Quel avenir pour le droit de grève ?

Durant la campagne électorale les journalistes, l’UMP, nous ont resservi le couplet sur l’usager des transports pris en otage par les syndicats (les travailleurs étant souvent réduits à leurs syndicats) avec une obsession particulière pour les cheminots.

Article paru dans l’Egalité n°125

Et donc promesse a été faite de faire voter une loi très rapidement, cet été, pour un service minimum dans les transports et « encadrer » le droit de grève.

Il s’agit d’abord de rétablir la réalité des programmes de Sarkozy et de l’UMP. Dans leur propagande médiatique, ils se sont concentrés sur la question des transports publics mais lorsque l’on vérifie, c’est bien la question du droit de grève qui est posée.

En effet, dans le programme présidentiel de Sarkozy, il est bien précisé qu’ « une loi créera un service minimum garanti en cas de grève » et il n’est absolument pas question des simples transports. Et pour ceux qui pourraient douter de l’ampleur de l’objectif, cela est précisé dans les « propositions » législatives de l’UMP : « Instaurer par la loi le service minimum garanti dans les transports publics et les autres services publics essentiels en cas de grève. »

La question du droit de grève pour les agents de la fonction publique se pose donc évidemment avec notamment l’utilisation des réquisitions qui sont déjà possibles dans le code de la fonction publique.

C’est bien le droit de grève qui est dans le collimateur car, toujours dans le programme Sarko, il est bien précisé qu’après huit jours de grève un vote à bulletin secret sera obligatoire pour reconduire la grève (paragraphe sur le dialogue social). Et là, il n’est même plus question de service public.

Les conditions, évidemment, de ce genre de vote ne sont pas précisées ainsi que qui l’organiserait : la direction ? Le Comité d’Entreprise ? Les syndicats ? La police ? Il s’agit bien évidemment pour l’ensemble des employeurs que ce soit l’état ou les patrons, de pouvoir organiser un maximum de pression sur les travailleurs notamment, d’avoir les moyens légaux pour pouvoir organiser au maximum leurs campagnes anti-grève.

Mais pourquoi cette urgence pour les capitalistes de s’attaquer au droit de grève et notamment dans les transports ? Les travailleurs ont déjà apporté une grande partie de la réponse durant la campagne électorale. Pendant cette période, de nombreuses entreprises ont connu des conflits sur des questions d’emploi et de salaire que ce soit dans les transports (bus) ou dans l’industrie alors qu’il n’y a pas eu de conflit national à la SNCF. Cela a bien montré que malgré la répression patronale soutenue par l’Etat, les travailleurs de ce pays osent encore se battre pour défendre leur emploi ou réclamer leur dû sans avoir attendu le résultat des élections.

Les capitalistes prennent et vont prendre donc un maximum de précautions pour pouvoir mener leurs attaques le plus tranquillement possible que ce soit dans le privé ou dans le public avec notamment l’élimination de certains secteurs industriels en France, la suppression de dizaines de milliers d’emplois dans la fonction publique à venir, la remise en cause du droit du travail et des statuts de la fonction publique.

La bourgeoisie se prépare à une grande offensive et elle sait bien comme ses relais médiatiques, que l’arme la plus décisive des travailleurs est la grève. Si les cheminots sont en première ligne et vont devoir se défendre, ce sont bien tous les travailleurs qui vont devoir s’unir pour résister et repasser à l’offensive.

Par Olivier Ruet