Unifions les luttes contre la politique du gouvernement Raffarin

Le gouvernement Raffarin est désormais pleinement installé. Après une rentrée en douceur, les premières annonces confirment ce que nous disions dès la campagne des élections présidentielles. La crise économique atteint l’Europe et la France en particulier, poussant même l’Union Européenne a retardé l’obligation pour les états membres de respecter le pacte de stabilité.

Article paru dans l’Egalité n°98

L’INSEE prévoit un taux de croissance qui ne dépasserait pas 1%, les entreprises en crise sauvent les meubles en multipliant les plans de licenciements (celles en bonne santé en profitent), et le taux de chômage est reparti à la hausse. Même l’Etat prévoit des milliers de suppressions de poste dans les services publics, et la privatisation d’Air France a été retardée à cause des mauvais chiffres de la Bourse (une privatisation aujourd’hui ne serait pas assez rentable).

La politique mise en place par le gouvernement est une politique de droite libérale que l’on peut qualifier de classique : baisses d’impôts et de charges pour le patronat pour faire repartir la croissance économique, privatisations, lois sécuritaires, attaques sur le régime de retraite par répartition. Le gouvernement n’a qu’une faible marge de manœuvre et compte sur la crise de la gauche traditionnelle et des syndicats. Fort de sa majorité écrasante (gouvernement, Assemblée nationale et Sénat) il compte prendre de vitesse les travailleurs. Le gouvernement Raffarin, comme le précédent gouvernement, met en place la politique demandée par les patrons et par l’Union Européenne. Les jeunes et les travailleurs n’ont rien à en attendre à part plus de chômage, de précarité et de répression. Les capitalistes sont poussés par la crise et nous demande de payer pour qu’ils puissent continuer de s’en mettre plein les poches. Une fois de plus ce sont les travailleurs qui doivent se serrer la ceinture. Les patrons sont de plus en plus arrogants car ils savent qu’ils sont soutenus et aidés par le gouvernement. Mais ils savent aussi que la colère gronde et craignent un mouvement de masse qui seul pourrait les stopper.

Dans ce contexte des premières mobilisations ont eu lieu surtout dans les secteurs publics : 60 000 manifestants d’EDF/GDF, 50 000 dans l’Education Nationale, 5000 travailleurs sociaux dans toute la France. Le participation à ces journées de grève est le signe que les travailleurs n’ont qu’une confiance limitée dans ce gouvernement, et que le potentiel existe pour des mouvements de plus grande importance. Dans le privé les milliers de licenciements, la stagnation des salaires et l’aggravation des conditions de travail poussent les travailleurs à se battre partout en France (même si les médias n’en parlent pas). Tout comme en Italie ou en Espagne, où les grèves générales se multiplient (cf. L’Egalité n° 97 septembre/octobre, et page 7) de tels mouvements pourront se développer en France dès le printemps 2003.

La gauche et les syndicats

Ces mobilisations se préparent dès aujourd’hui. Celles de l’automne ont eu lieu car les syndicats sentaient la pression des travailleurs. Les directions syndicales sont toujours dans une logique de pression et de négociations avec le patronat et le gouvernement. Il faut, avant tout, préparer un rapport de force capable d’imposer nos revendications. En effet, on ne peut pas compter sur les directions des syndicats et des partis de la gauche, qui craignent un mouvement qu’ils ne pourraient contrôler. D’autant plus qu’ils n’ont pas d’autre politique à proposer qu’une politique « Raffarin light ». Ce n’est que dans la rue que cela pourra se faire. Les luttes actuelles s’organisent en défense de l’emploi, contre les fermetures de sites, les licenciements ou pour des augmentations de salaire. Elles ont besoin d’être renforcées et élargies. Les syndicats pourraient favoriser cela en organisant des journées de grève dans tous les secteurs pour rassembler les gens et préparer des luttes plus massives et unitaires.

Ne comptons que sur nos luttes !

Les travailleurs en lutte doivent eux aussi contacter les travailleurs des autres entreprises pour organiser des actions communes. Et enfin, ces actions doivent s’adresser plus largement à la population en expliquant les attaques afin que les travailleurs ne soient pas isolés dans leur entreprise sous la pression des patrons.

Les luttes doivent à la fois imposer un coup d’arrêt aux politiques libérales en cours, mais aussi assurer certains acquis menacés.

Non aux licenciements

Non aux suppressions de postes

Non aux privatisations

Non au travail précaire

Non aux fonds de pension, retraite pleine à 37,5 annuités pour tous.

Embauche et titularisation immédiate des précaires

Pour une véritable réduction du temps de travail sans annualisation ni flexibilité, avec embauche correspondante

230 euros d’augmentation pour tous

Par Virginie Prégny