Le shérif Sarkozy est parti en guerre, il veut « traquer les délinquants partout où ils se trouvent » (mais Chirac, lui est bien à l’abri de toutes poursuites judiciaires !). Dans le même temps, Raffarin « s’occupe » de la France d’en bas (expression qui rappelle d’ailleurs la fameuse « fracture sociale » d’un certain Président de la République !).
Article paru dans l’Egalité n°98
Oublié le temps du « bruit et l’odeur » des étrangers, « le nouveau Chirac » parle de contrat d’intégration pour les immigrés. Ces messieurs s’intéressent à nous et ne veulent que notre sécurité ! Tout cela à coup de campagne de communication très pointue qui nous ferait prendre des vessies pour des lanternes. Mais si l’on y regarde de plus près il y a de quoi s’inquiéter sur les solutions du gouvernement pour les plus défavorisés et exclus de la société. Quoi que les capitalistes en disent, nous sommes dans une période de crise économique (cf. page 6), dont les répercussions se font lourdement sentir, notamment dans les couches les plus fragiles de la société.
Le chômage est à la hausse, les prix aussi, les licenciements se multiplient et grâce aux lois Aubry (aggravées par Fillion) les salaires stagnent et les conditions de travail s’aggravent. Elle est là la violence, quand les grands patrons pleurent sur le poids des charges sociales et licencient à tour de bras pour s’en mettre encore plus dans les poches…et on devrait encore dire merci ? C’est cette violence du système capitaliste qui pousse les gens vers la mendicité, la prostitution, les squats…
Lorsque l’on vit dans un système qui vous accorde pour seuls droits ceux de travailler et de consommer, et que l’on est privé des deux, cela crée des frustrations et donc de la violence. Le système capitaliste ne peut pas apporter de solutions durables à ces problèmes, car c’est lui même qui les crée. Comme dans toutes périodes de crise les capitalistes se tournent vers la répression quand ils n’ont plus les moyens de cacher la nature de leur système. Enfermer les exclus c’est d’une part cacher la misère et d’autre part faire porter la responsabilité de cette misère par les victimes elles mêmes et non par le système. De plus, la crise économique exige des capitalistes de trouver toujours plus de capitaux, il faut tout rentabiliser à moindre frais, économiser même sur des secteurs vitaux comme la santé, les services sociaux, l’éducation , le logement… La répression permet donc de contrôler les effets sociaux du capitalisme, de faire taire l’opposition (extension des pouvoirs de la police, fichage des individus) et surtout maintenir les conditions de développement du système capitaliste.
Les jeunes dans le collimateur
Les jeunes (en particulier ceux de l’immigration) vont être parmi les premiers à être touchés par les lois répressives et racistes de Sarkozy et Perben. En effet, le ministre de l’intérieur et le ministre de la justice favorisent la répression au lieu de donner plus de moyens à l’éducation ou aux services sociaux. Le budget de l’Education Nationale s’est vu diminué en faveur de ceux de la Défense et de la Justice. 5600 postes de surveillants et 20000 postes d’aides-éducateurs vont être supprimés alors que ce sont des jeunes et des étudiants qui occupent ces postes. Parallèlement, les réponses le gouvernement donne aux élèves en échec scolaire sont des amendes. 2000 euros pour les parents des élèves souvent absents (projet retiré provisoirement mais toujours en discussion), et jusqu’à 7500 euros d’amende et 6 mois de prison pour les insultes envers un personnel de l’Etat (profs, mais aussi chauffeurs de bus…). De plus, les jeunes qui se rassemblent dans les halls d’immeubles sont mena cés d’une amende de 3000 euros et jusqu’à 3 mois de prison, alors qu’ils n’ont pas d’autre endroit pour se réunir. Au contraire, le gouvernement préfère fermer les MJC et les services sociaux, et ouvrir des centres fermés pour mineurs. L’objectif principal du gouvernement est de faire des économies à tout prix pour mettre en place un système encore plus libéral. Cela coûte moins cher à l’Etat de créer des postes de policiers plutôt que d’investir dans la rénovation des cités, les services sociaux, la lutte contre le chômage…Les politiques ultra répressives ne sont pas une solution pour les maux de la société, au contraire elles favorisent les inégalités et donc la violence et la rage dans les couches marginalisées de la société, comme on peut le constater aux Etats-Unis.
Ce n’est qu’en donnant les moyens nécessaires à des services vitaux comme l’éducation et les services sociaux que l’on pourra permettre aux jeunes de s’en sortir, et non pas en les enfermant. Ce dont les jeunes en difficulté ont besoin c’est d’un avenir, qui passe par un emploi décent et des conditions de vie meilleures. Les lois Sarkozy et le gouvernement Raffarin ne proposent rien en ce sens, car elles sont le reflet du système capitaliste. Un système qui est construit sur les inégalités et la division de la société entre exploités et exploiteurs.
S’organiser pour lutter contre ces lois
Nous devons rassembler nos forces et préparer les mobilisations contre les lois Sarkozy en organisant des journées d’action pour informer et sensibiliser un maximum de gens, en soutenant et en participant aux luttes des services publics, tels que l’éducation nationale ; parce que nous ne pouvons compter que sur nos luttes pour en finir avec toutes ces politiques répressives.
Nous avons du matériel (affiches tracts, autocollants, pétitions) à la disposition de tous ceux qui souhaitent organiser la mobilisation sur ces bases.
Tire-toi de mon trottoir !
En plus d’être les premières cibles de la mafia et des proxénètes, les prostituées sont aussi celles de Sarkozy. Ces lois ont pour objectif de rendre la prostitution encore plus clandestine et d’aggraver la situation, déjà très précaire, des prostituées. En effet, les prostituées qui racolent sur la voie publique sont menacées d’une amende de 7500 euro et de 6 mois d’emprisonnement (par contre elles peuvent toujours se prostituer chez elles !). Et pire encore, les femmes « légèrement vêtues » (avec des jupes courtes, par exemple) qui soi-disant incitent à des relations sexuelles connaîtront le même sort.
Les prostituées étrangères sont menacées d’une double peine, elles paieront en France et en plus seront expulsées.
Par ailleurs le seul débat qu’il y a eu par rapport à la prostitution est celui de la réouverture des maisons closes. C’est encore un moyen de cacher la misère que vivent ces femmes, sans régler le problème de leur exploitation par des hommes sans scrupule.
Il est évident que ces lois ne règleront pas le problème de la prostitution organisée par des réseaux mafieux et n’amélioreront pas la situation professionnelle des prostituées indépendantes. Au contraire, elles poussent ces femmes dans la clandestinité où elles seront encore plus violentées et travailleront dans des conditions d’hygiène encore plus catastrophiques. Ces lois ne répondent pas aux raisons pour lesquelles des femmes, mais aussi de plus en plus d’hommes, sont obligées de se prostituer pour vivre, et elle n’apportent pas de solution pour leur permettre de trouver un emploi qui leur permettrait de vivre dignement.
Ceux qui ne sont pas nés quelque part !
Tziganes, Roms, Manouches, que l’on regroupe sous le terme Gitans, des non sédentaires nomades par choix, depuis près de 300 ans, subissent des répressions de la part de nombreux gouvernements. Sarkozy veut apporter une pierre à l’édifice des persécutions de ces précaires qui dérangent ! On ne revient pas sur la non application de la loi Besson qui garantissait un camp pour nomades dans les communes de plus de 5000 habitants. Pas de vagues, de la part d’un ministre légaliste qui s’applique à être le visage de la tolérance vis à vis de la loi. Il reste seulement une volonté de répondre à ce qui est visible. Et que voit-on exactement ? Un morceau de quart monde derrière une décharge, des mendiants suppliants (une méthode commune dans les pays de l’Est), ou des regroupements religieux sur une base désaffectée. Qu’est ce qui dérange l’actuel gouvernement ? Ces gens du voyage ne correspondent pas à l’image marketing des Gypsy King ou la bonne aventure façon Madame Irma. Il y a une criminalisation abusive de ces gens du voyage, gitans ne rimant pas forcément avec délinquant. Il y a bien sûr des problèmes de délinquance, des trafics, des voitures qui apparaissent et qui disparaissent… Face à cela, on répond par des interventions dans le Sud de la France avec le GIGN. La violence comme seule réponse ? On oublie que les « gens du voyage » ont survécu aux lois de l’Ancien Régime, de la République, des Restaurations, des Empires. Avec en point d’orgue, un génocide en 1939-1945 ou aux côtés de beaucoup, ils ont été eux aussi victimes de la barbarie nazie. Encore une fois, peu de voix s’élèvent. Nicolas Sarkozy préfère un « retour chez eux », en Roumanie pour les Roms, où ils auront encore moins de chance, victimes d’un racisme étatique effectif. Et pour les autres ? Faut-il les envoyer en Hongrie ou en Bohème (République tchèque) où les lois anti-tziganes sont nombreuses !
Que vont-ils faire ? Obliger une sédentarisation de souche, où l’on verra peu à peu la fin de ces précaires qui dérangent. Ils coûtent peut-être trop cher à l’Etat, et coûteront encore plus aux régions en cas de décentralisation. Donc, où les mettre ? La réponse la plus simple et la meilleure selon le gouvernement Raffarin-Sarkozy : en prison ! Rappelons nous de l’esprit de la célèbre citation de ce pasteur allemand : « Quand ils sont venus arrêter les Juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas Juif ; quand ils sont venus arrêter les homosexuels, je n’ai rien dit, je n’étais pas homosexuel ; quand ils sont venus arrêter les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste ; et quand ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour me défendre ».
La prison pour les resquilleurs
Avant la dissolution de 97, Bernard Pons et sa secrétaire d’état Anne-Marie Idrac préparaient une loi pour aggraver les sanctions contre la fraude dans les transports en commun. C’était l’époque où les associations AC !, APEIS etc. menaient activement campagne pour la gratuité en faveur des chômeurs et des précaires. D’autres, plus audacieux, préconisaient déjà la gratuité pour tous. La Gauche plurielle n’a pas donné suite aux projets répressifs du duo Pons-Idrac mais n’a pas non plus fait un geste en direction de la gratuité. En Ile-de-France, par exemple, la carte Imagine’R a réduit le coût des déplacements pour les jeunes, notamment pendant le week-end, mais la carte Orange et les tickets à l’unité ont augmenté plus que l’inflation. Et toujours rien pour les chômeurs. Merci Gayssot !
Son successeur Gilles de Robien a nommé A.-M. Idrac PDG de la RATP et, comme ce beau monde a de la suite dans les idées, la prison ferme revient à l’ordre du jour pour ceux qui montent dans le train, le métro ou le bus sans le coupon ou la carte d’abonnement correspondant.
Après le remarqué discours de Chirac à Johannesburg, on aurait pu penser que la France allait faire un geste significatif pour l’environnement en encourageant fortement l’utilisation des transports en commun. S’il y a un point sur lequel tous ceux qui se piquent d’écologie sont d’accord, des antinucléaires forcenés de Greenpeace à la nucléolâtre Roselyne Bachelot, c’est bien celui-là. Eh bien non, il faudra chercher ailleurs la concrétisation des bonnes intentions présidentielles envers le développement durable de la planète.
Chômeurs, il vaut mieux voler une mobylette ou une bagnole pourrie ainsi que le carburant qui va avec, contribuer ainsi à épuiser les réserves énergétiques non renouvelables, polluer l’atmosphère, aggraver l’effet de serre, casser les oreilles du voisinage et vous casser éventuellement la gueule, plutôt que de poser frauduleusement vos fesses sur un siège de RER ou de TGV.
Par Fatima Ouadah, Arnaud Benoist et Jacques Capet