Convention citoyenne pour le climat : un sabotage démocratique

Le projet de loi relatif au climat a été lancé à la suite des travaux de la Convention citoyenne pour le climat (CCC). La Convention est une expérience soi-disant « démocratique » qui a réunie 150 citoyens dans le but de définir une série de mesures permettant la baisse des émissions de gaz à effet de serre à 40 % d’ici 2030. A l’issue de ce travail, la convention a rédigé un rapport s’articulant autour de cinq thématiques (consommer, produire et travailler, se loger, se déplacer et se nourrir). A cet égard, se sont tenues cinq réunions du groupe de travail entre les parlementaires et les membres de la Convention qui ont permis de finaliser le projet de loi Climat issu des travaux de la Convention.

Dans une économie capitaliste, comment 150 personnes tirées au sort pourront mettre fin à l’émission de gaz à effet de serre produit majoritairement par de gros industriels protégés par nos dirigeants ?

Article paru en version courte dans l’Egalité n°203

Le système capitaliste et l’environnement

Emmanuel Macron a dit retenir la majorité de ces propositions qui vont vers une protection de l’environnement. Néanmoins au cours des réunions on a pu voir que les propositions ont été totalement dénaturées de leur essence. Par exemple, en matière de consommation, les principales mesures retenues sont celles concernant l’interdiction de publicité, d’avions publicitaires, ou encore l’interdiction de distribution d’échantillons de produits sans consentement. Le gouvernement a également repris la consigne du verre. Or rappelons-le, même si évidemment il faut avoir une attitude citoyenne dans la protection de l’environnement, la consommation personnelle ne vaut presque rien dans l’émission de gaz à effet de serre.

Dans la thématique « production », le gouvernement a décidé de « compléter la liste des catégories de produits » soumises à l’obligation de mise à disposition pendant cinq ans, ou encore le renforcement des clauses environnementales des marchés publics. Mais aucune mesure n’a été retenue contre les vingt entreprises qui émettent un tiers du CO2 rejeté dans l’atmosphère. C’est contre le mode de production capitaliste qu’il faut lutter, et pour cela il faut un contrôle démocratique des travailleurs sur la production.

Le système capitaliste fait en sorte de produire massivement des produits médiocres pour préserver ses intérêts. Ainsi, on se retrouve à payer des produits provenant de milliers de kilomètres au loin, juste parce qu’un capitaliste a délocalisé pour exploiter des travailleurs à moindre coût en usant les matériaux les moins chers du marché. Le capitaliste n’a pas la préoccupation de l’environnement, seule la valeur de son capital l’intéresse. Le capitalisme nous conduit à manger les pires produits, user des vêtements de piètre qualité produits à bas coût et revendus 10x le prix de production. Le capitalisme nous appauvrit. Si on veut être éco-responsables, il faut qu’on mette fin au capitalisme et qu’on s’approprie les moyens de production !

Un projet de loi dénué de sens

Le gouvernement a éludé toutes les mesures les plus importantes en ce qui concerne la production, ainsi l’objectif de réduction de gaz à effet de serre ne sera pas atteint ni en 2030, ni après 2030.

Si le gouvernement n’a pas dénaturé les mesures, il les a poussées le plus loin possible dans le temps. Ainsi, le gouvernement a repris l’idée de l’interdiction de location des passoires thermiques pour 2028. En revanche, en ce qui concerne la rénovation obligatoire des bâtiments, rien n’a été retenu… Ainsi, la perte d’énergie par des bâtiments de piètre qualité qui infiltrent constamment le froid au détriment de la santé des habitants va se renforcer.

Seul le contrôle des modes et moyens et de production par les travailleurs nous permettront de produire des produits de qualité et durables, protecteurs de notre santé et de notre environnement.

Dans le même temps, il retient l’interdiction des aménagements de zones commerciales, artificialisant les sols…. Tout en autorisant les zones commerciales périurbaines de moins de 10 000 m². Ainsi, rien ne change en matière d’artificialisation des sols. Les capitalistes sont protégés, ils peuvent construire autant de mètres carré qu’ils veulent n’importe où, sans être interrogés sur l’impact écologique de ces constructions massives.
Bref la démocratie instaurée par la CCC est à l’image du système capitaliste : tout est bon pour la sauvegarde des intérêts des capitalistes.

Manifestation Climat du 24 mai 2019

La lutte pour l’environnement, c’est la lutte pour le socialisme

Nous avons les moyens de nourrir, loger et vêtir le monde entier, et pour cela nous devons nationaliser toutes ces firmes qui nous exploitent ! Nous devons avoir le contrôle sur les modes et moyens de production pour que tout le monde puisse travailler dans de bonnes conditions et en produisant ce qui nous est nécessaire !

La lutte pour la protection de l’environnement passe indéniablement par la lutte des classes. Il faut venir à bout du capitalisme pour que notre environnement, nos conditions de travail, se sécurisent davantage. La lutte pour le socialisme est la véritable lutte pour la protection de l’environnement !

Par Dilan Kafkas