Un secteur-clé attaqué par tous les bouts !

17 octobre dernier : journée intersyndicale de grève pour les personnels salariés du service public d’Education. Sur les banderoles, nombreux sont les slogans contre Luc Ferry, contre les suppressions de poste de surveillants et les licenciements en fin de contrat des emplois-jeunes…plus de 50 000 personnes défilent dans toute la France. Et après ? Luc Ferry aurait-il vu juste : « il s’agit d’une grève d’avertissement, rien de plus … »

Article paru dans l’Egalité n°98

On a entendu çà et là : « je ne sais pas pourquoi il y a cette grève, c’est toujours pareil chaque année… » Ces réactions existent en raison de la confusion des revendications des syndicats pour se mobiliser. L’après 17 octobre manque cruellement dans les perspectives des directions syndicales de l’Education Nationale. Pourtant, les réponses à apporter ne manquent pas pour donner du sens à une lutte au sein de l’éducation Nationale.

Pions, emplois-jeunes :organisons la riposte !

Les précaires sont les premiers servis avec la suppression de 5600 postes de surveillants et la mise à la porte de plus de 20 000 emplois jeunes en 2003. Leur remplacement ne sera pas total et qui plus est, leur statut national disparaît au profit d’une territorialisation de leurs fonctions. Quant aux aides-éducateurs, après 5 ans, ils sont jetés aux oubliettes.

On nous dit que tous ces jeunes, précaires ou étudiants défavorisés pourront certes trouver, pour les premiers arrivés, de nouveaux postes sur recrutement local : les auxiliaires d’éducation. Mais là, les finances municipales sont beaucoup plus restreintes, chaque établissement devra user de la brosse à reluire pour obtenir ces surveillants formule allégée et précarisée. Précaires, ils le seront en dépendant d’un Directeur des ressources humaines qui les placera une fois dans une école, une autre fois médiateur dans un quartier… Pas très stable ce boulot ! Aucune chance ainsi qu’un étudiant issu de famille défavorisée puisse désormais concilier un travail dans un établissement avec ses études. Quelle égalité des chances !

Alors c’est dès à présent qu’il faut organiser la mobilisation. Des comités de surveillants et d’aides-éducateurs existent, il faut les multiplier et coordonner leurs actions. Les syndicats doivent organiser la solidarité et appeler à la mobilisation de l’ensemble des personnels éducatifs et administratifs. « Quand vous donnez plus de libertés, les territoires riches deviennent plus riches et les territoires pauvres plus pauvres ». Les paroles de Jean Paul Delevoye, ministre de la Fonction publique et de la réforme, montrent combien la décentralisation porte d’inégalités nouvelles. Les menaces s’élargissent de décentraliser aussi le recrutement des conseillers d’orientation-psychologues, des infirmières scolaires qui passeraient au statut privé ! Les conseillers d’Education sont aussi dans la ligne de mire.

Pour pouvoir répondre coup pour coup à Ferry et Raffarin, il faut développer l’information indépendante des salariés de l’éducation. Il est nécessaire pour cela d’expliquer pourquoi les coupes budgétaires et le transfert des compétences de l’Etat vers les régions forment un tout ; pourquoi cela vise à mettre en conformité l’éducation avec les demandes fluctuantes mais réelles des entreprises locales via la Région. Tous ces débats demandent du temps. Il est temps que les salariés de l’éducation soient informés pour être prêts à se mobiliser.

Vers une refonte du statut enseignant ?

Cependant, les directions syndicales font comme si cette information était contradictoire avec la mobilisation. Bien au contraire, Ferry en profite pour avancer ses arguments à travers les médias. Ainsi, il lance une « mission d’expertise du personnel enseignant » et Xavier Darcos monte au front sur la régionalisation, il déclare ainsi : « dans un système décentralisé, la coexistence de plusieurs méthodes crée l’émulation entre régions ».

Cette saine émulation, nous la rejetons comme la concurrence entre écoles, collèges ou universités déjà passablement entretenue. C’est pour toutes ces raisons que dès à présent , il faut s’informer et lutter contre cette politique de rentabilité et de résultats chère au gouvernement. Répondons à la hauteur de ces attaques commencées par la Gauche Plurielle dans ce secteur mais aussi dans d’autres services publics. C’est ensemble que la riposte s’organise ! Ce dernier trimestre 2002 doit en faire la démonstration par des mobilisations unitaires et interprofessionnelles.

Par Leïla Messaoudi