Mondialisation, un phénomène nouveau ?

Le système capitaliste a toujours été basé sur une concurrence acharnée entre les différentes entreprises, et donc les différentes puissances, ce qui a même conduit à des guerres mondiales. Mais il a également connu plusieurs phases dans son développement. Cependant, il a toujours été globalement dans le même sens, vers une augmentation des échanges commerciaux et une intégration de plus en plus importante des économies les unes aux autres. Chaque pays est de plus en plus dépendant des autres et aucune économie ne fonctionne sur la base de sa seule consommation nationale.

Article paru dans l’Egalité n°104

Il y a une division internationale du travail sans précédent, reproduisant mondialement la division de la production en usine. Chaque pays participe à une partie de la production. Si cela existe depuis longtemps c’est l’ampleur avec laquelle s’est développée cette organisation de la production qui est sans précédent. Toutes les chaînes de distribution du textile en France que ce soit en grand magasin ou en vente par correspondance ont leurs vêtements fabriqués en Chine, dans les zones franches, où 100 millions de travailleurs s’entassent, travaillant 10 à 12 heures par jours sans droits syndicaux et pour un salaire de misère. Cela ressemble à un gigantesque retour en arrière menaçant directement les acquis de plus de 100 années de lutte du mouvement ouvrier notamment en Europe et accélère le transfert de la production industrielle vers ces pays, provoquant une sorte de désindustrialisation des pays « capitalistes dominants ».

Dans le même temps, ceci amène une fragilisation du système capitaliste. La consommation, qui est le principale moteur de l’économie, ne cesse de diminuer au fur et à mesure de l’appauvrissement des travailleurs. Les capitalistes ne peuvent écouler leur production et voient ainsi leurs profits diminuer ce qui les oblige à une course folle dans la recherche de nouvelles sources de profits (licenciements, nouvelles techniques de production qui nécessitent moins de travailleurs, délocalisation…) qui ont invariablement le même effet : appauvrir les travailleurs et leurs familles. C’est également indirectement en s’attaquant aux richesses collectives des travailleurs (services publics, protection sociale) que les gouvernements, patrons et grands actionnaires cherchent de nouvelles sources de profit.

Conscients que leurs contradictions les menacent, les capitalistes tentent de corriger les éléments les plus chaotiques de leur système économique par la planification commune des attaques et déréglementations.

Aucune des mesures prises par les gouvernements ne peut donc aller à l’encontre de cette tendance, ce serait pénaliser les capitalistes de son propre pays et ceux-ci ne laissent pas faire.

Les moyens de lutter

Dès les origines du marxisme la question de l’internationalisme avait déjà été posée comme un principe indispensable pour la victoire des travailleurs, la parenthèse stalinienne (et son socialisme dans un seul pays), le ralliement des dirigeants sociaux-démocrates à leur bourgeoisie nationale avaient eu pour effet d’émousser cette idée dans le mouvement ouvrier. Les travailleurs et les jeunes le réapprennent à leurs dépends. Pas un plan de licenciements qui ne soit à l’échelle mondiale (le dernier en date, celui de Sony, enverra 20 000 travailleurs au chômage répartis sur tous les continents)… Face à cela, comme l’avait souligné Marx, il faut une organisation internationale pour la classe ouvrière et la jeunesse. Une internationale qui soit une organisation de combat pour les travailleurs, qui permette dans toutes les luttes, des plus locales aux plus globales, de faire des pas dans la construction d’une véritable alternative au capitalisme, le socialisme. C’est à dire organiser l’économie démocratiquement en fonction des besoins et non des profits, en nationalisant sous le contrôle des travailleurs les secteurs clefs de l’économie. Ce combat est à l’ordre du jour même si les dirigeants de « l’alter-mondialisation » tentent d’emmener le mouvement sur un autre chemin, celui d’une régulation de l’économie capitaliste. Autant demander à un tigre de devenir végétarien.

La direction du mouvement anti-mondialisation se cantonne à une critique du libéralisme évitant de parler du capitalisme, exigeant la transparence des négociations entre les gouvernements, un siège lors des négociations… Mais de la même manière que les travailleurs ont pu obtenir une représentation dans les CE des entreprises, cela permettra au mieux d’avoir accès à certaines informations mais pas d’empêcher la marche générale des choses.

C’est un lien qu’il faut créer entre les militants antimondialisation et les travailleurs en lutte. Car la déréglementation, les privatisations, la casse de la protection sociale, les attaques sur les conditions de travail forment un tout, c’est une application par le gouvernement et les patrons, des exigences actuelles de la concurrence capitaliste et de la recherche de nouvelles sources de profit.

En liant les luttes immédiates aux questions soulevées habituellement par le mouvement anti-mondialisation, le combat est à la fois plus concret et plus global. Pas un gouvernement ne résisterait aujourd’hui à une lutte simultanée des travailleurs dans plusieurs pays or les mêmes attaques contre la protection sociale et les services publics ont lieu simultanément dans de nombreux pays. Aujourd’hui le système est puissant, il sème la guerre et la misère aux quatre coins du monde. Mais c’est un colosse aux pieds d’argile. Lorsque les travailleurs cessent le travail, ce système est bloqué. C’est cette force qu’a la classe ouvrière.

La tâche des militants anti-capitalistes est de se tourner vers les travailleurs, vers les luttes des chômeurs, des travailleurs précaires, des sans papiers etc. Et pas un contre sommet (face à l’Union européenne ou autre) ne devrait se faire sans qu’il n’y ait un appel à la grève par les syndicats afin de montrer à quel point mondialisation et politique des gouvernements sont liées. Ce sont les luttes des travailleurs qui peuvent réellement faire reculer les gouvernements et plus tard les faire tomber. Mais il manque aujourd’hui des perspectives claires, une orientation socialiste aux travailleurs et à leurs luttes. Il manque une nouvelle internationale des travailleurs et des jeunes, révolutionnaire, car c’est lorsque les travailleurs ont pu s’organiser en véritables partis et syndicats puissants et déterminés qu’ils ont obtenus des victoires. C’est cela le sens de notre combat et de notre participation au mouvement contre la mondialisation capitaliste. Pour un monde débarrassé du capitalisme et de tout ce qu’il entraîne : racisme, misère, guerre… Rejoignez nous pour construire l’alternative socialiste !

Par Alexandre Rouillard