En grève le 16 mai ! Et après, comment continuer ?

Raffarin pensait avoir joué un bon coup. Le choc des milliers de morts de la canicule de l’été 2003 lui avait permis de passer une nouvelle attaque : l’obligation de travailler une journée de plus pour soi-disant financer des mesures supplémentaires pour les plus âgés. Hélas pour lui, nombreux sont ceux qui voient que toute cela n’est que de la poudre aux yeux.

Article paru dans l’Egalité n°113

On assiste à une réelle montée de la colère sociale. Grève et manif de lycéens se succèdent, de nombreuses entreprises du privé (Carrefour, Citroën-Aulnay…) connaissent des mouvements de grève.

Le 10 mars des millions de travailleurs ont fait grève. Les salaires, les suppressions d’emploi, la lutte contre les attaques du gouvernement et les privatisations étaient les principaux motifs. Le gouvernement a alors déclaré qu’il ne changerait pas grand chose mais était prêt à discuter… Coté patronat, ce fut un accord pour une table ronde… le 10 juin !

Face à de telles marques de mépris, les dirigeants syndicaux ont claqué la porte et aussitôt appelé à une nouvelle journée de grève, proposant de continuer le lendemain si après celle-ci il n’y avait rien de neuf. En fait non, c’est ce qui aurait du être fait et cela aurait eu un écho immédiat. Mais certains bureaucrates syndicaux ont même trouvé des avancées en gagnant quelques dixièmes de pourcents dans les augmentations pour la fonction publique.

Des grèves qui préparent le terrain

En fait, les directions syndicales ont réussi à empêcher tout débouché au 10 mars. Les lycéens ont du continuer seuls, sans appuis de la part des directions syndicales de l’Education. La loi Fillon concerne tout le monde mais du coté de la Fsu, de l’Unsa… on ne voulait pas « manipuler » les jeunes. Ceux-ci sont grands, savent lire un projet de loi pourri et sont prêts à lutter jusqu’au bout ! A croire que le principal problème de ces bureaucrates était qu’ils ne pouvaient pas manipuler les jeunes en fait.

Et que dire des grèves comme celles de Carrefour, de la lutte contre la fermeture de Sediver (trois tentatives d’arrêt du four principal empêchées par les ouvriers) à Saint-Yorre. Laissées dans l’isolement à chaque fois, elles montrent que les travailleurs sont prêts à lutter même le dos au mur. La colère monte et elle s’exprime dans l’action. Il lui manque un moyen d’obliger les directions syndicales à changer de pratique et sinon de faire sans celles-ci.

Tous en grève le 16 mai !

Contre la suppression du caractère férié du lundi de Pentecôte, les mots d’ordres de grève se multiplient. Ce 16 mai peut permettre une nouvelle grande journée de grève autour du refus de la politique du gouvernement et du patronat. C’est à cela qu’il faut contribuer, pour en faire une journée réellement combative.

Des directions de syndicats, par exemple celle de la CGT à la SNCF ont déjà capitulé en acceptant d’étaler cette suppression sur toute l’année. Mais la grande majorité des travailleurs la refusent tout court en n’allant pas travailler ce jour là. Le 16 nous pouvons faire une démonstration de force rassemblant jeunes, travailleurs du public et du privé etc. Des appels à l’action, notamment de fédérations CGT (Bâtiment, textile…) se multiplient.

Réussir à en faire une journée combative autour de nos revendications, c’est également annoncer déjà qu’on ira à la grève générale s’il le faut, si le gouvernement et le patronat refusent de nous donner satisfaction. Nous pouvons préparer cela lors des réunions syndicales, des assemblées générales, en entrant en contact avec les travailleurs des autres secteurs. Les syndicats rassemblent des millions de salariés qui sont prêts à lutter, nous devons mener bataille en leur sein pour faire du 16 une grande journée de lutte et préparer la suite.

Ce qu’il nous faut aujourd’hui face à l’inertie des directions syndicales, c’est un véritable parti de combat qui permettrait de discuter ensemble de la stratégie et des moyens de lutte à adopter, qui ne laisserait aucun secteur en lutte isolés. Un tel parti permettrait de défendre les revendications actuelles des travailleurs, et la perspective d’une société débarrassée du capitalisme et de la misère et de l’exploitation qu’il entraîne : une société authentiquement socialiste. Rejoins nous dans ce combat !

Par Alexandre Rouillard