Début décembre 2004, le bureau politique de la Ligue communiste révolutionnaire a fait une déclaration appelant au plus large débat pour construire en France « un nouveau parti qui offre une réelle alternative à la social-démocratie et au social libéralisme ». Un nouveau parti des travailleurs serait un outil de combat, un pas important pour que les travailleurs relèvent la tête et ripostent consciemment aux attaques.
Article paru dans l’Egalité n°111
Depuis une dizaine d’années, la perspective d’un nouveau parti des travailleurs en France est apparue après la transformation du PS en parti bourgeois. En 2002 particulièrement, les travailleurs et les jeunes ont exprimé le rejet des partis de l’ex gauche plurielle et se heurtent depuis au vide politique laissé. Ce texte critique la social-démocratie et propose un programme d’urgence qui pourrait rassembler ceux qui veulent construire une force anticapitaliste mais sans jamais évoquer l’alternative qu’il faudrait à ce système. Après la trahison des partis qui prétendaient défendre les intérêts des travailleurs, la création d’un tel parti doit être discutée de la manière la plus ouverte, publiquement entre les organisations politiques et les travailleurs qui le souhaitent. Ce qui doit nous guider, ce sont les intérêts concrets des travailleurs et des jeunes. Un nouveau parti des travailleurs doit ainsi répondre à toute une série de questions : comment riposter aux attaques capitalistes, quelles revendications mettre en avant, comment construire les luttes et gagner contre le gouvernement et le patronat, quelle est l’alternative au capitalisme qui permettra aux travailleurs de réellement se défendre ? Il doit intervenir dans toutes les luttes, les populariser, aider à leur développement.
Les intérêts des travailleurs aujourd’hui
Depuis 2002, la situation est marquée par une vague d’attaques sans précédent qui tombent à un rythme difficile à suivre. Le gouvernement et patronat mènent une offensive violente contre l’ensemble des couches de la classe ouvrière et de la jeunesse scolarisée et précaire. Face à cela, la radicalisation au sein d’une nouvelle couche de travailleurs et de jeunes s’élargit. Ceci se traduit à un niveau encore faible de luttes et de grèves. Mais des luttes très isolées et dures comme à H&M le Bourget le montrent. Malgré tout, ce qui domine encore la situation c’est le vide politique en terme d’alternative. Depuis 2002, la radicalisation augmente mais les travailleurs voient très peu comment faire pour lutter et étendre leurs luttes. Le manque d’alternative politique et de perspectives de combat pèse lourd. Ceci a limité la grève de 2003 et limite aussi les possibilités de développement des luttes d’aujourd’hui. L’inertie des directions syndicales pèse donc plus. Par manque d’outil indépendant des directions syndicales, une partie importante des travailleurs doutent encore de leur capacité de se défendre ensemble en organisant eux-mêmes la lutte. Beaucoup se posent alors la question : un mouvement d’ensemble, une grève générale et après, qu’est ce qu’on fait ? Un nouveau parti doit répondre à ces questions dans son programme.
Donner des réponses politiques face à la crise du capitalisme
Le rôle du programme d’une nouvelle force politique est crucial pour donner des armes revendicatives aux travailleurs et leur permettre de les utiliser dans leurs secteurs et dans les luttes. Dans ce cadre, le programme ne peut se contenter d’être un catalogue de revendications d’urgence, il doit être discuté et expliquer les raisons profondes de ces attaques. A défaut, il ne pourra pas répondre aux exigences de milliers de travailleurs qui cherchent une alternative politique au capitalisme ni les motiver à se battre.
La crise du capitalisme à l’échelle mondiale est profonde et tient à la nature même du système. La mondialisation capitaliste a révélé encore plus l’opposition profonde qu’il y a à l’échelle planétaire entre les intérêts des capitalistes et ceux des travailleurs. Aujourd’hui, seul un programme basé sur cette analyse marxiste de la société peut donner une véritable perspective de victoire et répondre aux divisions sociales, religieuses, ethniques, sexistes et racistes créées par le capitalisme.
Les travailleurs et les jeunes savent que le capitalisme n’est pas viable pour la majorité de la population. D’un coté les moyens de productions qui sont la propriété des capitalistes et leur permettent d’engranger des profits. De l’autre les travailleurs qui font fonctionner ces moyens de production mais ne récoltent que des salaires de plus en plus insuffisants. Et le rôle central des travailleurs se voit à chaque occupation d’usine, à chaque coupure d’électricité. Une véritable rupture avec ce système est nécessaire… La perspective d’une société socialiste où l’économie est organisée par les travailleurs, pour la satisfaction des besoins, est l’élément crucial pour que ce parti soit un véritable parti combatif. Elle est indispensable et se retrouve aussi bien dans la forme d’organisation démocratique des luttes, dans la nécessité de leur extension, que dans leur but : en finir avec l’exploitation capitaliste.
C’est ce programme que nous allons continuer à décliner dans les luttes à venir dès janvier et au printemps. La déclaration de la LCR sera-t-elle une de plus après celles de 2002 et 2003 ? Pour notre part, nous sommes prêts à discuter avec quiconque, organisation ou individu, veut réellement construire une nouveau parti qui défende les intérêts des travailleurs. Nous sommes convaincus de la nécessité du lancement d’un nouveau parti des travailleurs réellement anticapitaliste sur un programme socialiste. Et sans attendre, nous invitons tous ceux qui partagent cette perspective à nous rejoindre pour lutter dans ce sens dès maintenant.
Par Leila Messaoudi