150 ans de la Commune de Paris (4/4) : les riches leçons de la Commune pour les révolutionnaires

La Commune de Paris, est autant une source d’enthousiasme que d’enseignements. Pour les marxistes, c’est indispensable pour améliorer la compréhension des situations et avancer sur la stratégie pour arriver au socialisme. Les premiers socialistes utopiques ont imaginé le socialisme avec des schémas de société idéale, mais ne voyaient ni la révolution de masse ni le gouvernement des travailleurs comme un outil indispensable. Marx, au contraire, en analysant le capitalisme et les classes sociales, montrait que cette société ne pourrait être créée que si la classe ouvrière arrachait le pouvoir et la propriété des moyens de production à la bourgeoisie. Il a établi, avec Engels, la science du matérialisme historique et dialectique qui nous permet d’analyser les choses non pas sur des critères abstraits mais sur les évènements réels. La théorie est devenue un guide pour l’action.

Cet article est le dernier volet de notre dossier consacré à la Commune de Paris, paru dans l’Egalité n°204 à l’occasion des 150 ans de la commune. Vous pouvez retrouver la première partie ici, la deuxième ici et la troisième ici.

Les travailleurs, incapables de gouverner ?

La Commune va mettre à jour un point important : la forme politique de ce que Marx appelle dès 1848 la « dictature du prolétariat ». C’est-à-dire la classe ouvrière, majorité de la population, organisée en classe dominante de manière démocratique et organisant la société pour subvenir aux besoins de toute la population, à l’opposé du capitalisme où le régime est celui de la dictature de la bourgeoisie, classe minoritaire dans la société mais qui fait fonctionner celle-ci pour ses seuls intérêts, les profits.

La Commune de Paris a porté en elle des éléments de l’État ouvrier démocratique : suppression de l’armée permanente remplacée par le peuple en arme de manière organisée, élus révocables et responsables, car agissant au nom de l’intérêt de la majorité…

La Commune a confirmé l’extraordinaire capacité des masses à briser leurs chaînes, et à défendre une politique qui vise à l’émancipation de toute l’humanité. Sans cette énergie et cet héroïsme, aucun changement de société, aucune révolution ne sont possibles.

Mais l’énergie ne suffit pas. La Commune de Paris échoue car sans véritable parti révolutionnaire capable de pousser à la bonne prise de décisions, l’indécision l’emporte, le temps est perdu, et l’ennemi de classe peut à son tour frapper et écraser la révolution.

Les communards en armes ne vont pas poursuivre l’armée de Thiers en fuite à Versailles alors que son armée était délabrée. L’extension de la révolution n’était pas centrale pour une partie du gouvernement de la Commune. Or, en ne prenant le pouvoir que localement, cela a laissé l’État bourgeois, qui n’est pas détruit, libre de préparer la contre-révolution.

Cette expérience confirme qu’il est nécessaire que la révolution soit étendue à tout le pays (et par la suite internationalement) et qu’il sera nécessaire d’avoir un État ouvrier de transition qui permette de consolider le pouvoir des travailleurs.

Toutes ces leçons ont été comprises par les Bolcheviques qui pendant la révolution russe de 1917, envoyèrent des militants dans l’armée pour y mener un travail d’agitation révolutionnaire, ou encore disaient régulièrement, « nous, nous nationaliserons la Banque de France ». Aujourd’hui encore, ces enseignements sont cruciaux pour qui veut sérieusement préparer la révolution socialiste, pour que celle-ci soit victorieuse et nous débarrasse enfin de la barbarie capitaliste.

Certains anarchistes glorifient la Commune en la réduisant à un acte de bravoure et reprochent même à Marx d’avoir une vision trop « étatiste » de la Commune, alors même qu’à l’époque, des militantes comme Louise Michel grondaient contre le manque de décisions déterminées. Marx rappelle d’ailleurs contre les anarchistes : « les ouvriers doivent-ils, en renversant le joug des capitalistes, « déposer les armes » ou les utiliser contre les capitalistes afin de briser leur résistance ? Or, si une classe fait systématiquement usage de ses armes contre une autre classe, qu’est-ce donc sinon une « forme passagère » de l’État ? »

Affiche du Parti Communiste (SFIC) en 1923, commémorant la Commune