Non aux fachos, à Nancy (comme ailleurs) !

Samedi 17 octobre, environ 350 personnes ont manifesté dans les rues de Nancy contre les fascistes et l’extrême-droite à l’appel d’un collectif constitué d’organisations associatives, syndicales et politiques ainsi que de personnes non-organisées.

En effet, depuis le 3 octobre dernier, une librairie « conservatrice et enracinée », comme la définissent les deux propriétaires eux-mêmes dans les grands média, s’est ouverte dans le centre-ville de Nancy, à deux pas de la place Stanislas : la librairie des 2 Cités.

Un lieu d’organisation des fachos !

Côté pile (vu de la rue) cette « librairie » vendra sa pseudo-littérature réactionnaire, raciste, antisémite, sexiste, LGBTQI+phobe, promouvant son idéologie nauséabonde. Elle vendra aussi des produits régionaux – certainement pour appâter le chaland non-averti avide de produits distribués en circuit-court qui fleurent bon le terroir « bien de chez nous ».

Mais côté face (l’arrière-boutique), derrière cette vitrine qui se veut proprette et anodine, se cache un lieu de vie et d’organisation des différents courants de l’extrême-droite et de ses divers groupuscules de l’agglomération nancéienne voire de la région, comme l’Action Française (groupuscule royaliste antisémite et anti-ouvrier habitué des actions violentes) ou la Cocarde Étudiante (groupuscule étudiant habitué des intimidations sur le campus de Nancy). C’est ainsi que les deux propriétaires, eux-mêmes, définissent leur projet dans les différents média de la fachosphère.

Ils ont prévu aussi d’organiser des conférences sur des thèmes tous plus réactionnaires les uns que les autres. Celle qui avait lieu pendant la manifestation donne le ton : « sauver la France : enjeux et priorités » introduit par introduit par Stanislas Berton, chef d’entreprise et essayiste d’extrême-droite. Au lendemain du crime ignoble contre un professeur, nous n’osons pas imaginer les propos tenus lors des conversations de comptoir (la boutique vend aussi de la bière locale !)…

Chassez le naturel, il revient au galop !

Partout où il y a eu l’installation de lieux de vie et d’organisation des groupuscules fascistes, comme à Strasbourg ou Lyon avec le Bastion social (dissout en 2019 pour appelle à la haine, aux discriminations et aux actions violentes), ou encore à Marseille ou Angers, cela s’est accompagné d’agressions violentes racistes, sexistes, LGBTQI+phobes, contre les militants de gauche ou du mouvement ouvrier… plus généralement contre toutes celles et ceux dont la tête ne revient pas à ces nervis. Les craintes sont légitimes que cela se renouvelle à Nancy.

La stratégie des deux propriétaires a été jusque-là de jouer les victimes d’une cabale organisée par des forces totalitaires qui viserait à museler la liberté d’expression – la leur certainement, car nous n’aurions, quant à nous, qu’à nous taire et à accepter leur présence.

Ce positionnement n’aura pas fait long feu, et les mauvaises habitudes ont vite repris le dessus : le 5 octobre dernier, l’un des deux propriétaires, s’en est pris verbalement au directeur du théâtre le LEM (au sein même du théâtre dans lequel il s’était introduit), qui se trouve quasiment en face de leur « boutique », pour l’intimider, car ce dernier avait eu l’outrecuidance de prêter son théâtre à la conférence de presse tenue par le collectif contre l’ouverture de ce lieu de vie de l’extrême-droite. Un dépôt d’une main courante a été faite au commissariat suite à cet épisode qui augure mal des suites de leur implantation.

No Pasaran !

Le collectif qui s’est constitué sera vigilant quant à ce qui se passe dans ce local de l’extrême-droite. Son objectif est d’informer la population nancéienne du danger qu’il représente. Comme le dit le texte d’appel à la manifestation du 17 octobre :

« Au-delà de cette problématique d’ouverture d’un lieu de vie, d’organisation et de diffusion d’une idéologie nauséabonde, nous combattons la peste réactionnaire et fasciste dans les lieux de travail ou d’étude, dans les quartiers et dans les centres-villes ; car, que l’on soit français·e ou immigré·e, athée ou d’une confession religieuse, homme, femme ou non binaire, hétéro ou LGBTQI+, travailleur·euse, chômeur·euse-précaire, étudiant·e ou retraité·e, en cherchant à nous diviser, l’extrême droite nous affaiblit dans nos combats contre la dégradation de nos conditions de vie, d’étude et de travail, et pour un monde plus juste, solidaire et égalitaire. »

Après la manifestation, d’autres initiatives auront lieu car c’est un combat qui s’engage, surtout dans cette période pré-électorale durant laquelle le gouvernement et les ministres font feu de tout bois dans le domaine raciste afin de détourner la colère légitime de sa propre responsabilité, et de celle du système capitaliste dont il sont les serviles représentants.