Le gouvernement se prépare à se prendre une monumentale gifle lors des prochaines élections départementales fin mars. Tout cela sur fond de plans de licenciements ou de fermetures d’entreprises qui continuent, d’un chômage record, de magouilles politicardes dans tous les partis institutionnels, FN compris, et de continuation d’une politique qui s’appuie encore et toujours sur la division et la précarité de la situation d’une grande partie d’entre nous pour tenter de nous empêcher de riposter.
Partis traditionnels : ça va leur faire mal
Le ras-le-bol est énorme. Le PS, qui prouve tous les jours son incapacité totale à être autre chose que le relais politique des revendications du Medef et consorts, va indubitablement voir ses scores s’effondrer. On voit fleurir, çà et là, des tracts de campagne pour « la gauche » dont on doitaller lire au verso les tout petits caractères pour savoir que c’est un tract du PS. Ils ont beau essayer de jouer sur les chiffres du chômage du mois de janvier pour dire que « le redressement est en marche », eux-mêmes estiment qu’ils vont se faire éliminer dès le premier tour dans un quart des cantons où ils se présentent. Et effectivement ce ne sera guère étonnant. Tout simplement parce qu’il y en a marre de leur politique !
Quant à la droite, embourbée tout comme la « gauche » dans ses guerres internes, n’arrive pas à apparaître comme une alternative – et pour cause, tant on sait à quel point leur programme économique et social est le même que le gouvernement: « réduction des déficits », comprendre encore des milliers de suppressions d’emplois dans la Fonction publique, fermetures d’hôpitaux, gel des salaires ; attaques sur les droits du travail, le CDI, répression des syndicalistes et des mouvements environnementaux… Le grand « come-back » Sarkozy, avec exactement les mêmes propositions que lors de sa campagne pour 2012, a tellement été un échec qu’il a tenté de s’engager dans une bataille des acronymes avec son ridicule « FNPS », comme si ça allait faire une ligne politique… On aurait presque envie d’en rire.
Le FN continue de profiter de la situation et du vide politique
Ainsi, comme aux européennes, le FN part dans ces élections avec un triomphalisme écrasant – ils n’ont d’ailleurs jamais eu autant de candidats à présenter lors de ce scrutin. Mais encore une fois, le soi-disant « plus grand parti de France » ne sera pas le FN, ce sera l’abstention. Une chose est claire aujourd’hui, c’est que ce scrutin ne rameutera pas les foules, tant le dégoût est grand. Jusqu’à 10 millions de personnes sont non inscrites ou mal inscrites (inscrites sur leur ancien lieu de résidence par exemple) sur les listes électorales. Il suffit de regarder les chiffres, significatifs, de l’élection législative partielle qui a eu lieu en février dans le Doubs : à l’exception de Lutte Ouvrière et des Verts, qui se présentaient seuls cette fois-là, absolument tous les partis ont perdu des voix par rapport aux législatives de 2012. Le FN n’a pas échappé à la tendance avec 13% de voix en moins…. mais un pourcentage qui a été mécaniquement augmenté par la faible participation (environ 40%).
Pour autant, la situation politique va être marquée par les scores électoraux et les forts pourcentages que le FN va certainement faire. Une partie des travailleurs va possiblement utiliser ces élections pour montrer son ras-le-bol. Malheureusement, en l’absence d’une opposition de gauche intransigeante face à Hollande-Valls et au patronat et d’une volonté de riposte face à leur politique, alors qu’il y a franchement de quoi faire, c’est le FN qui va pouvoir en partie récolter les voix de ceux qui ne voient pas de porte de sortie à une situation quotidienne qui s’empire pour la majorité.
Il nous faut (vraiment) une voix politique à nous
Dénoncer le FN comme « antirépublicain », gesticuler ou en appeler à « l’amour de la France » pour contrer ce parti est désespérément illusoire. Ce qu’il faut dénoncer dans le FN, c’est que les Le Pen sont des millionnaires, que leur parti a les mêmes pratiques que les autres, qu’il défend le même système économique basé sur l’exploitation de la majorité au profit d’une minorité, qu’ils veulent tout autant nous diviser entre nous pour nous endormir et empêcher de lutter ; et faire activement campagne pour cela.
Pour autant, la simple dénonciation du FN ne sera jamais suffisante – il faut mettre un terme aux conditions qui permettent à ce parti de se développer et à l’offensive déterminée du patronat et de ce gouvernement contre nos conditions de vie ! Si l’on ne combine pas l’un à l’autre, alors l’opposition au FN ne pourra être qu’une sorte d’idéal moral, comme quoi « c’est pas bien », mais sans apporter aucune solution concrète aux problèmes quotidiens qu’on rencontre. C’est bien les travailleurs, à Sanofi, Thalès, Michelin… à travers leurs grèves, qui ont réussi à arracher à leurs patrons des augmentations de salaire. C’est bien les profs et les parents d’élèves avec leurs mobilisations qui ont empêché la fermeture de classes en ZEP ou permis d’obtenir plus de moyens pour certaines écoles.
C’est cette alternative-là, l’opposition franche et résolue à toute la politique du gouvernement à travers les luttes, qu’il faudra défendre et porter dans la prochaine période et dans les manifestations qui auront lieu après les élections!
Par Cécile