Restructurations, délocalisations, licenciements Quelle stratégie pour contrer le patronat ?

En licenciant, les capitalistes adaptent leur main d’oeuvre selon leurs besoins. Aujourd’hui, le truc des patrons, c’est travailler plus. Un économiste allemand déclare ainsi que « pour préserver les emplois, il faut travailler 50h ». Et cet été, en Allemagne, en Belgique et France, les chantages aux délocalisations ou allongement du temps de travail des travailleurs se sont multipliés. Pour l’instant dans ces confrontations sociales, le rapport de force est en faveur des patrons. Comment le renverser ?

Article paru dans l’Egalité n°109

Défendre tous les emplois : comment ?

Le plus souvent, les salariés concernés par ces attaques essaient de réagir par des voies légales, des actions devant les sièges d’entreprises. Prenons l’exemple de Tati, dès janvier dernier à l’annonce de la faillite, les salariés s’étaient réunis en assemblée générale et avaient voté pour le maintien de tous les emplois et de tous les magasins. Le 5 août dernier, les magasins du groupe ont été repris par Fabio Lucci, avec 300 licenciements et 3 magasins fermés en France. Depuis aucune grève n’a été lancée par les syndicats et la bataille pour le zéro licenciement n’a pas été menée, les représentants syndicaux préférant négocier un plan social. Il aurait pu en être autrement. Les salariés de Tati avaient besoin de faire basculer le rapport de forces en leur faveur sans attendre la décision de justice. Dans la réalité, les directions des syndicats ont choisi chacun de soutenir un repreneur, « le moins pire » selon eux et ont lâché le mandat que les travailleurs de Tati avaient voté. En refusant d’organiser la lutte et de donner le pouvoir en assemblée aux travailleurs de décider, ils les ont dépossédés de leur grève et se sont substitués à eux. De fait, les salariés de Tati ont été désarmés.

Des assemblées générales régulières auraient permis que les collègues discutent et décident d’actions de popularisation auprès de la clientèle, de grève de tous les magasins ensemble pour montrer que, sans eux, Tati n’est rien qu’un tas de vêtements. A l’approche de la décision, une grève avec occupation du magasin aurait permis de hausser le ton et d’être prêts à réagir face au plan de licenciements du repreneur. L’appel à la solidarité ouvrière auprès des salariés de Fabio Lucci, le repreneur, aurait élargi la lutte, car inévitablement, ils vont payer aussi pour cette restructuration. Les travailleurs auraient pu envisager d’appeler les autres secteurs à les soutenir par des manifestations et pourquoi pas la fermeture de tous les magasins alentours pendant une journée ?

Dans chaque entreprise attaquée ainsi, l’organisation d’assemblées générales des travailleurs syndiqués et non syndiqués est primordiale, les décisions de revendications et d’actions pour y parvenir doivent y être discutées et votées. Chaque lutte doit être soutenue par les syndicats qui la relayent dans leurs structures et la popularisent. C’est un exemple pour les autres entreprises et le seul moyen de retrouver la confiance dans le fait de lutter. C’est à ces conditions que les travailleurs pourront développer la solidarité ouvrière concrètement et unifier leurs revendications dans l’action commune.

Combattre les délocalisations

Non contents de diviser les travailleurs par le chômage, à l’échelle mondiale, les capitalistes mettent de plus en plus en concurrence les travailleurs du monde entier. Licencier, délocaliser, sous-traiter sont inhérents au capitalisme. Partout, pourtant, les travailleurs tentent de défendre leurs emplois et leurs acquis. Dans le cadre des menaces de délocalisations, ils n’ont rien à gagner à s’opposer à un autre travailleur d’Europe de l’Est ou d’Asie. Des initiatives européennes ont déjà été prises par le passé comme les marches contre le chômage ou des manifestations se rejoignant à la frontière. C’était un début mais face à l’ampleur mondiale de l’offensive patronale, il faut frapper plus fort, se mettre en grève et refuser toute délocalisation. Pour garantir ce maintien, seule l’occupation de l’entreprise et des piquets de grève empêcheront les patrons d’enlever les machines. Le contact avec les syndicats du pays de la délocalisation est aussi un moyen de développer la solidarité internationale des travailleurs en annonçant les salaires en France, les conditions de travail. Les travailleurs des autres pays aussi se battent pour leurs conditions de vie et seront contents de savoir combien est payé leur travail en France…

Organiser la lutte et l’étendre

Pour riposter face aux restructurations et aux licenciements, les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-même car les directions syndicales sont plus promptes à jouer la carte des plans sociaux que de construire la lutte. Bien entendu, la lutte ne garantit pas la victoire, et une victoire est souvent temporaire mais elle permet aux travailleurs de se battre, de ne pas gérer les licenciements individuellement. L’acquis principal d’une lutte, c’est l’union des travailleurs et le fait qu’ils sentent des intérêts communs à leurs mobilisations.

Cependant pour garantir une victoire définitive face à ces attaques, il faut plus qu’une journée commune de grève du secteur public et du privé. L’unification de tous les secteurs contre l’offensive patronale et gouvernementale mène à la question de revendications communes : contre tout licenciement, contre les bas salaires et la précarité, contre les coupes dans le secteur public et contre les privatisations. Sur ces bases, en décidant des mobilisations démocratiquement dans chaque secteur, une grève générale pourra se développer et stopper cette politique capitaliste.

Dans les expériences de lutte, d’occupation d’entreprises, les travailleurs réalisent leur rôle central dans la production. En cas de grève générale illimitée, la question de redémarrer l’activité pour le compte des travailleurs devient alors concrète. On voit qu’une gestion égalitaire, collective et démocratique est possible par les travailleurs sans chef ou patron, ce qui pose immédiatement la question du pouvoir.

–  Zéro licenciements

– Non à la casse des acquis sociaux

– Abrogation de la Loi Fillon sur les retraites. Pour une retraite pleine et entière après 37,5 annuités pour tous

– Abrogation de la réforme Douste-Blazy sur la Sécu. Pour une Sécu uniquement basée sur la solidarité. Accès aux soins gratuits pour tous

– Non aux privatisations

-Transformation des emplois précaires en CDI U Pour des budgets des services publics à hauteur des besoins

– SMIC à 1300 € 

– Embauche massive de personnels statutaires dans les services publics

– Pour une véritable baisse du temps de travail sans perte de salaire avec embauche équivalente

Par Dadou