Selon les sondages jusqu’à 25% des électeurs envisagent de voter pour l’alliance électorale entre le WASG (alternative électorale-emploi et justice sociale) et le Linkspartei (parti de gauche, nouveau nom du PDS) aux élections législatives le 18 septembre.
Article paru dans l’Egalité n°115
Cela signifierait que cette alliance deviendrait la troisième force à l’assemblée nationale et même un score autour des 10% signifierait un tremblement de terre politique pour la classe dirigeante en Allemagne.
Le WASG a été créé en 2004 par des syndicalistes, en réaction à la politique néolibérale du gouvernement Schröder et la transformation complète du SPD en parti bourgeois. Il exprime la radicalisation de la classe ouvrière allemande et les luttes des travailleurs et des chômeurs contre le gouvernement et le patronat. Depuis sa création, cette nouvelle force politique connaît un succès énorme. Elle est vue par des milliers de travailleurs et de jeunes comme véritable alternative aux partis établis. L’adhésion d’Oskar Lafontaine, ex-ministre de l’économie sous Schröder avec une réputation de gauche, a donné au WASG une envergure nationale. Le nombre de membres a crû de 6.000 à 10.000 ces derniers trois mois.
Dans son programme, le WASG rejette la politique néolibérale et veut se battre pour des réformes en faveur des travailleurs : extension des services publics, réduction du temps de travail, abolition des lois anti-chômeurs (Hartz IV), etc. Mais pour résoudre tous les problèmes, son programme se prononce pour l’intervention de l’état capitaliste dans l’économie (Keynésianisme). Il ne met nullement en cause le fonctionnement du capitalisme. Les dirigeants comme Lafontaine créent ainsi l’illusion qu’un capitalisme social et humain est possible. Par conséquent, ils font tout pour éviter que le WASG s´implique fortement dans les luttes des travailleurs et soit prêt à s´en prendre aux capitalistes en devenant un parti combatif.
Alliance électorale et nouveau parti de gauche
A l’origine, une autre raison pour la création du WASG était l’opposition à la politique du PDS, ancien parti stalinien, qui participe à deux gouvernements régionaux en Allemagne de l’Est avec le SPD et met en place des attaques contre les travailleurs et les chômeurs. Malgré cela, et malgré le potentiel énorme pour une candidature indépendante, la direction du WASG s’est déclarée d’accord avec une candidature commune et leurs membres vont se présenter sur des listes du Linkspartei/PDS. En même temps, les deux directions ont engagé un processus de discussions concernant une fusion des deux forces après les législatives. Il est clair qu’un bon score de cette alliance électorale peut accélérer ce processus et la création d’un nouveau parti de gauche est possible. Mais sur quelles bases ? Avec quel programme ?
Perspectives pour le WASG
Alors que la direction nationale du WASG est prête à fusionner avec le Linkspartei/PDS sans principe et de devenir gestionnaire de « gauche » du capitalisme, les discussions à la base sur le programme et l’orientation continuent. La section de Berlin, par exemple, a décidé de se présenter contre le Linkspartei/PDS aux élections régionales en 2006. Si le WASG continue à attirer des travailleurs et des jeunes radicalisés et si les luttes massives contre le nouveau gouvernement se développent, la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs de combat, la question de son programme et le rejet de tous les partis pro-capitalistes (y compris le Linkspartei/PDS) seront au centre des discussions au WASG.
Dans ce processus, l’attitude et l’intervention des courants de gauche vont jouer un rôle important. Les membres de SAV (Alternative socialiste, section sœur de la Gauche révolutionnaire) font partie de WASG, le construisent activement dans les campagnes électorales et dans les luttes des travailleurs et des jeunes. Au sein du WASG, SAV se bat pour des structures larges et démocratiques, pour s´orienter vers les luttes afin d’organiser plus de travailleurs et jeunes radicalisés et mène la bataille pour un programme socialiste.
Par Olaf van Aken