Quelle alternative à gauche du PS ?

PCF, LO et LCR s’acheminent chacun vers une candidature de leur organisation aux présidentielles de 2007. Contrairement à ce que pourraient souhaiter de nombreux jeunes et travailleurs, il n’y aura donc pas de candidature anticapitaliste « unitaire ». Certains trouvent que cela représente une division dommageable. Quoi d’étonnant ? Ce sentiment repose surtout sur la compréhension qu’il n’y a pas de représentation suffisamment forte face aux politiciens pro-capitalistes.

En fait, la candidature aux présidentielles de 2007, ce n’est que le détail visible du problème. C’est bien l’absence d’un nouveau parti des travailleurs qui se voit ainsi. Un parti que ni le PCF, ni LO ni la LCR ne peuvent prétendre être. Cette absence de parti pourra peut être même jouer des tours aux prochaines élections. Si la pression exercée par Sarkozy sur la scène politique s’accentue, la peur de voir une victoire de ce politicien symbole de l’ultra libéralisme sécuritaire et raciste va grandir. La tentation de voter pour le candidat de moindre mal, donc du PS va être de plus en plus forte, pouvant même marginaliser toutes les candidatures des partis anti capitalistes. C’est déjà ce qui s’est passé aux élections de 2004 où LO et la LCR ont perdu tous leurs élus.

Combien d’opportunités à rater encore ?

L’année 2005 l’a montré, les travailleurs sont désarmés face au gouvernement et aux patrons qui dominent l’ensemble du débat politique. Mais en même temps, ils n’hésitent pas à lutter quand c’est nécessaire. L’année 2005 a été marquée par un nombre croissant de grèves combatives, de plus longue durée qu’auparavant. Mais ces luttes n’ont pas de prolongement sur le terrain politique. Les organisations anti capitalistes vont-elles continuer à laisser aux travailleurs le faux choix entre deux partis, le PS et l’UMP, qui gèrent le capitalisme ? Le risque grandit que les travailleurs soient tellement dégoûtés que le fatalisme, la résignation ou l’écœurement l’emportent sans plus de perspectives.

Mais ce n’est pas une simple candidature  » unitaire  » à gauche du PS qui réglera les choses. Ce qui manque, c’est une stratégie pour construire un nouveau parti contre le capitalisme, un parti qui se tourne vers les luttes et les aide à s’organiser. La candidature aux présidentielles ne serait qu’un élément de sa construction.

La LCR dit d’un côté qu’elle veut un « front commun de toute la gauche sociale et politique contre le gouvernement ». Pour faire quoi et comment ? La LCR ne formule rien de précis. Pourtant, les partenaires de ce front sont largement opposés à des orientations comme la nécessité d’une grève générale pour stopper le gouvernement, la renationalisation de tous les services publics privatisés (donc y compris ceux qu’ils l’ont été par des municipalités PS-PCF). Les travailleurs apprécieraient certainement qu’un débat public ait lieu là dessus.

En même temps, la LCR a déclaré refuser de discuter avec le PS d’un programme de gouvernement. Ça peut paraître radical, c’est surtout incohérent. Si le PS peut être un partenaire pour les luttes, pourquoi serait il impossible de se confronter à lui quant à un programme de gouvernement ? En espérant que la proposition de  » front  » vise à démasquer le PS dans les luttes, pourquoi ne pas prolonger cette tactique en confrontant des programmes de gouvernement ? De nombreux travailleurs pourraient là aussi comparer. A moins que la LCR, par cette esquive, évite ainsi d’avoir à préciser sa vision du socialisme et les nécessaires ruptures que cela obligera à avoir avec la direction du PS et du PCF.

Le PCF veut bien discuter de tout, mais manœuvre pour que sa propre candidature ait l’air de rassembler tout en restant sous son contrôle. En définitive, c’est rester dans ses alliances classiques avec le PS. Le PCF n’a aucune envie de gouverner sur un programme qui affronterait directement et complètement le patronat. Et il a encore moins envie de rompre une alliance avec le PS qui lui garantit de nombreuses municipalités. Officiellement il est pour un  » dépassement  » du capitalisme, dans la réalité, il espère maintenir ses positions électorales en essayant de limiter les dégâts du capitalisme. Au bout du compte, cela n’empêche rien, ni les licenciements, ni le chômage, car la société d’exploitation reste en place. Quant à LO, son refus de toute initiative laisse ce jeu inchangé.

On n’est pas obligé d’accepter ça !

Nous avons dit et répété dans l’Egalité que ce jeu finirait par être lassant pour les travailleurs. Lors des élections de 2004, malgré les figures médiatiques d’Arlette Laguiller pour LO et d’Olivier Besancenot pour la LCR, l’absence de perspective à l’après alliance électorale LO/LCR a vu un retour massif au vote pour le moindre mal. Le référendum du 29 mai a confirmé une fois de plus que les politiques de gestion du capitalisme, que mènent le gouvernement actuel ou que veulent mener le PS et les Verts, sont rejetées. Mais l’absence de parti pour que commencent à s’organiser les travailleurs et les jeunes les plus radicalisés, limite cette contestation à des coups d’éclats.

Pourtant c’est dès maintenant que se pose la question d’un parti, pas seulement pour les élections de 2007. Sur une plateforme de mesures d’urgence sur les salaires, pour les services publics, un logement pour tous… il pourrait aider à construire les luttes, à ne pas les laisser isolées comme aujourd’hui. Il permettrait de poser la question d’une véritable alternative au capitalisme : une société socialiste, démocratique, où l’économie sera organisée par les travailleurs pour la satisfaction des besoins de tous. On peut comprendre un certain pessimisme, mais ne pas lutter, c’est être sur de perdre, c’est dès aujourd’hui que vous pouvez nous rejoindre, n’hésitez plus !

Par Alex R, article paru dans l’Egalité n°117