Les questions que vous vous posez sur la guerre contre l’Irak

Article paru dans l’Egalité n°99

Saddam Hussein possède-t-il des armes de destruction massive qui mettent en danger la planète ?

Malgré toutes les déclarations de l’administration Bush selon lesquelles ils auraient les preuves que l’Irak possède des armes chimiques de destruction massive, aucune preuve n’a à ce jour été divulguée. D’autre part, même les inspecteurs de l’ONU n’ont toujours rien trouvé depuis deux mois qu’ils parcourent le pays. La CIA a récemment rendu public des rapports datant de la première guerre du golfe et qui affirment que, toutes les armes biologiques et les usines les fabriquant ont été détruites après la guerre et sous contrôle des inspecteurs de l’ONU. Enfin, il ne faut pas oublier que les armes biologiques que l’Irak a possédé lui avaient été vendues par les USA. Il est donc incroyable qu’ils osent aujourd’hui se servir de ce prétexte alors que les USA sont le seul pays à avoir utilisé la bombe atomique (contre le Japon lors de la 2ème guerre mondiale) et qu’ils ne se sont pas privés d’utiliser des gaz chimiques contre les vietnamiens, causant après coup des milliers de cancers. Ce sont les USA qui détiennent l’armement le plus dangereux dans le monde.

La guerre contre l’Irak n’est-elle pas la seule solution pour débarrasser le peuple Irakien du dictateur Saddam Hussein ?

Regardons la situation en Afghanistan aujourd’hui. Les USA y ont mené une guerre contre les Talibans, qui protégeaient Ben Laden, et y ont installé un nouveau régime. Le régime de Karzaï s’appuie sur une « Loya Jirga » (conseil des chefs de tribu). Il s’agit en réalité de seigneurs de la guerre et de bandes de gangsters qui se remplissent les poches par l’escroquerie et le trafic de drogue. Les USA collaborent avec le dictateur pakistanais Musharraf qui peut dissoudre le gouvernement quand bon lui semble. Au Vénézuéla, ils ont récemment soutenu un coup d’état de l’armée et du patronat contre le président Chavez.

Les USA ont déjà réfléchi à l’après Saddam et pensent mettre en place un gouvernement militaire « provisoire » (mais on ne sait pas pour combien de temps !) sous la direction du général Tommy Franks. Si c’était réellement la démocratie qui les motivaient pourquoi ne pas laisser les irakiens organiser eux-même des élections et contrôler eux-même leurs ressources ? D’autre part les représentants de l’opposition à Saddam Hussein regroupés à Londres par les USA en Novembre dernier ne laissent rien présager de bon quant à la nature démocratique du régime qui remplacera la dictature de Saddam Hussein. Un des généraux pressentis est en ce moment sous le coup d’une accusation de crime contre l’humanité par la justice danoise, pour les massacres qu’il a organisé contre les kurdes en 1988 !

Comment Bush peut-il prétendre défendre la démocratie quand dans son propre pays il a fait passer des lois sécuritaires suite aux attentats du 11 septembre, qui permettent d’arrêter n’importe quelle étranger soupçonné de terrorisme sans avoir à fournir aucune preuve matérielle ?

La seule réponse sérieuse est que la motivation de Bush et de ses alliés se trouve dans le sous sol irakien : le pétrole ! C’est pour mettre en place un régime allié des occidentaux qui facilitera l’installation des multinationales pétrolières que les occidentaux sont près à bombarder une fois de plus le peuple irakien.

La présence des inspecteurs de l’ONU n’est-elle pas une garantie que cette guerre sera faite pour défendre les intérêts des irakiens ?

Tout d’abord la résolution de l’ONU concernant les inspections contiennent tellement d’articles qu’il ne sera pas difficile d’en trouver un qui ne sera pas respecté pour justifier la guerre. La seule raison qui a poussé Bush à accepter une résolution de l’ONU est qu’il avait besoin du soutien de la  » communauté internationale  » comme caution démocratique. En fait, l’ONU n’est pas un organe démocratique indépendant, puisque les décisions sont prises par le conseil de sécurité (USA, Grande-Bretagne, France, Chine, Russie). Aucun de ces pays ne s’est opposé à la guerre. L’ONU dépend donc directement du bon vouloir des grandes puissances. Et même quand l’ONU a voté contre l’attaque de la Serbie en 1999, les USA sont passés outre son consentement en attaquant sous l’égide de l’OTAN. Il n’a pas été difficile de convaincre les quelques pays qui au début, s’étaient opposés à la guerre, comme en témoigne l’ancien directeur de la CIA James Woolsey : « Ils doivent comprendre que s’ils aident à imposer en Irak un gouvernement décent, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour s’assurer que le nouveau gouvernement et les firmes américaines travaillent en étroite collaboration avec eux. S’ils prennent le parti de Saddam, il sera difficile voire impossible de persuader le nouveau gouvernement irakien de travailler avec eux. ». Enfin, il a été prouvé que les inspecteurs de l’Onu ont aussi travaillé avec la CIA pour espionner le régime irakien en 1998, cela avait conduit à des provocations et avait justifié l’opération  » renard du désert « . Les nouvelles inspections auront sans doute la même utilité, en exigeant des choses impossibles du gouvernement irakien en multipliant les provocations et les humiliations qui permettront de justifier la guerre.

Quelle alternative pour le peuple irakien ?

Les travailleurs et les jeunes doivent s’organiser indépendamment des institutions et des partis capitalistes. Nous sommes partisans du renversement de Saddam par un gouvernement des travailleurs et des paysans qui commence à reconstruire le pays sur des bases socialistes. Avec une production au service des besoins de la population au lieu des profits capitalistes. Cela suppose une planification socialiste de l’économie qui en finisse avec l’enrichissement personnel des capitalistes.

Par Virginie Prégny et Cabira