Tout sauf Bush ?

Encore une fois les élections américaines, vues de France, vont s’être apparemment résumées, à en croire les médias, comme un duel entre le représentant du Parti démocrate – Kerry – et le représentant du Parti républicain – Bush. Le premier est présenté comme le candidat de « gauche », le second comme le candidat de droite. Mais est-ce si simple ?

Article paru dans l’Egalité n°110

Il est évident que Bush et Kerry au final représentent deux fractions différentes de la bourgeoisie américaine, dont les intérêts sont diamétralement opposés à ceux de la classe ouvrière et de l’ensemble des minorités aux USA. La situation économique mondiale les obligera peu ou prou à mener la même politique libérale. Il est cependant compréhensible qu’une partie des américains souhaite se débarrasser de l’aile la plus réactionnaire, puritaine et officiellement belliciste représentée par Bush et son administration en votant pour Kerry. Mais cela changera-t-il réellement les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs américains ?

La guerre et l’occupation

La différence entre les deux candidats sur cette question est aussi fine que du papier à cigarette. On connaît les positions du candidat-président. Est-il besoin de rappeler que Kerry a voté pour la guerre au Congrès en 2002 ? S’il a un temps pris mollement position contre la guerre pour s’attirer la sympathie et les votes des Américains anti-guerre, actuellement ses positions ne sont plus si claires. Flattant la fraction la plus patriotique des Américains, Kerry tente de se donner l’étoffe du chef de guerre. Il a déclaré récemment qu’il souhaitait envoyer plus de troupes en Irak. Il reprend le thème républicain de « guerre au terrorisme », et il a déclaré qu’il revoterait pour la guerre sachant ce qu’il sait aujourd’hui.

En matière de politique impérialiste, les démocrates ont toujours su tenir leur rôle : durant la guerre du Vietnam présidents républicain et démocrates se sont succédés. C’est sous l’administration de Clinton que la Serbie a été placée sous un tapis de bombes.

La politique sociale

Il est évident que Bush défend les intérêts des capitalistes et non ceux travailleurs. Sa politique fiscale, la casse des droits sociaux et du travail ont permis de précariser un peu plus les travailleurs aux USA, et d’enrichir beaucoup plus les patrons et les gros actionnaires. Kerry déclare vouloir rétablir une politique fiscale plus juste en refaisant payer les plus riches. Cette politique fiscale a pour but de réduire la dette publique considérable des USA. Il est à parier qu’il continuera aussi la politique de coupes sombres dans les budgets sociaux.

Les travailleurs des USA doivent sortir de ce bipartisme. Aucun parti réellement de masse défendant leurs intérêts n’a jamais existé au USA. C’est ce qu’il faut construire. La période de crise économique et politique ouverte depuis quelques années donne des opportunités à ceux cherchant une alternative. Le vote pour Ralph Nader peut être un outil pour cela.

Par Yann Venier