37,5 ans pour tous !

Régulièrement, la droite et le patronat reprochent au gouvernement Jospin de ne pas avoir le courage d’aborder « sérieusement » le problèmes des retraites comme l’avait fait le Livre blanc de Rocard.

Article paru dans l’Egalité n°85

Les média évoquent aussi l’allongement de l’espérance de vie qui nécessiterait impérativement un allongement correspondant de la durée des cotisations et l’apocalyptique  » papy-boom « qui rendrait obsolète l’actuel système de retraites par répartition.

Ce n’est pas la première fois que des données démographiques exactes sont utilisées malhonnêtement par la propagande réactionnaire : quand il ne s’agit pas d’empêcher le développement de la contraception et la légalisation du droit à l’avortement, on s’attaque à la possibilité de partir en retraite à un âge où l’on puisse en profiter.

Il est vrai que l’on vit de plus en plus vieux dans nos pays. Mais, outre les différences bien connues entre hommes et femmes, il y a de fortes disparités entre les classes sociales : l’ouvrier spécialisé et l’ouvrier agricole, par exemple, vivent nettement moins longtemps que les membres des professions libérales ou des couches dirigeantes. L’égalité devant la mort n’est qu’une phrase de sermon pour funérailles.

Il est vrai aussi qu’aux « classes creuses » nées avant 45 ont succédé des générations plus nombreuses et, que 60 ans après le début du « baby-boom », les bébés de l’après-guerre finissent leur carrière professionnelle en rangs serrés.

Mais on oublie souvent de dire que, dans le rapport actifs : inactifs, il n’y a pas que le nombre de salariés et celui des retraités qui interviennent :les jeunes sont proportionnellement, moins nombreux que dans les années 50 ou 60 ( mais ils restent plus longtemps dans le système salaire ou au chômage) et la catégorie « femmes au foyer » est en très forte régression.

Et surtout, les gains de productivité ont considérablement augmenté la quantité de richesses produites chaque année par les actifs…Certes la part des retraites dans le PIB augmente régulièrement. Elle a fait un saut en 82 lorsque l’âge de départ à la retraite a été ramené de 65 à 60 ans et elle va s’accroître plus rapidement dans quelques années. Mais la part des Allocations Familiales a baissé régulièrement du fait de la diminution de la taille des familles et celle des salaires a été rognée depuis 73-74, sous prétexte de « crise », par la férocité des appétits patronaux. Les profits des actionnaires ont suffisamment enflé depuis 25 ans pour que l’on puisse s’y attaquer à la fois pour augmenter le SMIC et les salaires en général et pour financer des pensions de retraite plus longues, plus nombreuses et plus élevés.

Les “pas de danse” du Medef, de la CFDT et du PS

Chantage à l’asphyxie des retraites complémentaires à la clé, le MEDEF se dévoue pour “ jouer le méchant” en réclamant 45 annuités pour tous. La CFDT et le PS peuvent appeler à la manifestation du 25 janvier. Seillière peut faire semblant d’avoir été impressionné par l’ampleur des débrayages et des cortèges. Au nom de l’unité d’action à préserver, toutes les Confédérations syndicales acceptent de négocier cette partie capitale de la « refondation sociale » du MEDEF qui accepte les modalités… de la « retraite à la carte » prônée par la CFDT… cheval de Troie dans le camp des salariés puisque c’est aussi un objectif du patronat…

On peut prévoir qu’en cas de blocage, peu avant les Présidentielles, Jospin saura se donner une fallacieuse image  » de gauche  » raisonnable en imposant le « juste milieu » entre les 40 annuités pour le secteur privé décidées par Balladur et les 45 annuités pour tous réclamées par les patrons.

42 ans et demi : Seillière en rêve, Jospin le fera… si nous le laissons faire !

Par Jacques Capet