Bolivie: victoire du Mas et défaite éclatante de la droite aux élections présidentielles

Le report des élections par la droite au pouvoir avait provoqué la colère et de fortes mobilisations des partisans du MAS (Mouvement vers le socialisme) d’Evo Morales.
En fait, il a entraîné le 18 octobre la victoire dès le premier tour, de Luis Arce du MAS avec 53,4 % des suffrages contre 31,4 % pour Carlos Mesa, candidat de la classe dirigeante bolivienne.
C’est une belle claque donnée à la droite et à l’extrême droite qui avaient pris le pouvoir par un putsch un an plus tôt. Cette défaite décisive et le retour du MAS illustrent les limites de la réaction, surtout quand elle ne dispose pas d’une base solide de soutien. Elle n’est que l’expression d’un vote de la classe ouvrière et des pauvres contre l’incapacité des gouvernements précédents à résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés.
Pendant de nombreuses années, la Bolivie de Morales a connu un essor économique grâce aux prix élevés du gaz et du lithium. De nombreuses réformes ont permis une baisse du taux de pauvreté de 42 %. La nationalisation du secteur de l’énergie a triplé les revenus de l’état, permettant de mettre en place des programmes sociaux donnant les mêmes droits aux Amérindiens (55 % de la population).
Mais malgré les réformes, E. Morales n’a pas rompu avec le capitalisme. Avec le ralentissement du boom économique, le niveau de vie a commencé à baisser et le mécontentement s’est accru, d’autant plus qu’il utilisait des méthodes bureaucratiques. C’est alors que la droite, aidée par Trump et l’OEA en a profité pour s’emparer du pouvoir et Morales s’est exilé. Ce coup d’État a déclenché une réaction de la classe ouvrière. De grandes protestations de masse ont eu lieu, réprimées dans le sang. Ce gouvernement n’a été que répression et s’est montré incapable de gérer la crise économique, sociale et sanitaire.

Le MAS au pouvoir mais avec quel programme ?

Pendant la campagne, les militants du mouvement ont su regagner la confiance des travailleurs, des Amérindiens, des pauvres… mais quel programme Luis Arce, ancien ministre des finances de Morales, très modéré, et son gouvernement vont-ils adopter ? Les travailleurs devront continuer d’être vigilants malgré cette victoire.

Par M.-J. Douet