Manifestations contre Poutine en Russie

Depuis le 23 janvier, des manifestations ont eu lieu dans toute la Russie, de Saint-Pétersbourg et Moscou à Vladivostok. Pourquoi ? Pour la 8ème année consécutive, le salaire réel a baissé en Russie. La Covid-19 a accéléré les tendances de l’économie russe : corruption et luxe pour les oligarques, misère et répression pour les jeunes et les travailleurs.

Poutine ne jouit plus du soutien qu’il a pu avoir dans les années 2000. Les partis d’opposition, comme le parti soi-disant communiste ou le parti « libéral démocrate » (qui n’est ni l’un ni l’autre) ne sont que des partis qui apportent une opposition quasi-fictive au parlement. Le parti libéral démocrate a obtenu une majorité aux élections régionales de Khabarovsk l’année dernière, grâce au recul de la popularité de Poutine.

La répression s’abat en Russie, manifestation du 23 janvier, Moscou

Navalny, meilleur ennemi de Poutine ?

L’avocat anti-corruption nationaliste Navalny est de retour en Russie pour continuer à jouer un rôle politique sur place, et ne pas être discrédité s’il reste « au chaud » en Allemagne. Le soutien pour Navalny est venu principalement de la couche moyenne de la société. Il se déclare contre le règne des oligarques et pour les libertés démocratiques fondamentales, pour créer un capitalisme « propre ».

Depuis son retour en Russie, le pouvoir a changé de posture, au lieu de l’invisibiliser comme ce fut le cas avant, le pouvoir en parle mais pour le renvoyer à son nationalisme, son racisme envers les peuples non-slaves de Russie, et comme un « agent étranger » venu pour déstabiliser la Russie. La répression continue en même temps. Des perquisitions ont lieu dans les studios de la chaîne youtube de Navalny et chez ses soutiens. On compte 10 000 arrestations depuis janvier, et des dizaines de condamnations, pour l’instant des « petites » peines, mais les charges retenues peuvent mener à 10 ans de prison. Navalny a été rendu inéligible jusqu’en 2028, sa stratégie jusque là sera de gagner en popularité.

Et les travailleurs dans tout ça ?

Navalny n’est pas l’ami des travailleurs, il n’a aucun atome crochu avec le socialisme. Néanmoins, le défi lancé par Navalny au régime de Poutine gagne en popularité auprès de la jeunesse – les étudiants des écoles et des universités. Il est attrayant pour tous ceux qui souffrent des difficultés quotidiennes de la vie dans la Russie d’aujourd’hui. La classe ouvrière russe est très vaste et très exploitée. Même si elle n’a pas encore rejoint le mouvement démocratique impulsé par Navalny, l’état d’esprit apathique qui domine depuis plusieurs décennies en Russie a changé, une nouvelle période s’ouvre.

La lutte pour les droit démocratiques fondamentaux, de représentation, d’organisation, de liberté d’expression, est essentielle dans la lutte pour une vie meilleure pour tous. Mais elle ne s’y restreint pas ! Il est nécessaire de remplacer le capitalisme, non pas par le « socialisme réel » de Staline et des bureaucrates, mais par le socialisme authentique et démocratique. Le socialisme où la classe ouvrière a réellement le pouvoir, où les industries et les banques sont sous propriété publique et gérées démocratiquement par les travailleurs en lien avec la population. D’ici là, il faut construire un parti de la classe ouvrière qui présente un tel programme pour le socialisme !

Par Pierre-Emmanuel Martin, article paru dans l’Egalité n°204