Rentrée gouvernementale… Plein la gueule pour pas un rond

Malgré son impopularité, malgré le coup de semonce du CPE, le gouvernement Villepin-Sarkozy continue ses attaques. Il le fait pourtant prudemment, en avançant des pseudo-mesures «populaires», comme le chèque transport (qui ne concernera, s’il est mis en place, qu’une très faible partie des travailleurs).

Article paru dans l’Egalité n°121

La période est marquée par un appauvrissement constant de la classe ouvrière, dû à une énorme pression du patronat sur les salaires et les conditions de travail pour maintenir ses profits à tout prix. C’est ainsi que les plus grosses entreprises, celles du CAC 40, ont vu leurs bénéfices exploser : + 36% en 2004, + 30% en 2005, en maintenant une pression permanente sur les salaires et les emplois.

Les cadeaux au patronat se multiplient, avec dernièrement l’exonération de toute «charge patronale» pour les salariés payés au SMIC. Double conséquence de cette mesure : toute augmentation de salaire pour les smicards est exclue dans ce contexte et de plus, c’est une part du salaire indirect que constituent ces «charges» versées à l’Etat qui reste dans la poche des patrons. Rappelons que le total de ces cadeaux (les «exonérations» est de 22 milliards d’euros par an). Ils ne sont sans doute pas pour rien dans le fameux déficit de l’Etat, prétexte aux attaques contre les services publics et les fonctionnaires.

Les privatisations sont toujours en marche, avec d’abord celle de GDF, par le biais de la fusion avec Suez. Là encore, le gouvernement est prudent : avec déjà une augmentation de 30% en 2 ans du prix du gaz, les usagers ne pardonneront pas de nouvelles augmentations, inévitables pour satisfaire les profits des patrons et des actionnaires en cas de privatisation. De plus, les travailleurs de GDF rejettent massivement cette privatisation et sont prêts à se mobiliser. Les services publics sont toujours dans la ligne de mire, avec encore 15 000 suppressions d’emplois de fonctionnaire cette année.

Sarkozy veut aussi s’attaquer au droit de grève, voulant mettre en place des votes à bulletin secret dans les entreprises pour décider des grèves, pour casser toute dynamique de lutte et les rendre illégales.

La précarité progresse constamment, y compris dans le secteur public. Par exemple, le gouvernement supprime 8 000 postes d’enseignants, mais embauche des Emplois Vie Scolaire, contrats précaires de 26 heures payés au SMIC pour une durée de 2 ans. Et ça s’appelle des «contrats d’avenir»! Dans l’Education, c’est la loi Fillon qui est appliquée par Robien, dans un contexte de restriction budgétaire. A la clé, sélection renforcée et difficulté de plus en plus grande pour la jeunesse issue de la classe ouvrière à suivre des études. Sarkozy annonce d’ailleurs vouloir interdire l’entrée en 6ème aux élèves qui ne savent ni lire, ni écrire, alors que son gouvernement supprime les moyens, en particulier en ZEP.

Fichage et répression se généralisent. Les fichiers STIC, ELOI, permettent ainsi le fichage des militants politiques, syndicaux ou simplement associatifs. C’est maintenant dès l’école maternelle que nous serons fichés avec le système « Base élèves », gigantesque base de données reliée directement à l’administration centrale, qui nous suivra depuis notre enfance, en donnant des renseignements aussi anodins que la nationalité et la date d’arrivée en France. On voit bien qui pourra tirer profit de telles informations.

Les sans-papiers sont justement soumis à une répression renforcée avec l’application de la loi CESEDA de Sarkozy. Celui-ci en rajoute dans sa démagogie populiste et raciste, expulsant ainsi de leur logement les travailleurs étrangers (car ceux-ci avaient pour la plupart un emploi légal… et des papiers!) qui squattaient à Cachan. Et partout les arrestations et expulsions continuent, que ce soit dans des rafles où aux guichets des préfectures.

Face à de telles attaques, les travailleurs doivent réagir. Mais ils sont désarmés, aussi bien par l’absence d’un parti des travailleurs que par l’inertie des directions syndicales. Il n’y a qu’à voir la façon dont celles-ci «organisent» la riposte à EDF-GDF: une journée de grève isolée, sans revendication claire contre la privatisation et sans perspective. Les bureaucrates politiques et syndicaux n’ont plus qu’un objectif: celui des élections de 2007. Pas question de nous laisser endormir: seules nos luttes peuvent faire barrage aux attaques de ce gouvernement.

Par Pascal Grimbert