Education : Non au projet Fillon

Après le rapport Thélot, Fillon, a rendu publique la future loi d’orientation sur l’école. Le projet de loi sera présenté à l’Assemblée nationale mi-février 2005, pour une application dès la rentrée scolaire 2005. C’est une nouvelle attaque libérale pour le secteur de l’éducation qui va de pair avec la mise en place de la LOLF (loi d’orientation des lois des finances) qui organise le financement des services publics en fonction des résultats et à moyens constants.

Article paru dans l’Egalité n°111

La dernière loi d’orientation de 1989 sous le ministre Jospin, avait déjà amplifié la sélection sociale, sous le couvert de « mettre l’élève au centre du système éducatif » pour répondre à ses besoins de façon individualisée. En réalité, il s’agissait d’adapter les élèves les moins « performants » à la demande du marché et non de répondre à leurs réels besoins éducatifs. Ce principe s’accentue dans le nouveau projet de loi qui démontre clairement la volonté du gouvernement d’adapter l’enseignement aux besoins de l’économie. Pour les capitalistes, l’école n’est pas assez rentable. Les mesures avancées proposent donc de remédier à tout cela : renforcement des inégalités par la volonté de former une élite pour diriger, et une main d’œuvre malléable adaptée aux besoins des entreprises.

Une loi qui s’attaque aux jeunes scolarisés

La jeunesse de la classe ouvrière, déjà fortement touchée par la sélection imposée par le collège unique, où les élèves qui ne rentraient pas dans le moule en fin de 3ème étaient envoyés directement vers des filières poubelles, subit à nouveau une attaque majeure. C’est la définition d’un ensemble de connaissances et de compétences indispensables appelé socle commun minimal (français, maths, culture permettant l’exercice de la citoyenneté, langue vivante étrangère, technique de l’information et de la communication). Les élèves qui maîtrisent ce socle auront accès à l’approfondissement et à la diversification des enseignements, les autres, redoubleront ou seront orientés vers la voie professionnelle.

La majorité des jeunes issus des familles défavorisées, n’arrivent pas avec le même bagage face aux connaissances indispensables du socle commun, issues essentiellement de la culture bourgeoise. Ils seront très vite éliminés (dès la 4ème ) vers des filières directement soumises à la demande immédiate du patronat sans chance de pouvoir accéder aux autres disciplines. Cette pré-orientation est mise en œuvre avec la création d’options « découverte professionnelle » au collège, pour transmettre aux jeunes la culture de l’entreprise. L’objectif affiché est de doubler le nombre d’apprentis en 5 ans : au boulot non payé les jeunes !

Bien sûr, certaines filières seront valorisées souvent réservées à une élite. Il s’agit de renforcer la sélection et d’adapter, pour les plus fragiles, l’enseignement au monde de l’entreprise.

Une attaque contre le service public d’éducation et les personnels

Une autre offensive est portée sur l’ensemble des personnels de l’EN. La loi sur la décentralisation avait déjà amorcé la casse des statuts avec le rattachement des ATOSS aux collectivités territoriales et le transfert proche au privé de la restauration scolaire et de l’entretien des locaux, comparables au démantèlement des activités postales prévu par le contrat de plan sur la poste (privatisation). La loi Fillon s’attaque aux conditions de travail avec l’obligation faite aux enseignants d’accepter deux heures supplémentaires par semaine et aux établissements de gérer les remplacements en interne. Ce qui va de pair avec la suppression de postes dans l’EN (- 4460 en 2005). Il s’agit également de renforcer les inégalités entre les différents personnels avec un accroissement de la hiérarchie donnant au chef d’établissement encore plus de pouvoirs et de mettre en concurrence les établissements en terme de financement.

Luttons pour le retrait du projet Fillon !

Contre cette loi d’orientation, la construction d’un mouvement d’ensemble réunissant tous les personnels de l’EN, les lycéens et les parents est essentielle. Face aux attaques d’ampleur, la colère monte. Il est urgent de lancer une campagne d’information et de mobilisation pour contrecarrer la propagande gouvernementale. Les directions syndicales ont appelé à des journées de grève dans les services publics : le 18 (Poste), 19 (SNCF) et 20 (Santé, EN, Finances) janvier. Tout en adoptant un discours plus radical que d’habitude, elles se gardent bien de poser des perspectives claires et concrètes pour développer et étendre les luttes dans nos secteurs et interprofessionnellement.

Par exemple, pour le 20 janvier, le discours est contradictoire sur la loi Fillon. D’un côté, elles votent contre au Conseil supérieur de l’Education et dans le même temps demandent des moyens pour appliquer la loi. En entretenant ce flou, elles ne peuvent que freiner le mouvement. Ces trois dates, même si elles appellent à la grève des secteurs de manière décalée, doivent être un moyen pour ceux qui veulent combattre cette loi de commencer la riposte. Pour cela, il est nécessaire de convaincre les personnels, les parents et les élèves de l’ampleur de cette attaque , de se réunir en assemblées générales dans les établissements et de secteur pour discuter des perspectives pour le 20 et après et des moyens de combattre la loi ensemble.

Pourtant le secteur seul de l’EN ne peut l’emporter contre le gouvernement. Aussi, vouloir gagner contre les attaques du gouvernement implique, au delà du développement de la lutte dans chaque secteur, un rassemblement de tous les secteurs autour d’une première journée de grève interprofessionnelle par exemple début mars. La mobilisation dans les établissements est primordiale et il ne faut pas sauter par dessus cette tâche sous peine de tuer la mobilisation dans l’œuf. L’appel à la lutte interprofessionnelle aura un sens s’il repose sur des secteurs en lutte contre les attaques sectorielles et aussi conscients que l’attaque est globale. Il faut construire la riposte tous ensemble.

Dans le système capitaliste, l’école prédétermine les orientations de la jeunesse, crée et renforce les inégalités sociales, nous devons réagir :
– non à la loi Fillon,
– pour une école publique, ouverte à tous et toutes, totalement gratuite, où chaque élève puisse suivre les études qu’il a choisi.

De telles revendications correspondent à une organisation de la société qui s’oppose complètement aux intérêts des capitalistes. Aussi, tant que l’on restera dans ce système, chacune de nos victoires quoique positive, sera toujours éphémère. La remise en cause actuelle des acquis sociaux le prouve.

La lutte pour une école gratuite et accessible à tous passe par le combat au côté des travailleurs pour une société socialiste. Participez à notre campagne, demandez le matériel offensive éduc’ de la Gauche révolutionnaire.

Par Lise De Luca, enseignante