Environnement Algérie : extraction des gaz de schistes à hauts risques…. politiques !

manifestation contre les gaz de shiste en algérie
Manifestation contre l’exploitation du gaz de schiste à In-Salah

Au Maghreb, le nombre de forages s’accélère et notamment en Algérie qui voit la manne pétrolière se réduire avec la baisse du prix du pétrole, les revenus pétroliers assurant 95 % des recettes en devises du pays. Le pays a fait depuis décembre 2014 ses premiers forages de prospection de gaz de schistes dans le Sud algérien. Et les premières luttes des habitants ont commencé.

Des populations du Sahara algérien en lutte

Depuis plus de 60 jours, la mobilisation a commencé notamment à In-Salah, près du premier site d’exploration dans le Sahara algérien, à 1 500 km au sud d’Alger. Début janvier 2015 les habitants ont exigé un moratoire sur les forages. Ils ont occupé une place rebaptisée Somoud (résistance). Malgré la fatigue, la répression et l’interdiction de manifester notamment le 17 janvier dernier à Alger, les manifestants opposés à l’exploitation du gaz de schiste ne lâchent pas. Ils ont été dispersés fin février de la place où ils faisaient un sit-in. Pourtant le 1er mars, les manifestants ont repris leur action. La place Somoud se situe face à la sous-préfecture d’In-Salah, incendiée après l’intervention de la police ayant fait des dizaines de blessés. D’autres manifestations ont eu lieu à Tamanrasset, Til… ? Le chef de brigade chargé de la protection de la base de Haliburton à 10km d’In Salah aurait crié aux manifestants le 28 février « Nous sommes là pour protéger ceux qui viendront fracturer le second puits, vous n’y pourrez rien »!

La mobilisation et la confrontation sont donc très fortes. Les populations sont bien conscientes des risques pour leur région et leur vie. La technique nécessite une très grande quantité d’eau et des solvants pour libérer les gaz dans le schiste. Dans un pays qui manque d’eau, mettre en place la fracturation hydraulique signifie risquer de polluer les réserves d’eau actuelles et futures. C’est tout simplement meurtrier pour les habitants qui seront les premiers touchés et durablement!

A In-Salah on peut lire: « Nous ne sommes pas les enfants de Paris !»

Les scandales de corruption autour de l’énergie pleuvent en Algérie. L’entreprise publique Sonatrach opère avec des partenaires comme Anadarko (USA), ENI (Italie), Shell (Anglo-néerlandais) ou BP (GB). L’ex-ministre algérien de l’énergie est en exil aux États-Unis, sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Il aurait facilité des transactions entre la firme pétrolière italienne Saipem et Sonatrach pour un montant de 8 milliards d’euros avec près de 205 millions d’euros de commissions, placés en Suisse!

Alors quand la rumeur est arrivée que Total soit de ceux qui font les forages, la colère a redoublé contre ce symbole de l’impérialisme de l’expuissance coloniale. Le ministre des Affaires étrangères de France, Fabius, a dû rétropédaler : Total ne serait officiellement pas de la partie. Total a déclaré « n’avoir jamais participé à des activités de forage de puits à objectifs gaz de schiste, ni à Ahnet ni ailleurs en Algérie » et a aussi effacé de son site web la référence à un forage algérien. Les slogans ciblent les sociétés étrangères et notamment françaises. La lutte pourrait devenir hautement politique contre les privatisations, la corruption du régime de Bouteflikha et leurs liens avec les grandes firmes capitalistes. La population ne veut plus se faire dépouiller et polluer.

Intensifier la lutte, s’en prendre au capitalisme !

Les procès pour pollution, les luttes contre les forages se développent un peu partout. Ces luttes prennent d’autant plus un caractère vital que les conditions de survie sont déjà très difficiles. Mondialement près de 400 millions de personnes vivraient sur des bassins de schistes.

Un moratoire pourrait temporairement stopper l’exploration et l’exploitation. Mais en réalité il faut imposer l’interdiction de l’exploitation des gaz de schistes. Et pour cela, le seul moyen est d’exproprier les multinationales et les consortiums qui opèrent. La priorité est aussi le contrôle et la gestion par les habitants des entreprises privées, et publiques, telle que la corrompue Sonatrach algérienne.

Cette destruction sauvage des ressources est profondément liée à la vision à court terme des capitalistes en recherche permanente de profits immédiats quoi qu’il en coûte. «Déjà» les premiers gisements des années 2000 aux Etats-Unis se tarissent… Planifier durablement l’utilisation des ressources n’est pas possible dans le système capitaliste qui tend à tout vendre. Le sol et le sous-sol doivent être propriété collective des habitants et contrôlés par eux. Seule une société socialiste, débarrassée de cette vision capitaliste à court terme et anarchique, permettra d’utiliser et de préserver les ressources dans le même temps.

Par Leïla