Pour un programme d’urgence pour les victimes de la Nouvelle Orléans !

La façon dont l’administration Bush a traité le phénomène naturel de l’ouragan Katrina est une parfaite illustration de l’incapacité du capitalisme à répondre aux besoins, et elle constitue surtout un parfait exemple du fonctionnement de la société capitaliste. Aussi est il incorrect de parler de catastrophe naturelle tant les pertes humaines sont avant tout la conséquence d’une série de choix politiques menés au profit des capitalistes.

Article paru dans l’Egalité n°115

La Nouvelle Orléans est située en dessous du niveau de la mer, les digues ne pouvaient que tenir face à un ouragan de niveau 3 car elles étaient déjà fragilisées. Il était bien question de les renforcer mais les budgets nécessaires ont tous été coupés. Sur les cinq dernières années le budget pour la prévention d’une inondation à la Nouvelle Orléans a été amputé de 70 millions de dollars. Une des raisons est sans doute à chercher dans la sélection sociale géographique : les quartiers de la population aisée sont dans la ville haute et ont été en définitive peu touchés par rapport à la basse ville où les habitations des pauvres ont été complètement submergées.

Une autre est à chercher dans l’augmentation du budget pour l’armement et le financement de la guerre en Irak, lequel se chiffre en milliards de dollars…Les capitalistes avaient d’autres objectifs et intérêts que la protection des bas quartiers.

« Le cauchemar américain »

Face à l’annonce de l’ouragan et de sa force, l’administration Bush n’a su que démonter son inertie complète. Le message était simple : « Prenez votre voiture et tirez-vous ! ». Les pauvres, les invalides, ou bien simplement les hospitalisés, eux n’avaient qu’une alternative : le stade ou le toit de la maison ! Outre le fait que tous les services publics qui auraient pu prendre la charge d’organiser l’évacuation de la ville ont été patiemment cassés par une série de restrictions budgétaires drastiques, ce que les événements ont démontré c’est que les classes dirigeantes sont prêtes à laisser mourir comme des chiens des dizaines de milliers de gens ! Pourquoi, alors qu’ils envoient maintenant des gardes nationaux pour protéger la propriété privée des pillages , ne les ont-ils pas mis au service de l’évacuation de ceux qui n’avaient ni voiture ni argent pour partir ?

Le fonctionnement du capitalisme est ici mis à nu : toute une partie de la population est maintenue dans une telle situation de précarité qu’elle n’a même pas de quoi protéger sa vie et va servir désormais de gibier aux gardes nationaux chasseurs de « pillards » si pour survivre elle se sert elle-même dans les magasins. Les médias ont beau jeu de présenter les pauvres rescapés de la basse ville, notamment les noirs, comme de dangereux criminels se livrant à des pillages ! Les vrais criminels sont ceux qui ont laissé à l’abandon ces êtres humains, considérant la vie d’un pauvre, quelque soit sa couleur mais encore plus s’il est noir, chose négligeable face au développement des profits et de la croissance économique.

Solidarité ouvrière !

Le gouvernement et le patronat ne feront rien sinon envoyer comme une gifle une aumône aux rescapés pour qu’ils se taisent et pour tenter de calmer la colère qui monte contre Bush. Car de plus en plus de personnes font le lien entre le désastre humain, les coupes budgétaires, les cadeaux aux riches et la guerre en Irak. C’est l’ensemble de la classe ouvrière et des pauvres qui souffre depuis des décennies de la politique de casse des budgets sociaux ; des bas salaires, de la précarisation, des licenciements massifs.

Dès aujourd’hui des manifestations massives dans toutes les villes contre ces responsables doivent construire un rapport de force et regrouper les jeunes et les travailleurs autour de mots d’ordre clairs exigeant toute une série de financement de l’Etat fédéral : entre autre une compensation complète aux victimes, 500 $ par semaine pendant trois ans pour tous ceux qui ont perdu leur travail, des emplois décents (400000 emplois perdus dans la catastrophe), un programme public de grands travaux de reconstruction, des logements publics décents à loyer modéré, l’accès gratuit à tous les services de santé, la fin de l’occupation en Irak…

Mais pour que l’aide arrive véritablement à ceux qui en ont besoin, il faut l’arracher des griffes des bureaucrates et des politiciens au service des entreprises. Car ce n’est pas seulement Bush qui est en cause, c’est l’ensemble du système capitaliste et tous ceux qui le servent aux Etats Unis, républicains comme démocrates. Les travailleurs et les jeunes ne peuvent compter que sur leurs forces et leur camp. C’est donc à des comités locaux élus de travailleurs rescapés que doit revenir la tâche de contrôler la distribution de l’aide et la reconstruction.

Plus que jamais ce système a fait la preuve de son fonctionnement oppressif. Plus que jamais son renversement s’impose comme une exigence, pour enfin arriver à une société où le fait d’être d’une certaine couleur ou d’une certaine origine sociale ne signifie plus une condamnation à la misère et à l’exploitation. Plus que jamais nous devons construire la perspective du socialisme.

Par Geneviève Favre