La grande arnaque des heures supplémentaires

Un des slogans préféré de Sarkozy pendant la campagne de l’élection présidentielle était « travailler plus pour gagner plus », c’est selon lui la formule miracle pour lutter contre le chômage et augmenter le pouvoir d’achat. Mais il n’a pas osé aller faire son show dans les quartiers populaires, dans les hôpitaux ou les usines, où les travailleurs travaillent déjà bien plus de 35h par semaine, et voient leur pouvoir d’achat diminuer d’années en années.

Article paru dans l’Egalité n°125

Une arme pour renforcer l’exploitation

Avec la flexibilité et l’annualisation du temps de travail instauré par la loi Aubry sur les 35 heures, les heures supplémentaires ont déjà largement augmenté. De plus celles ci ne sont plus payées que 10% de plus par rapport au taux normal. Elles sont aussi largement imposées, puisque c’est le patron qui décide en fonction des besoins de son entreprise. Sarkozy propose de majorer ces heures de 25%, mais cela ne concerne que les heures en dehors du forfait autorisé par la loi Aubry. Concrètement ce n’est pas 4h de plus par semaine qu’on se verra imposé mais plutôt 8 heures (une journée de plus !) .

Un cadeau en or pour les patrons !

Un des arguments favoris des capitalistes est que les salaires ne peuvent être augmentés, les emplois ne peuvent pas êtres créés à cause du « coût trop élevé du travail en France ». Par contre ils ne disent pas que si le nombre d’heures travaillées est un peu en dessous des autres pays capitalistes, la productivité des travailleurs français est plus élevée. Selon le rapport Eurostat 2005 le nombre d’heures travaillées en moyenne en France est de 40,5, il est de 43 au Royaume Uni, mais la proportion de temps partiels est plus importante (17% en France, 23% au Royaume Uni). La productivité hebdomadaire moyenne en 2004 était de 4779euro en France et 4171 au Royaume Uni. La productivité a augmenté de 17% en 7 ans. Si le temps de travail avait été baissé proportionnellement ce sont 4 284 500 emplois qui auraient pu être créés.

Ce sont les travailleurs qui produisent les richesses !

La part des salaires dans le partage de la plus value créée par les entreprises est d’environ 60 % alors qu’elle était proche de 70 % au début des années 1980, en voulant défiscaliser les heures supplémentaires Sarkozy veut encore aggraver l’inégalité dans le partage de la plus value entre le travail et le capital.

En 2000 la productivité a été 6,66 fois supérieure à celle de 1850. En 1850 la durée maximale du travail était de 84 heures par semaine, et l’espérance de vie de moins de 50 ans… Il y n’y avait pas de sécurité sociale ni de congés payés. Les revenus générés par une heure de travail, durant cette période, ont été multipliés par plus de 13.

Une attaque contre nos conditions de vie

Si les heures supplémentaires sont défiscalisées, cela veut dire que notre salaire indirect est diminué, donc que c’est moins d’argent pour financer la sécurité sociale et les services publics, cela veut dire à terme que ces cotisations qui ne sont pas payées sur les heures supplémentaires seront payées (mais bien plus chères) à des organismes privés de santé, de retraite, d’éducation…

En France, la part des cotisations sociales dans le PIB est 16,7 % en 2003 selon des chiffres établis par l’OCDE contre 6,4 % pour le Royaume-Uni. Cela veut dire de meilleurs profits pour le patronat, et pour les travailleurs la différence c’est la qualité de vie qui sera bien inférieure! Les britanniques n’ont quasiment pas d’allocation chômage, doivent cotiser à des fonds de pension privés pour leur retraite et à des assurances santé privées, ils doivent payer beaucoup plus pour les transports, l’éducation…

La seule raison pour laquelle Sarkozy veut nous imposer de travailler plus, c’est pour faire encore des cadeaux au patronat et leur permettre d’augmenter encore leurs profits !

Par Viriginie Prégny