Nous refusons le monde que veulent Bush et ses alliés

Le gouvernement américain n’a jamais eu l’intention de libérer le peuple irakien. Ce qu’on a pu voir à la télévision ce sont les colonnes de chars américains qui se sont dirigées d’abord vers les puits de pétrole et son ministère lors de la chute du régime de Saddam Hussein. C’était bel et bien une guerre pour le pétrole et non une libération désintéressée.

Article paru dans l’Egalité n°101

Le nouveau gouvernement mis en place sera complètement au service de la politique de Bush et Blair. La plupart des futurs membres de ce gouvernement sont généralement des exilés nantis, voir des criminels de guerre formés et protégés par les Etats-Unis, et qui n’ont rien à faire du peuple irakien. Cette volonté qu’ont les Etats-Unis de dominer toutes les régions du globe par tous les moyens, même la guerre, porte un nom : c’est l’impérialisme. Et ce n’est pas non plus parce qu’on est  » dans le camp de la paix  » comme ce fut le cas de la France ou de l’Allemagne qu’on n’est pas un pays impérialiste.

Dans ce système capitaliste, qui fonctionne selon la loi du plus fort et du profit maximum, tous les moyens sont bons pour rafler des parts de marchés et dominer l’économie mondiale : financer des dictatures (Arabie Saoudite, Pakistan, Algérie…), faire la guerre. Les Etats Unis et leurs alliés se sont servis de la chute du modèle soviétique pour faire accepter ce système comme le seul viable. Sous prétexte d’apporter la démocratie, ils maintiennent les peuples dans un état de domination économique.

Et c’est ce partage du monde entre les impérialistes qui se joue au sein d’organisations comme l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), le FMI (Fond Monétaire International) ou l’ONU. Qui se soucie aujourd’hui du sort des Afghans, des Bosniaques ou des Kosovars ? Une fois leurs intérêts sécurisés (par un gouvernement à leur solde) les armées se sont retirées laissant dans la plus grande misère des millions d’hommes de femmes, et d’enfants. En Afghanistan, le sort des femmes ne s’est pas amélioré, malgré les innombrables promesses, elles subissent toujours le port de la burqa.

Le mouvement anti-mondialisation a montré qu’il est possible d’organiser une mobilisation internationale importante, ce qui s’est poursuivi lors du mouvement contre la guerre en Irak. Il a mis en avant les implications économiques du conflit, mais sans expliquer qu’elles étaient liées au système capitaliste lui-même. Le mouvement de la paix a réduit la lutte contre la guerre a un simple mouvement de protestation, sans ouvrir les perspectives vers une lutte concrète et efficace. Cela fait deux fois que Chirac passe pour  » le sauveur de la démocratie « , le soir du 21 Avril 2002 et maintenant par son veto.

Son opposition à la guerre n’avait rien de désintéressé, il ne faisait que défendre les intérêts des multinationales françaises en Irak. Est-ce un hasard si les principaux partenaires économiques de Saddam étaient la France, l’Allemagne et la Russie ? D’ailleurs on n’entend plus ces grands apôtres de la paix autrement que pour dénoncer le monopole des Etats-Unis dans les marchés de la reconstruction (Chirac a porté plainte auprès de l’OMC parce que le méchant Bush ne respecte même pas les lois de la libre concurrence !!)

La mobilisation aurait du tendre à des actions plus concrètes pour stopper la guerre. En Italie ou en Grèce les manifestants ont arrêté les trains de ravitaillement et de transport de troupes. En Espagne des travailleurs ont fait grève contre la guerre. Des journées de grève ont aussi été organisées par les lycéens et étudiants dans plusieurs pays. En France de telles actions auraient aussi été possibles.

Malgré la soi disant opposition du gouvernement, des entreprises françaises ne se sont pas gênées pour profiter de la guerre. Delmas, transporteur maritime, filiale de la multinationale française Bolloré (papier OCB entre autres) a affrété des bateaux pour l’armée américaine. Sodexho (groupe de restauration collective qui distribue notamment les chèques restaurants) a ravitaillé les troupes. Des actions conjointes des salariés de ces entreprises et des comités anti-guerre pour bloquer les acheminements auraient réellement mis en difficulté les impérialistes.

Les attaques que subissent les jeunes et les travailleurs en Europe et aux Etats-Unis (lois sécuritaires, licenciements, privatisations…) sont issues de cette même logique qui mène à la guerre : la loi du profit à tous prix. La guerre aura aussi permis à Bush, Blair, Chirac et compagnie de faire passer discrètement des lois anti-sociales.

La Gauche Révolutionnaire (section française du Comité pour une Internationale ouvrière, présent dans 37 pays sur les 5 continents) se bat pour une réelle alternative au capitalisme : le socialisme. Car il n’existera pas de paix durable tant que les ¾ de la planète vivront sous le seuil de pauvreté et que les richesses produites par les peuples seront accaparées par une minorité de patrons et d’actionnaires qui dictent leurs politiques au monde entier. La vraie démocratie est celle qui permet aux peuples de se déterminer par eux-mêmes, de contrôler leurs propres ressources pour satisfaire leurs besoins. Ni les impérialistes, et encore moins les fondamentalistes religieux n’ont la volonté de mettre en place un tel système.

Par Virginie Prégny et Arnaud Benoist