Le Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) a été fondé en avril 1974 à Londres. L’arrière-plan politique était marqué alors par une radicalisation en Europe et à l’échelle mondiale, par des événements révolutionnaires (comme la révolution des oeillets au Portugal en 1974), par des mouvements de masse de la jeunesse et une polarisation dans les partis ouvriers et les syndicats.
Article paru dans l’Egalité n°107
A l’époque, l’influence des partis traditionnels de la classe ouvrière, sociaux démocrates et staliniens, était énorme sur l’ensemble des travailleurs, dans les entreprises et les syndicats. Les organisations trotskistes depuis leur début se posent la question de comment s’adresser à cette majorité des travailleurs. De nombreux débats ont traversé le mouvement révolutionnaire concernant l’analyse des pays staliniens, les moyens de développer les luttes anti-impérialistes et les idées socialistes (guerre du Vietnam, Amérique latine… etc.)
Qu’est ce que le CIO ?
Des divergences nombreuses sont apparues sur ces questions cruciales. Au coeur de notre désaccord étaient le refus des raccourcis politiques pour renverser les gouvernements, le refus de masquer ses idées socialistes et la ferme conviction que la classe ouvrière est la seule force, dans la société, capable de renverser le capitalisme.
Les fondateurs du CIO, des trotskistes britanniques, ont considéré que l’implantation au sein de la classe ouvrière était cruciale ainsi que la création d’une réelle Internationale donnant les moyens de coordonner et amplifier les analyses et le programme marxistes. Présents à l’intérieur des partis sociaux démocrates, le travail des camarades a toujours été public et indépendant (réunions de notre organisation, journaux, tracts, …). Sur cette base, et à partir de la section britannique, le CIO s’est développé dans d’autres pays d’Europe et du monde néocolonial.
Une internationale forte de ses expériences
En tant que marxistes, nous cherchons toujours à démontrer la validité de nos analyses pour faire avancer la lutte des classes en faveur des travailleurs. La section britannique par exemple (aujourd’hui Socialist Party) a organisé et dirigé des mouvements de masse en Angleterre. Entre 83 et 87, elle avait (à l’époque en tant que tendance Militant, fraction marxiste dans le parti travailliste) la majorité au conseil municipal de Liverpool. Soutenu par la mobilisation de travailleurs et des jeunes, Militant a appliqué une politique communale en faveur des travailleurs: réduction du temps de travail, construction des HLM, etc.. Cette politique avait pour but de donner les armes pour se confronter directement au gouvernement réactionnaire de Thatcher. Entre 89 et 92, ce combat s’est prolongé et amplifié avec la lutte contre la Poll Tax. Militant a dirigé ce mouvement massif contre une taxe par personne fixe indépendante du revenu, qui a entraîné la démission du gouvernement Thatcher.
Après la chute du Mur de Berlin, une période de reculs pour les travailleurs s’est développée, le CIO a su analyser ces changements, se maintenir et même développer des sections dans de nombreux pays notamment en Russie. Les années 90 ont donc été cruciales pour le CIO. La collaboration des partis traditionnels à la gestion du capitalisme les a transformés en partis bourgeois au service du patronat (Labour party devenu le New Labour, le SPD en Allemagne ou le PS en France). Ce phénomène s’est accéléré avec la chute du Mur et la disparition d’une alternative de masse au système capitaliste. Notre courant a décidé alors d’exister en organisations marxistes indépendantes solides pour renforcer l’émergence de véritables courants et nouveaux partis des travailleurs. En 1992, cherchant à donner des outils de lutte à la jeunesse, les sections européennes du CIO ont organisé une grande manifestation antiraciste à Bruxelles avec 40 000 participants. C’est à cette époque que la Gauche révolutionnaire a pris contact avec le CIO. Les idéologies racistes et fascistes prenaient alors un nouvel essor dans de nombreux pays sur le terreau de la crise économique et du chômage. En reliant la question du racisme à son origine : le capitalisme, nous avons lancé “ Jeunes contre le racisme en Europe” (JRE) qui a mobilisé des milliers de jeunes contre les fascistes et les politiques racistes et antisociales des gouvernements à travers de l’Europe.
Le CIO à l’offensive !
Notre Internationale se considère comme une seule organisation révolutionnaire internationale avec un échange vivant entre les sections différentes. Grâce à cette orientation en direction de la classe ouvrière, à l’intervention concrète dans les luttes et à son programme et ses perspectives claires, le CIO a réussi à construire une véritable organisation mondiale. Elle est aujourd’hui présente dans 38 pays et sur tous les continents avec des sections importantes par exemple au Sri Lanka et au Nigeria.
L’approche internationaliste et les campagnes internationales étaient et sont cruciales pour notre travail. Elles le sont plus que jamais dans la situation de crise économique actuelle du capitalisme. C’est une situation plus ouverte aussi pour les idées socialistes. Nos militants sont aujourd’hui investis dans le mouvement anti-mondialisation, le mouvement anti-guerre, et dans la reconstruction et la réorganisation des travailleurs en s’investissant dans des mouvements de grève, des luttes contre la casse des acquis sociaux et la reconstruction des syndicats sur une base combative.
Le manque d’une alternative politique face aux attaques patronales est criant, le CIO se bat concrètement pour la création des nouveaux partis des travailleurs qui pourront réellement organiser la classe ouvrière et la jeunesse et ce, partout dans le monde. Dans les luttes, l’idée d’une alternative socialiste gagnera du terrain. Une nouvelle génération de militants émerge et peut en être convaincue. Dans ce processus de reconstruction du mouvement ouvrier; le CIO défend ainsi la nécessité d’un programme socialiste et des structures démocratiques et ouvertes pour un tel nouveau parti des travailleurs. Le CIO veut aider à construire des organisations ouvrières puissantes qui vont établir un monde sans guerre, exploitation et misère – un monde socialiste.
Par Olaf van Aken