Grande-Bretagne : des luttes généralisées ouvrent une nouvelle ère

Plus de 150 000 postiers, 1 000 journalistes, 50 000 cheminots dans des dizaines d’entreprises différentes… voilà un court aperçu des grèves qui secouent le gouvernement et les capitalistes en Grande-Bretagne. Et ce n’est pas fini ! L’inflation est galopante, 9 % en avril, 10 % en juillet. Les augmentations les plus fortes touchent les produits alimentaires (12,6 % entre août 2021 et août 2022), l’énergie, les transports… Mais les salaires n’augmentent pas ! Pour préserver leurs profits, les actionnaires et les patrons n’embauchent pas, augmentent les cadences et réduisent les effectifs. « La classe ouvrière est de retour » et tous les ingrédients sont là pour que les grèves continuent et s’amplifient dans tous les secteurs.

Par PEM, article paru dans l’Egalité n°212

Un gouvernement de combat contre les travailleurs

Les Tories (conservateurs) sont, entre les scandales liés à Johnson et le marasme économique mais aussi à leur propre politique de désindustrialisation, dans la panade. Les prochains combats qui s’annoncent vont être durs, la bourgeoisie ne compte pas se laisser faire, ils tiennent à leurs privilèges et leur position dominante dans la société comme en témoigne la nomination d’une Thatcher bis, Liz Truss, comme Premier ministre. La privatisation de tous les ex-services publics (comme le rail depuis les années 90) permet aux capitalistes de sauver encore plus vite leurs profits sans s’occuper du reste. Ils utilisent déjà la mort d’Elisabeth II pour appeler à l’union nationale et calmer les luttes.

Le Labour aux abonnés absents

Face aux conservateurs, il y a le Labour, parti « travailliste », dirigé par Keith Starmer et les pro-capitalistes du parti. Absents des piquets de grève, il ne propose même pas la nationalisation face à l’augmentation des prix et aux opérateurs de l’énergie qui mettent la clé sous la porte. Il poursuit la transformation du parti en parti bourgeois entreprise par Tony Blair avec son New labour.

Face à cette droite du Labour, on pourrait attendre une « gauche » du Labour active, éventuellement incarnée par Jeremy Corbyn, qui proposerait un vrai programme combatif pour une hausse massive des salaires des nationalisations, prendre sur les profits des capitalistes… Mais pas du tout ! L’aile gauche ne combat pas la politique de Starmer ni à l’intérieur, ni à l’extérieur du parti.

Les travailleurs se retrouvent orphelins d’un parti pour leurs intérêts. Du moins pour l’instant !

Postiers en grève

La vigueur des luttes syndicales

C’est du coté des syndicats que la combativité prend forme. Y compris sur la question politique. En effet, la spécificité du Labour Party c’est que ce sont les syndicats qui le financent, puisque ce sont les syndicats ouvriers qui ont formé le parti ouvrier qu’il était. Ces financements peuvent être démocratiquement retirés par les syndicats. La bataille pour la désaffiliation des syndicats du Labour reste importante tout comme celle pour leur appel à la création d’un nouveau parti ouvrier avec une politique socialiste.

En Grande-Bretagne comme ailleurs, les travailleurs ont besoin de leur parti, fait par eux, pour eux, et qui défende une politique socialiste. Notre organisation-sœur, le Socialist Party œuvre dans ce sens, très actif sur les piquets de grève et dans la construction d’une lutte généralisée, comme dans la construction du parti. Cette nouvelle ère est probablement le début d’un grand mouvement qui doit se traduire par l’unification des travailleurs et la création de leur propre parti face aux capitalistes !