partie des participants la volonté de concertation avec le Sommet de Davos (ville de Suisse) : réunion annuelle des multimilliardaires et de leurs valets institutionnels qui régentent le monde à leur unique profit enfermés dans leur forteresse payée par les contribuables suisses (voir les compte-rendus de la répression contre les manifestant antimondialisation à Davos sur le site d’Attac – http://attac.org/indexfr.htm – et d’Indymedia – http://france.indymedia.org/). Comment expliquer la présence de représentants de différents gouvernements au forum même, dont Jean-Pierre Chévènement : l’ex-ministre de l’Intérieur qui lorsqu’il était en fonction ne s’est pas gêné pour mener une politique de répression à l’égard des travailleurs immigrés sans-papier. Entre eux et nous, il n’est pas de consensus possible, contrairement à ce que suggérait Mulloch Brown – membre de l’ONU présent à Davos – lors d’une visioconférence ahurissante entre le sommet et le contre-sommet : « La réponse est quelque part entre Davos et Porto Alegre ». Il n’est même pas question de leur imposer un contrôle citoyens comme le suggère certaines associations (Coordination pour le contrôle citoyen de l’OMC). Ces illusions et ces collusions joueront tôt ou tard contre nos luttes.

Le Forum de Porto Alegre aurait du être un temps fort de préparation et d’organisation concrète des luttes au niveau international. Malheureusement rien n’en n’est véritablement sorti, pas même une déclaration finale commune, mise à part la volonté de se retrouver l’an prochain à Porto Alegre ou ailleurs.

Nous ne devons pas en rester là. Dès maintenant, nous devons nous organiser dans les associations, les syndicats et les organisations politiques qui s’opposent au capitalisme. Nous devons renforcer les réseaux militants, les solidarités et les luttes internationales. Et d’ores et déjà il faut préparer le forum de l’année prochaine afin qu’il soit un des jalons essentiels de la construction d’une force anticapitaliste.

Par Yann Venier