PCF : Une candidature Roussel énergique mais…

Le Parti Communiste Français s’est lancé seul dans la campagne présidentielle. Cela n’avait pas été le cas depuis 2007, avec Marie-Georges Buffet à 1,93 %. Ce choix suit les décisions politiques du congrès national de mai 2021 où Fabien Roussel a été élu secrétaire national, et désigné candidat par le vote de 23 245 membres sur 28 238 suffrages exprimés.

Un programme plus offensif

Le pari de la direction du parti est de relancer le PCF comme un parti unifié autour d’un projet « communiste ». La campagne Roussel veut incarner un profil de candidat populaire proche des ouvriers. Le programme remet par exemple en avant des revendications oubliées par le PCF comme celle de la nationalisation de quelques banques.
En tant que militants marxistes, on peut respecter une certaine volonté de militant-es communistes de vouloir faire exister un programme et une candidature qui a l’air plus ouvrière. Et on peut comprendre qu’ils ne veuillent pas voir leur parti historique disparaître de la scène politique. Mais pour en faire quoi ensuite ?

En rupture

Les principaux points du programme de Roussel ont une très grande proximité avec l’Avenir en commun de l’Union populaire. Augmentation des salaires, contrôle des prix, renforcement et développement de véritables services publics… Pourtant la rupture semble consommée entre la direction du PCF et l’Union populaire. Mais la principale rupture que fait Roussel est avec la candidature et la personnalité de Mélenchon, pas sur le programme. Car quand il cherche à se distinguer, c’est malheureusement en avançant des positions clivantes en défense du nucléaire ou de la police.

Vers quelle politique ?

Les militants du PCF disent rompre avec les années précédentes où le parti se serait effacé. Mais depuis longtemps, ce n’est pas face à la FI et à Mélenchon que le PCF s’est effacé, mais face à son allié électoral principal, le PS, et à sa politique. Elle est là, la vraie raison de la divergence : le PCF veut négocier avec le PS lors des législatives, la FI non. Comment expliquer que le PCF reste dans des majorités PS-PC-EELV dans des régions, départements et communes et y avale toutes les couleuvres comme les 1607 h des territoriaux et la casse des services publics ? [À de très rares exceptions près, comme à Montreuil et certaines villes sur les 1607h]

La direction du PCF fait un pari risqué. Porter haut le drapeau du PCF jusqu’au 10 avril pour ensuite être plus visibles dans les élections législatives. On voit revenir la petite musique bien connue : un score de Roussel plus haut que celui d’Hidalgo pèserait plus sur le PS pour s’y allier. Sauf que cela signifie alliances et accords électoraux avec un parti haï par les travailleur-se-s. Cette attitude est erronée et va décevoir les militants communistes et leurs sympathisants. L’énergie qu’ils mettent dans cette campagne serait finalement détournée de l’objectif affiché.

Il est dommage que le PCF comme d’autres organisations telles que le NPA avec Poutou ne choisissent pas de mener campagne pour JLM. Il leur aurait été tout à fait possible de renforcer leur organisation et leurs propres revendications en même temps.

Dans la bataille contre les capitalistes et leurs candidats, les Macron, Le Pen, Zemmour ou Hidalgo, la question d’avoir un candidat de notre camp, haut au 1er tour, et potentiellement au second tour, est très importante. C’est une question stratégique pour l’ensemble des travailleur-ses et de la population ainsi que pour le mouvement ouvrier. Et ce débat n’est pas fini !

Article paru dans l’Egalité n°209, par Leïla Messaoudi