Burkina Faso : un coup d’état sans changement de politique

Plusieurs mois avant le coup d’État du 24 janvier 2022, des manifestations massives exigeaient la démission du président Roch Kaboré. Sa mauvaise gestion des insurrections islamistes et son incapacité à traiter les problèmes économiques et sociaux ont fini par révolter la population et ouvrir la porte aux militaires.

Signe d’une crise profonde de l’État, des soldats s’étaient mutinés pour demander de meilleurs équipements contre les jihadistes, qui ont fait plus de 2 000 morts et poussé 1,5 million de personnes à quitter leurs maisons depuis 2015.

Face aux violences et à la crise économique, aggravée par le Covid, le coup d’État a été accueilli positivement par les burkinabés.

Une junte populaire, mais pas révolutionnaire

Le « Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration » (MPSR) ne montre pas d’intention de mener une politique économique et sociale différente de celle du régime pro-capitaliste et anti-pauvres qu’elle a destitué. Ce coup d’État n’a rien à voir avec la démarche de Thomas Sankara et la révolution burkinabée de 1983.

Le MPSR a pour seule priorité « la sécurité ». Mais celle-ci ne s’obtiendra pas par une réponse purement militaire, comme le montre l’échec des forces françaises depuis des années dans la région. Aucun vrai changement ni libération ne viendra des militaires.

En 2014, la révolte qui renversa l’autocrate Blaise Compaoré avait porté beaucoup d’espoir pour les travailleurs et la jeunesse. Mais la faiblesse des organisations ouvrières avait laissé remplir le vide par un dirigeant compatible avec la bourgeoisie et les impérialistes.

Les masses ouvrières ne devraient avoir aucune illusion dans la classe dirigeante capitaliste, qu’elle soit civile ou militaire. [Depuis la parution dans l’Egalité n°209 de cet article, 25 ministres ont été nommé, parmi eux  d’anciens ministres des gouvernements précédents, NdR.] Seul un mouvement de masse démocratique basé sur un programme socialiste pour la classe ouvrière, qui cherche à mettre les ressources et la richesse sous propriété publique, peut apporter les solutions nécessaires au marasme économique et social auquel les travailleurs et les pauvres sont confrontés.

Article paru dans l’Egalité n°209, par J.Baby