Retraites : ce à quoi va s’attaquer Sarkozy

Parmi toutes les attaques contre les travailleurs que veut mener Sarkozy et son futur gouvernement, celle contre les régimes spéciaux de la RATP, EDF et bien sûr de la SNCF tient particulièrement à cœur à cette droite revancharde. En 1995, Juppé s’était attaqué aux cheminots et grâce à une grande et longue grève de ceux-ci, rejoints par d’autres secteurs, il avait essuyé un échec.

Article paru dans l’Egalité n°125

Depuis 2003 et la loi Fillon, les salariés du public, après ceux du privé en 1993, doivent cotiser 40 annuités au lieu de 37,5. Impensable pour le patronat et le gouvernement de laisser des salariés dont la retraite n’a pas encore été attaquée. Les cheminots partent en retraite à 55 ans et les roulants à 50 ans ! Donc ils veulent casser ces régimes spéciaux. Pourquoi des régimes spéciaux ?

Fin du 19ème siècle, les premières caisses de retraites apparaissent. Les patrons voulaient fidéliser une main d’oeuvre dont le travail était pénible ; les cheminots, les mineurs, plus tard les électriciens. Chaque secteur avait sa caisse. Au moment de la mise en place du régime général de la Sécurité Sociale en 1945, les régimes spéciaux sont maintenus en attendant une revalorisation des prestations du régime général qui devaient rattraper certains avantages des régimes spéciaux., avant un régime unique. Depuis, patronat et gouvernements ont multiplié les attaques contre les prestations du régime général jusqu’aux dernières lois : Balladur en 1993, Fillon en 2003, réforme de la sécurité sociale en 2004. Sarkozy et le patronat veulent faire croire que les salariés du régime spécial sont des privilégiés. Mais qui paye ? A la SNCF, ce sont les cheminots. Par exemple, le taux de cotisation est supérieur de 8,46% par rapport aux salariés du privé et si l’Etat intervient , c’est pour compenser la baisse du nombre de cotisants cheminots, résultat des 274 000 emplois qu’il a supprimé depuis des décennies. Pour arriver à faire passer cette attaque sur les régimes spéciaux, l’Etat décide de créer la Caisse autonome de retraite des cheminots qui sera séparée du budget de la SNCF et de statut privé. Plus facile pour attaquer ces retraites. Les économies réalisées ne seront sûrement pas pour investir dans du matériel, ou rouvrir des gares ou créer des emplois.

Les patrons et le gouvernement disent que la pénibilité du travail dans ces secteurs n’existerait plus et que ces régimes ne se justifieraient plus. Pourtant n’y a-t-il pas eu trois suicides à la centrale nucléaire de Chinon en 6 mois, quatre en 2 ans ? Cet argument est en fait un moyen de cacher le fond. Le patronat tire d’énormes bénéfices des secteurs de la SNCF ou d’EDF. La plus value faite sur ces métiers est énorme. Imaginez combien d’argent un seul conducteur de train fait rapporter en transportant seul dans un train des marchandises et des voyageurs se rendant au boulot…En fait, ce qu’ils veulent c’est casser les services publics encore et encore et augmenter leurs bénéfices. Pour combattre tous ensemble ces attaques, il faut se battre pour la retraite pleine et entière pour tous privé et public au bout de 37,5 annuités et pour le maintien des régimes spéciaux. Des retraites décentes et pas trop tard dans la vie c’est un juste dû sur ce que notre travail produit et rapporte.

Par Marie-José Douet