Les étudiants en « travail social » sont en mouvement !

Le 29 janvier dernier a marqué le coup d’envoi du mouvement national des étudiants en « travail social ».

Futurs éducateurs spécialisés, assistants sociaux, moniteurs éducateurs, etc, ont manifesté dans toutes les régions de France pour réclamer notamment la reconnaissance du nombre réel de leurs années d’étude. A ce jour, 3 ans de formation ne valident qu’un Bac +2 sans équivalence possible avec l’Université. Les 14 mois de stages obligatoires passent donc à la trappe. Et ceci à l’heure où l’Etat met en place parallèlement, mais au compte-gouttes, quelques rares licences technologiques dans les IUT « carrières sociales » reconnues comme bac+3. Il s’établit ainsi un système de deux formations parallèles : l’une universitaire et rarissime, reconnue à bac+3, et l’autre concédée aux écoles privés à mission de service public et reconnue uniquement à bac+2. Il s’agit donc là d’une réelle dévalorisation des Diplômes d’Etat en travail social.

Mais la principale revendication des stagiaires portait davantage sur les situations de grande précarité que leurs formations impliquent. Les bourses attribuées par la DRASS (Direction Régionale des Affaires Sanitaires et Sociales) reposent sur le calcul du coefficient familial, ne prenant absolument pas en compte les situations et les besoins des stagiaires. Le rythme de formation ne laisse pas d’autre possibilité que de travailler la nuit et les week-ends, diminuant d’autant l’implication des stagiaires dans des formations pourtant très prenantes tant au niveau du travail à fournir qu’au niveau personnel.

Pour un réel statut et un revenu minimum garanti au moins égal au smic

L’absence d’un statut clair de stagiaire de la formation professionnelle oblige chacun à se débrouiller au cas par cas. Des inégalités sociales ahurissantes découlent de ce flou entretenu par les ministères concernés. De nombreux stagiaires ne perçoivent aucune ressource et s’endettent. Quant aux stagiaires en cours d’emploi, ils touchent leur salaire mais ils doivent rendre l’intégralité de leurs heures de travail en plus des 35h par semaines de formation. Avec des semaines de 70h pendant 3 ans, c’est d’une autre façon qu’ils paient au prix fort leur formation.

Le gouvernement pense sans doute qu’en nous apprenant à gérer notre propre précarité au quotidien, nous deviendrons de meilleurs gestionnaires de la misère des autres.

Par Mélanie Gras