Chute du bloc de gauche au Portugal

Les élections présidentielles anticipées ont eu lieu ce 30 janvier 2022. Fin 2021, le gouvernement portugais en place s’est effondré : le gouvernement minoritaire au pouvoir à ce moment (Parti socialiste) avait présenté le budget au parlement, mais il n’a pas été validé. Alors, le président du Parti social-démocrate (PSD), la droite au pouvoir, avait dû dissoudre le parlement. Lors des élections de 2022, les résultats ont surpris : le PSD est arrivé en deuxième position avec 29,3 % des voix, et c’est Antonio Costa du Parti socialiste qui a été élu, avec 41,7 % des voix. L’extrême droite Chega a fait un bond dans les scores aussi, passant à 7 %. L’extrême droite n’avait pas été aussi haute depuis la chute du gouvernement Estados Novos, celui du dictateur Salazar, il y a plus de 40 ans. Le PS est monté avec la peur de l’extrême droite, mais aussi avec l’affaiblissement de la gauche en tant que force d’opposition aux politiques pro-capitalistes.

Antonio Costa du Parti socialiste était déjà ministre dans le précédent gouvernement, jusqu’à ces nouvelles élections où il est devenu président. En 2015, une alliance a été conclue entre le PS, le Bloc de gauche (Bloco) et le Parti Communiste Portugais (PCP). Le PS gouvernait seul, ni le Bloco ni le PCP n’entraient au gouvernement mais appuyaient le PS au parlement. Un pacte garantissant la stabilité de Costa a été mis en place, sans engagement d’une politique en faveur des travailleurs. Costa en a profité pour protéger les bénéfices des grandes entreprises, participer à une nouvelle baisse des salaires, des lois antisyndicales, tandis qu’aucune de ces organisations de gauche ne réagissait. Ils sont restés divisés tout en acquiesçant la politique du gouvernement, jusqu’à ce refus de vote du budget de Costa en réponse à la pression de la base et à la vague de grèves qui a balayé le Portugal. Pour autant, cette seule action n’a pas pu rétablir la confiance, ce qui s’est vu dans leurs scores très faibles.

Les travailleurs portugais peuvent être fiers de leur histoire révolutionnaire, et il nous faut aujourd’hui un parti marxiste qui nous rassemble pour tirer des leçons, et avancer ensemble pour se débarrasser du capitalisme et de ses soutiens !

Par Lu M, article paru dans l’Egalité n°209

Le premier ministre indien, Shri Narendra Modi (à gauche), et le premier ministre portugais, Antonio Costa (à droite) à Lisbonne, Portugal, 24 juin 2017.