Crise économique: une nouvelle grande dépression?

Dans son document « perspectives de l’économie mondiale » d’avril 2020, le FMI annonce : « Il est très probable que l’économie mondiale connaisse cette année sa pire récession depuis la Grande dépression. » Cette crise s’annonçait depuis bien avant la pandémie. L’économie capitaliste mondiale ne s’est déjà jamais relevée de la crise de 2007-2008. C’est à coup de dettes publiques et privées extrêmement élevées et de bulles spéculatives que s’est faite la croissance très molle de la dernière décennie.

Cela s’est accompagné d’une précarisation du travail gigantesque dans les pays capitalistes avancés et une augmentation de la misère et des conflits abominable dans les pays dominés par l’impérialisme. L’année 2019 a été la plus faible en terme de croissance depuis le début de la crise de 2008, et la situation depuis deux ans a déjà été marquée par une chute dans les échanges commerciaux, notamment avec les mesures de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.

« Le grand confinement » a déclenché la récession mondiale

Le « Grand confinement » a occasionné une chute brutale dans la consommation mais aussi les échanges internationaux, touchant simultanément tous les secteurs de l’économie. Le commerce mondial a déjà reculé de 25 %, et l’OMC estime la chute entre 13 et 32 % pour l’année 2020.
Le PIB des États-Unis devrait baisser d’au moins 10 % au deuxième trimestre ; la Chine a enregistré une contraction de près de 7 % au premier trimestre selon les chiffres officiels. Le troisième bloc économique impérialiste, l’Europe, a également été aspiré dans cet effondrement mondial. L’Allemagne va connaître une récession de l’ordre de 9 % cette année, la France de 11 %, la Grande-Bretagne de 14 % : la pire récession depuis 300 ans !
Avec la chute de la consommation, des investissements et des échanges, les faillites d’entreprises ont déjà explosé, et le trou dans la consommation dû au confinement ne pourra pas être complètement rattrapé. En France, pendant le confinement, on a accumulé environ 55 milliards d’euros en épargne, un argent qui n’est pas prêt d’être dépensé, malgré les appels des ministres millionnaires. En effet, début juin, un sondage montrait que 4 travailleurs sur 10 avaient peur de perdre leur travail. Mais même ces 55 milliards auraient été bien insuffisants pour combler la baisse du revenu national pendant les 8 semaines de confinement, estimée à environ 120 milliards d’euros !
Et les perspectives, dans tous les pays, sont celles d’une explosion du chômage et d’une baisse du revenu disponible qui va encore aggraver la situation. Les jeunes vont être parmi les premiers touchés. Déjà un jeune sur six a perdu son emploi, selon une étude de l’Organisation Internationale du Travail, et s’ils ont conservé leur poste, ils ont subi, en moyenne, une perte de 23% de leur temps de travail.

L’échec annoncé des politiques de relance

Pour tenter de parer aux pires effets immédiats du choc, gouvernements et banques centrales ont engagé des politiques d’injections massives d’argent public dans l’économie. Cela a permis de différer une partie des suppressions d’emplois. Mais malgré les sommes colossales engagées, cette politique n’a pas plus de chance maintenant de produire une croissance solide et durable qu’avant.
D’une part les faibles salaires et les licenciements vont plomber la consommation, mais surtout cela ne résoudra pas le fait qu’il n’y a pas assez de marchés pour la production des capitalistes.
La dette publique des pays les plus riches pourrait avoir enflé de plus de 15 000 milliards d’euros depuis le début de la pandémie. En plus de la récession mondiale cela pourrait entraîner des pressions déflationnistes. En effet, plus les dettes des ménages ou des entreprises mais aussi de l’Etat augmentent, plus la consommation va diminuer car il faut plus rembourser. Les entreprises voient leurs stocks augmenter. Elles baissent leurs prix pour écouler leurs stocks ce qui réduit leurs profits. Les entreprises licencient et cela réalimente le cycle déflationniste. Les prix étant en baisse, la monnaie prend de la valeur car on peut acheter plus de choses avec. La dette est alors encore augmentée.
Certains pays ne pourront pas la rembourser comme l’Argentine qui a partiellement suspendu son remboursement. Mais d’autres pays comme la Turquie, l’Indonésie, ou encore l’Afrique du Sud, à cause de leurs faibles réserves en dollars US, pourraient être incapables également de pouvoir payer certaines importations ou fournir leurs banques centrales en liquidités. Les conséquences peuvent être dramatiques : famines, pénuries de médicaments…
Les capitalistes et les gouvernements vont tout faire pour présenter, tôt ou tard, la facture à la classe ouvrière. Comme le disaient déjà Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste de 1848, la destruction des forces productives ou l’hyper-exploitation des anciens marchés ne font que préparer à des crises encore plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir.
La crise présente ouvre une nouvelle ère, chaotique, pendant laquelle le capitalisme va se révéler toujours plus incapable de sortir l’humanité du bourbier dans lequel il l’a précipitée.

Par Cécile Rimboud