Ségur de la santé: du mieux pour les patients et les travailleurs?

Depuis plus de 20 ans maintenant, les gouvernements successifs de droite comme de « gauche » ont détruit l’hôpital public. Les coupes budgétaires et la tarification à l’acte n’ont pas permis, sans surprise, de continuer à avoir un système de santé efficace et parmi les meilleurs au monde. Au contraire, les cliniques, et les boîtes privées ont pris les parts de marché les plus juteuses et l’hôpital public n’a pu que dégénérer. Mais quand vint le Covid-19, la situation que le gouvernement cachait sous le tapis est remontée à la surface.

L’état de l’hôpital public en France a tué des personnes qui auraient pu être sauvées si l’hôpital lui-même avait été maintenu en bonne santé. La société tout entière, et en premier lieu les plus pauvres et les travailleurs, s’est retrouvée démunie par la casse de l’hôpital public et la privatisation des soins.

Face à cela, le gouvernement a proposé un « ségur de la santé ». C’est comme un Grenelle (la rue du ministère du travail), mais le ministère de la Santé étant rue de Ségur, le ministre a appelé ça un ségur. Cette pseudo concertation lancée le 25 mai va durer un mois et demi. Plusieurs axes annoncés inquiètent déjà. Sur les salaires, le ministre n’a parlé que de les mettre « au moins à la moyenne européenne », mais pas pour tous ! Les syndicats craignent des augmentations au mérite, décidées par les directeurs d’hôpitaux… on se croirait au 19è siècle !

Le ministre a aussi annoncé une « souplesse » autour des 35h. C’est un grand danger qui guette. Augmenter le temps de travail ou faire bosser plus ou moins d’heure selon la surcharge, ça veut dire baisser les salaires et rendre encore plus incertain le quotidien du personnel. Et personne n’est dupe : aujourd’hui, c’est la Santé, et demain, c’est le temps de travail dans toute la fonction publique qui sera menacé d’augmenter.

Les soignants travaillent déjà bien plus que cela, mais les heures qu’ils ont en récupération, ils ne peuvent pas les prendre. En fait il faudrait réellement les 35h, le dégel et le rattrapage du point d’indice, avec une augmentation de minimum 300 euros pour tous et toutes.

S’il y a du boulot pourquoi ne pas recruter ? Former de nouveaux infirmiers et infirmières ? Sans parler des médecins hospitaliers qui gagnent moins que dans le privé pour des conditions de travail dégradées. Il n’y a qu’avec des nouveaux recrutements et plus de moyens que la qualité des soins et de la vie au travail sera plus importante.

PEM