Haïti : Le peuple en révolte ne peut compter que sur lui-même

Le chaos règne à Haïti et les impérialismes américains et français, habituels soutiens des dictateurs locaux, ne savent plus trop quelles forces ils doivent soutenir.

Article paru dans l’Egalité n°106

Après la chute des féroces Duvalier (qui ont alors trouvé un refuge accueillant en France), Jean-Bertrand Aristide a été élu en 1990, avec un fort soutien populaire et grâce à son discours favorable aux pauvres et à l’instauration de la démocratie en Haïti. Renversé par un coup d’état en 1994, il a été ramené au pouvoir par les Etats-Unis qui ont envoyé pour cela 20 000 soldats. Depuis, Aristide est resté le représentant des intérêts de l’impérialisme US en Haïti.

Sous le régime d’Aristide, rien n’a changé pour le peuple haïtien. Le pays a toujours le triste privilège d’être l’Etat du continent américain le plus pauvre. L’espérance de vie y est de moins de 50 ans. 80% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté et 58% souffrent de malnutrition. 53% sont illettrés. Aristide n’a en rien contribué à résoudre les énormes inégalités dans un pays où 1% possède près de la moitié des richesses, pendant que le reste de la population survit avec moins d’un dollar par jour. Cette extrême misère ne peut qu’être aggravée par la mise en place prévue en 2005 de la FTAA (Free Trade Area of the Americas = zone de libre échange des Amériques).

Face à l’opposition grandissante, aux manifestations et aux révoltes, Aristide n’a répondu que par la répression et la violence, ses  » Chimères  » n’ayant rien à envier aux « Tontons Macoutes » de Duvalier. L’impérialisme américain, comme le gouvernement français, après une longue valse-hésitation, lâche maintenant Aristide qui a préféré démissionner L’opposition rassemble des partis politiques et des représentants de la société civile, des syndicats et des représentants du monde des affaires. Ce  » groupe des 184  » n’a en commun que le souhait de voir partir Aristide, mais n’est en aucun cas un espoir pour le peuple haïtien. Comme le dit la fédération syndicale  » Batay Ouvriye  » :  » Lavalas (le parti d’Aristide) et l’opposition bourgeoise sont deux fesses pourries dans un même pantalon troué « . Dans les Caraïbes, sous la dépendance des différents impérialismes occidentaux, seule la perspective d’une Fédération d’Etats Socialistes peut représenter une issue pour la classe ouvrière.

Par Pascal Grimbert