Bien qu’elles soient décalées à juin (si la pandémie se calme, ce qui est loin d’être sûr), les prochaines élections régionales et départementales agitent beaucoup les formations politiques et surtout les appétits divers de fauteuils électoraux, voire de candidatures futures à la présidentielle de 2022…
Alors ça calcule, ça combine, à en oublier que pour le moment le vécu principal de la population reste la situation économique et sociale désastreuse pour les travailleurs, les jeunes et les familles populaires.
Article paru dans l’Egalité n°203
Terrain miné
L’incertitude règne. Les élections municipales ont vu une participation historiquement faible, sous l’effet combiné de la pandémie et du rejet de tous ces partis intégrés au système.
Les dirigeants de l’extrême droite hésitent car la locomotive Marine Le Pen peine à réellement entraîner le RN vers des succès électoraux faciles.
Quant à Macron, il n’a pas de vrai parti, ce qui s’est vu avec l’incapacité pour LREM de gagner une ville importante aux municipales même en faisant alliance avec la droite et le centre. Ces derniers risquent fort, notamment pour UDI et LR, de la jouer solo pour essayer d’éviter d’avoir à négocier avec des macronistes.
Aucun des partis établis ne défend une politique qui s’attaquerait réellement aux causes. Aucun dirigeant de ces partis ne remet en cause la loi du profit ni l’exploitation capitaliste. Pour la droite (LR et UDI), les macronistes et les centristes, ou le RN, rien d’étonnant. Pour la pseudo-gauche (PS et EELV) il faut que cela se voit moins, surtout si pour gagner, il faut permettre à des formations comme le PCF de s’allier avec eux.
Enfin, les présidentielles pèsent aussi. Au PS, il y a beaucoup de prétendants. Quant à EELV, l’idée pour eux est d’essayer de gagner des régions pour soit bénéficier d’une victoire symbolique pour propulser la candidature de Y. Jadot à la présidentielle, soit un autre car on sait à quel point les appétits de carrière sont grands dans cette formation.
Pas d’alliance sans programme clair
Le PS est passé maître dans le discours du « on a compris nos erreurs, on a changé ». C’est pourquoi on trouve maintenant de plus en plus de références à des listes « citoyennes », à de « l’alternative écologique » dans les propos de dirigeant-e-s du PS. Derrière ces belles formules, il n’y a que la volonté de garder le contrôle des alliances et de continuer la même politique.
EELV aborde ces élections dans chaque région avec la même approche : ne pas discuter du programme de fond. De la Normandie à la Nouvelle-Aquitaine ou au Grand Est, leurs chef-fe-s de file proclament que le programme n’est pas la « priorité » mais… qu’il est possible de se joindre à eux pour des candidatures « fortement écologistes ». Dans la réalité, leur bilan aux Régions, et ailleurs, est à chaque fois une poignée de mesurettes dites écologistes pour une acceptation complète des règles du capitalisme.
EELV est-il devenu le nouveau moyen de ramener toute la « gauche » officielle vers le PS ? C’est certainement ce qui se profile pour le second tour des régionales.
Sortir de ces pièges
De manière surprenante, dans le Grand Est, un appel est signé par l’ex-ministre PS A. Filippetti et C. Fiat, députée de la France insoumise, pour « construire collectivement le visage de l’alternative politique de l’écologie sociale, populaire et démocratique ». Chaque mot sonne aussi creux que les promesses électorales dont le PS et ses alliés nous abreuvent depuis tant d’années.
Difficile de passer en revue toutes les régions. Il en est où des militants LFI cherchent un accord indépendant du PS et d’EELV comme en Rhône-Alpes (avec le PCF). Ces discussions devront avoir un fond programmatique clair : refus de toute privatisation, titularisation de tous les personnels précaires des services publics régionaux… Sinon, ce ne seront que des accords qui serviront les grandes manœuvres politicardes d’arrivistes du PS ou d’EELV, et certainement pas un moyen de combattre la droite, LREM ou le RN.
Par A.R.