Pourquoi nous faut-il une révolution ?

L’ensemble des sociétés a reposé et repose sur des rapports entre plusieurs classes aux fonctions différentes dans leurs systèmes économiques et politiques. Il y a eu au Moyen âge ceux qui priaient, ceux qui combattaient et ceux qui produisaient, puis aujourd’hui il y a ceux qui possèdent, dirigent et ceux qui travaillent. Lorsque les oppositions deviennent trop fortes entre ces différentes classes, c’est à dire lorsque leur rôle n’est plus adapté au système politique, une nouvelle forme plus appropriée de système émerge : c’est une révolution.

Article paru dans l’Egalité n°108

Sur quoi repose le système capitaliste ?

Le système économique capitaliste repose sur une division économique entre la classe minoritaire bourgeoise qui possède les moyens de production et les travailleurs majoritaires qui vendent leurs forces pour vivre en travaillant. Les intérêts de ces deux groupes sont clairement opposés.

Ce système profondément inégalitaire se maintient grâce à un Etat. Son premier rôle est d’installer une force armée pour contrôler et former une élite pour diriger. L’Etat bourgeois repose sur une grande illusion : faire croire qu’il est au dessus des classes sociales, qu’il existerait pour aplanir, égaliser les contradictions entre les travailleurs et le patronat. Cette illusion s’est construite sous la pression des luttes, quand les travailleurs demandaient leur dû. A chaque grande lutte pour des conditions de vie décentes, l’Etat bourgeois a été contraint de lâcher des droits démocratiques et sociaux.

Le combat pour une société réellement démocratique !

Cependant le masque « démocratique » des Etats bourgeois tombe très rapidement. Dans les situations tendues, de grèves de masses, de guerres comme après la guerre d’Algérie ou en mai 68, le rôle premier de l’Etat capitaliste prend le pas, il réprime et fait tout pour maintenir les profits des plus gros. Et à chaque fois, de moins en moins de travailleurs croient en cet Etat. L’illusion tombe pendant les périodes de luttes. Dans chacune d’elles, les travailleurs ont joué un rôle particulier et déterminant pour démêler le vrai du faux, pour ne pas tomber dans les pièges des divisions nationales lors des guerres, ou de la division sociale lors des grèves.

Le rôle des travailleurs

Lorsque les électriciens font des coupures, lorsque des travailleurs bloquent leur entreprise, on comprend tout de suite qui est indispensable pour faire tourner la société. On ne peut en dire autant de Seillères et Raffarin-Sarkozy. Cette indépendance qu’a le monde du travail pendant ces luttes s’explique car les travailleurs n’ont aucun intérêt à défendre ce système qui les exploite. L’idée qu’une autre société est nécessaire a émergé de ces luttes. Pour garder cette indépendance vive et mener la lutte pour une société basée sur les besoins et non pas les profits, les travailleurs se sont forgés des outils indépendants des partis bourgeois : des syndicats et des partis ouvriers.

Ni réformes, ni grand soir

Nous le voyons chaque jour, les Etats capitalistes n’hésitent pas à réprimer, à utiliser la force pour maintenir leur domination. Aujourd’hui, de nombreux pays sont au bord de l’implosion, de la révolte ou de la guerre. Le capitalisme est arrivé à un stade de développement tel qu’il doit gâcher une partie de ce qu’il fait produire mondialement pour perdurer tout en affamant une partie de la population mondiale. L’absurdité est totale.

Face à cela, la révolte gronde un peu partout. D’un côté, les plus révoltés voudraient tout faire péter, s’attaquer aux plus puissants et les remplacer. D’une autre manière, certains espèrent effacer l’aspect le plus inhumain du système capitaliste mondialisé en réglementant le capitalisme pour détourner les effets. Pour nous, il s’agit de leurres. L’Etat capitaliste est conçu pour défendre les intérêts des capitalistes. Les capitalistes ont confisqué le pouvoir et le défendent avec violence. Pour imposer une société réellement démocratique basée sur les besoins de tous et non plus d’une minorité, une société des producteurs, gérée par eux-mêmes, il faudra un changement radical, une révolution qui s’en prenne à l’appareil d’Etat et le détruise.

Pour une révolution socialiste !

Toute révolution, en s’attaquant au système, implique de savoir par quoi le remplacer et comment. Pour mettre fin au capitalisme, il faut s’attaquer au fondement du système : l’exploitation. Et seules des luttes massives et décidées peuvent y arriver et mener à une révolution. Il faut une force radicalement capable d’impulser ce changement. Seuls les travailleurs ont la capacité de le faire pour l’ensemble de la société : ils produisent déjà les richesses, ont les savoir-faire. Il faut donc un mouvement ouvrier organisé. En effet, une grande partie des travailleurs comme le reste de la population subit tous les jours l’organisation de leur vie en fonction des besoins de cette société : temps de travail, logements, modes de vie… Ces mensonges doivent tomber. Pour que les luttes soient décisives, les travailleurs doivent être conscients de leur rôle dans la construction d’une société alternative au capitalisme. La construction d’un parti qui puisse coordonner et impulser ces batailles décisives dans les syndicats, dans les quartiers est incontournable. Ce parti doit être révolutionnaire pour organiser les travailleurs indépendamment et relier avec son programme toutes leurs batailles à la perspective d’une société socialiste. C’est par la lutte, en organisant eux-mêmes leurs grèves que les travailleurs réalisent qu’ils sont capables de gérer la société eux-mêmes. En discutant et décidant ensemble dans des assemblées décisionnelles de la production, de la gestion de la société, on apprend progressivement comment satisfaire les besoins de tous et de chacun.

Par Leïla Messaoudi