Contre Hollande-Valls-Gattaz : La colère et le rejet de l’austérité n’ont pas fini de s’exprimer !

Le Havre, hommage aux dockers. L’artiste de street-art JR a pris parti pour la lutte contre la loi travail en réalisant cette fresque sur des dizaines de Containeurs (15 mètres de haut), saluant ainsi la classe des travailleurs en lutte, et montrant ainsi la solidarité présente dans de nombreuses couches de la population
Le Havre, hommage aux dockers. L’artiste de street-art JR a pris parti pour la lutte contre la loi travail en réalisant cette fresque sur des dizaines de Containeurs (15 mètres de haut), saluant ainsi la classe des travailleurs en lutte, et montrant ainsi la solidarité présente dans de nombreuses couches de la population

Le mouvement contre la loi « travail » a déclenché une vague de contestation historique contre le gouvernement PS et sa politique au service des riches. La colère exprimée pendant 4 mois a atteint des sommets, notamment le 31 mars et lors des grèves massives de la fin mai dans les Ports, les raffineries, et d’innombrables entreprises et services publics. La grande journée d’action nationale, le 14 juin, il y avait près d’un million de personnes dans les rues de Paris, avec des cortèges massifs des dockers, des centrales électriques, etc. Pour la seule ville du Havre, ce furent plus de 3000 personnes qui avaient fait le déplacement.
La détermination et l’envie de riposter n’ont pas baissé malgré la durée du mouvement, même si elles ne se traduisent plus pour le moment par la tentative de généraliser la grève.

Article paru dans l’Egalité n°178 juillet-aout 2016

Le sentiment de rejet de ce gouvernement, de sa politique, des injustices criantes qu’on voit au quotidien s’est renforcé et traverse des couches très larges de la société. Combien de classes encore fermées dans les écoles, de postes supprimés dans les hôpitaux, à la Poste, combien d’heures supplémentaires non payées dans les usines… Chacun voit que cette dégradation des conditions de vie et de travail ne peut pas continuer, que la société ne va pas s’améliorer avec la politique du gouvernement, bien au contraire. Le besoin et la volonté de changer les choses se sont renforcées et s’exprimeront certainement avec encore plus de ferveur après l’été.

Valls-Hollande sont tout seuls

Cela fait des mois qu’il se démène, mais le gouvernement n’y arrive toujours pas : tout le monde déteste la loi « Travail ».
Non seulement l’opposition à la loi est toujours majoritaire (à 67%), mais le soutien au mouvement l’est aussi. Les ministres (PS, tout comme les politiciens de droite et du FN), les journalistes du système, les uns après les autres, ont tout essayé pourtant : traiter les grévistes de voyous et de preneurs d’otages, manipuler les chiffres des sondages ou du nombre de manifestants, « charger » la seule CGT de tous les maux pour tenter de l’isoler… Et bien sûr, la répression encore et toujours : intimidation des manifestants, gazages et arrestations pour provoquer la colère, jusqu’à évidemment le 49-3 à l’assemblée. Ce qui en dit long sur ce dernier point, c’est que pour la première fois un gouvernement utilise le 49-3 non contre son opposition, mais pour empêcher les éléments incertains de son propre camp de s’exprimer.
Valls et Hollande peuvent mentir et parler de «minorité» à tout bout de champ, mais ils sont respectivement à 24% et 16% d’approbation… Alors, c’est qui la minorité !?

A droite, les républicains sont totalement démunis et ne savent plus où se placer pour apparaître un minimum comme une opposition au PS. Même la carte de la décrédibilisation de la CGT leur a été volée ! Ils sont paralysés dans leurs guerres intestines pour savoir qui sera le candidat aux présidentielles en 2017.
Le FN est tout aussi divisé. Marine Le Pen a bien tenté de populariser encore son image en se proclamant contre la loi et en allant jusqu’à dénoncer l’interdiction de manifester émise avant le 23 juin par le gouvernement. Mais tout cela ne cache qu’à moitié les divergences internes du parti et la presse a bien rapporté l’exigence de Le Pen de retirer les amendements apportés par les sénateurs et députés frontistes, qui aggravaient la loi Khomri pour les travailleurs.

Les médias de la désinformation

Dans les journaux télé et la presse officielle (dont 90% appartiennent à des multinationales ou à des super riches comme Bolloré, qui a une fortune personnelle de plus de 11 milliards d’euros), on ne parle presque plus de « social », au profit de l’Euro de football ou du Tour de France. Le chômage est reparti à la hausse, mais on nous amuse avec les primaires de la droite et de la « gauche » dont tout le monde se fiche. Les manifestations ont même failli être interdites !

Et quand ces médias abordent le sujet, ce n’est jamais pour traiter le fond, mais pour faire ressortir des faits en jouant au scandale comme les deux idiots qui ont abîmé les vitres de l’hôpital Necker le 14 juin.

Le bris des vitres, c’était non seulement stupide mais aussi complètement contre-productif. Même casser les vitrines des banques, ce n’est pas certain que ça embête beaucoup les patrons – contrairement à une grève des employés. Mais là, c’était carrément du pain béni pour les médias au service du système (qui ont tous pu focaliser là-dessus au lieu de la manifestation). D’un autre côté, ça a permis à Valls de gagner le premier prix de l’hypocrisie ; lui qui s’est dit « révolté » d’un tel acte alors que c’est son gouvernement qui a prévu de couper le budget de 5 milliards dans les Hôpitaux publics d’ici à 2020. Ce gouvernement de menteurs ne sait plus quoi inventer pour chercher un minimum de soutien.

La rage au ventre est restée intacte durant ces mois. Les uns après les autres des secteurs de la jeunesse et de la classe ouvrière se sont relayés, pour faire refuser cette loi et toute la politique qui va avec. Malgré l’absence de discussion et de coordination entre les secteurs et de véritable plan d’action, la mobilisation a tenté de se construire. En réalité, le ras-le bol accumulé s’est transformé, devenant une force pour tenir.

Le début d’une lutte prolongée

Cela fait déjà plus d’un an que le nombre de luttes dans les entreprises va crescendo. Pendant tout le printemps, les grèves se sont multipliées s’appuyant sur le mouvement contre la loi travail mais revendiquant également pour les salaires ou les conditions de travail : le 14 juin, les travailleurs de Europe Service Déchets se mettaient en grève et occupaient trois sites dans le 91 pour le respect de leur convention collective, (notamment sur le temps d’habillage et l’entretien des tenues de travail), des augmentations de salaire de 300€, le paiement des temps de trajet… Les travailleurs et travailleuses d’Amazon ont, grâce à leur grève, arraché une petite augmentation de salaire à leurs vautours de patrons. Et contre la Loi Travail, les éboueurs étaient à nouveau en grève le 21 juin à Bordeaux. La liste est en fait très longue : entre 80 et 100 grèves chaque jour au mois de juin. Alors il va falloir désormais débattre de comment on va faire. S’il n’y a pas eu de grève générale mais un mouvement de colère généralisé, un soutien très fort dans la population, c’est certainement parce qu’une partie des travailleurs et des jeunes, qui soutient pourtant le mouvement, n’y ont pas cru. La question est donc, pourquoi ? Il a certainement manqué des éléments organisationnels pour renforcer la grève : assemblées générales régulières, discussions sur un plan d’action, collectif et national, dans les syndicats et les assemblées, intensification de l’agitation vers les secteurs non grévistes dans les entreprises et dans la rue.

L’existence d’une caisse nationale de grève devrait également être plus utilisée. Les assemblées générales en nombre insuffisant, pas assez systématique, ont été une grande faiblesse du mouvement. Et cela n’a pas pu compenser le phénomène des « Nuits Debout » malgré une volonté de discuter souvent insuffisamment reliée à la construction du mouvement de masse des travailleurs et de la jeunesse. De telles assemblées auraient permis de mieux organiser notre défense face à la police et sa répression, et éviter à la fois les actes de destruction inutiles tout comme ne pas faire le jeu de Valls en opposant des catégories de manifestants. C’est de tout cela qu’il faut discuter pour préparer la suite. Car il va y en avoir une, de suite : la loi « travail » et le reste de la politique d’Hollande- Valls s’inscrivent dans une politique générale de privilégier les marges de profits des grands patrons et actionnaires, en accablant toujours un peu plusles travailleurs.

Et d’ores et déjà, les syndicats opposés à la loi« travail » (CGT, FO, Solidaires, FSU…) proposent de continuer les actions durant l’été (distributions de tracts, actions sur les péages, les festivals…) et de préparer une mobilisation à la rentrée. C’est de cela dont nous avons besoin : une grande journée de mobilisation largement préparée à l’avance afin de montrer qu’on ne lâche rien !

S’organiser pour lutter contre tout le système

La lutte amorcée autour de la loi El Khomri porte en elle toute la colère qui s’est accumulée depuis des années de politiques au service des riches : cadeaux fiscaux aux grands patrons, les scandales de corruption qui n’arrêtent pas les politiciens, les profits records alors que nos salaires couvrent à peine les besoins essentiels, la dégradation de l’ensemble des services publics… C’est contre toute cette politique, et au fond contre ce système, que luttent et que vont continuer à lutter des milliers de travailleurs et de jeunes dans la période qui vient.

Le mouvement a au contraire montré une fois de plus que ce sont bien les travailleurs qui sont utiles dans cette société, qui font tourner les transports, les hôpitaux, les écoles, les usines… et non la minorité de super riches qui se gavent sur notre dos. Ce mouvement a montré aussi le potentiel de l’unité dans la lutte des jeunes et des travailleurs avec ou sans emploi. Face à nous, les politiciens ne cessent d’étaler leurs divisions, les grands patrons gémissent que le gouvernement ne les écoute pas… C’est comme si la grande majorité de la population n’avait pas conscience de sa force réelle face aux super riches et aux capitalistes.

Tant pour préparer les luttes, soutenir celles qui vont se déclencher, que pour élaborer un véritable programme de défense des intérêts de la majorité de la population, nous avons besoin de nous organiser. C’est cela qui va pouvoir faire la différence dans les nombreuses batailles à venir. C’est le moment, contacte-nous !

Par Rachel Mahé & Alex Rouillard