Loi Sécurité globale : l’arbre qui cache la forêt

L‘article 24 de la loi dite de « sécurité globale » a déclenché une vaste indignation, avec des manifestations de dizaines de milliers de personnes dès novembre dernier. Le gouvernement a été forcé de feinter une reculade avec sa « réécriture », pour finalement mettre un article du même ressort dans la loi « séparatisme »… qui va donc passer pendant le même temps.
Même si l’article 24 a été le centre de l’attention, le texte est en fait intégralement protecteur de la police. En matière de données, elle aura tous les droits puisque le texte prévoit de généraliser « le régime des caméras individuelles » et le fait de filmer par voie aérienne. Elle est libre de fournir des images (non floutées et dont elle seule a le contrôle) à notre encontre, nous non. Le budget de la « sécurité » a été augmenté de plus d’un milliard d’euros et le recrutement de 10 000 policiers a été lancé pour 5 ans.
Toujours dans le cadre de renforcement des moyens, les policiers pourront porter leur arme hors service, dans les établissements accueillant du public. Donc finalement, partout ils pourront user de leur arme, en service ou hors service sans jamais être questionnés. Bien des policiers ne seront donc pas « au service de la loi » mais au-dessus d’elle, avec tous les dangers d’abus de pouvoir que cela renforce.
Cette politique n’a rien de nouveau. Le but est double : renforcer le côté répressif et limiter la possibilité de contestation d’une politique qui pourtant développe « l’insécurité » en faisant plonger toujours plus de familles dans le chômage ou la misère, facilitant les licenciements…

Manifestation contre la loi sécurité globale à Paris le 28 novembre 2020

Déléguer la « sécurité » au privé

La loi prévoit le renforcement de la sécurité privée comme « partenaire » de la sécurité publique. Même ce secteur est géré comme une entreprise ! On a déjà vu des agents de sécurité utilisés pour forcer des piquets de grève (comme celui des femmes de ménage de l’Hôtel Ibis à Paris), et s’ils peuvent disposer d’armes à feu, cela permettra à encore plus de patrons de les utiliser comme une milice pour intimider les luttes et les grèves.
Les patrons se préparent, avec tout l’appui possible du gouvernement, à une situation plus tendue. Pas étonnant en période de crise économique la plus importante depuis près d’un siècle. Ils savent que des révoltes importantes vont arriver.
C’est pour cela que cette politique est dangereuse pour les travailleurs, elle veut nous empêcher de nous défendre.

Comment stopper tout ça ?

Même si la majorité de la population est pour la liberté d’expression, de manifestation, etc., cela ne va pas automatiquement les faire entrer en lutte pour empêcher cette loi de passer. Finalement, loi de sécurité globale ou pas, ça ne va pas changer grand-chose au quotidien pourri des travailleurs et de la majorité des habitants du pays. Par contre, des lois comme la loi « Travail » ou la casse des retraites avaient entraîné des couches massives de jeunes et de travailleur-ses dans la lutte, justement car elles avaient un impact majeur sur leurs vies.
Il est indispensable que la lutte contre la politique autoritariste ne se limite pas à la seule loi, qui n’est qu’un des aspects de la répression, mais bien aux causes de celle-ci. La répression elle-même n’est pas une politique en soi. Il s’agit bien pour les capitalistes de faciliter l’exploitation des travailleurs pour augmenter leurs profits. Ce qui est, d’ailleurs, le seul souci de Macron-Castex depuis le début.
Notre objectif, c’est d’en finir avec toutes les injustices, pas seulement la répression et les violences policières, même si celles-ci nous révoltent. Et cela signifie en finir avec le capitalisme, où une toute petite minorité parasite exploite brutalement la majorité de la population. Face aux capitalistes et à leurs milices, il n’y a aucune force plus grande que celle de la classe ouvrière, unie dans un mouvement de masse pour transformer la société et en finir avec la dictature du profit, en luttant pour le véritable socialisme démocratique.

Par Cécile Rimboud