Mobiliser contre la guerre !

Depuis la guerre en ex-Yougoslavie, les dirigeants des pays occidentaux ont organisé de nombreuses incursions et guerres contre des pays néo-coloniaux comme en Somalie et en Afghanistan plus récemment. La guerre dans la récente période est devenue un outil de plus en plus « courant », notamment de la part de l’impérialisme américain, pour imposer sa domination sur une région. Quelles sont nos revendications de principe mais aussi et surtout les moyens d’action que nous défendons dans les pays occidentaux contre nos gouvernements ?

Aujourd’hui, nous sommes nombreux à rejeter toute agression contre l’Irak. Mais les dernières mobilisations contre la guerre en Afghanistan ont montré les faiblesses des mouvements anti-guerre en France. Comment construire un mouvement fort en France ? Pour cela, il faut être précis sur les revendications et les moyens d’action.

Mobiliser contre la guerre par des manifestations massives !

Beaucoup ont l’impression que des manifestations anti-guerre sont un moyen bien faible face aux volontés guerrières de puissances aussi fortes que le Etats Unis. Mais aujourd’hui, les mobilisations sont les plus fortes aux Etats Unis précisément et en Angleterre. Le 28 septembre : 400 000 personnes défilent à Londres, c’est la plus grosse manifestation de l’après seconde guerre mondiale ! Le 26 octobre, à Washington, ce sont 200 000 personnes qui se mobilisent. Ces démonstrations massives pèsent dans le rapport des forces. Les volontés belliqueuses des gouvernements américain et anglais en sont fragilisées.

L’ONU : un jeu de dupes !

Depuis la fin octobre 2002, des désaccords nombreux opposent les gouvernements français, russe et allemand aux anglais et américains dans la gestion de la crise avec l’Irak au sein du conseil de sécurité. La France et l’Allemagne jouent la carte de l’ONU. Ils sont les deux premiers investisseurs en Irak aujourd’hui et pour le moment, cherchent à repousser le conflit. Mais à aucun moment, ils ne se sont prononcés pour l’arrêt de l’embargo contre l’Irak qui sévit depuis 11 ans. Pourquoi ? Les sanctions de l’ONU servent à asseoir une domination économique et une dépendance nourriture- médicaments contre pétrole. Pas très humanitaire tout cela ! Quant à la dictature de Saddam Hussein, l’ONU et les Etats Unis renforcent jour après jour son pouvoir avec les sanctions économiques. Comment la population affamée pourrait-elle relever la tête ?

Une réponse impérialiste à la crise

C’est en effet, sur fond de crise économique que Bush et Blair préparent leur intervention et qu’ils multiplient la propagande anti- terroriste dans le but de souder le pays derrière eux. Cette fragilité politique est visible, Bush aurait bien aimé régler l’affaire irakienne avant les élections parlementaires. Blair, quant à lui, perd beaucoup de points dans les sondages.

Les commentateurs boursiers, eux, sont clairs. Ils évaluent le coût de la guerre à deux fois plus que le coût moyen des trois dernières guerres soit 200 milliards de dollars ! Puis ils font les calculs : « une guerre gagnée ferait monter les bourses (…) et induirait une baisse du prix du pétrole, un choc d’offres très favorable à la reprise ! » Le Monde Economie du 29 octobre 2002.

La stratégie est claire de la part des marchés et nul doute que les gouvernements encore réticents, comme la France, eux aussi, pour des raisons économiques, changeront vite leur fusil d’épaule si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne passent à l’offensive.

Une seule réponse : gêner leur économie !

Mi-octobre, Bush a entamé une procédure rarissime d’interdiction de grève contre les dockers des 29 ports de la côte ouest américaine en grève alors depuis le 1er octobre. Ce conflit a, en fait, très vite paralysé les échanges en Amérique du nord et même avec l’Asie ! La loi a donc obligé les dockers à reprendre le travail pendant 80 jours et ce, pour raison de sécurité nationale et de guerre possible !

C’est en multipliant les luttes sociales que nous pouvons affaiblir nos gouvernements. L’histoire du mouvement ouvrier fourmille d’exemples de l’efficacité de l’action syndicale contre la guerre et de solidarité internationale. Ainsi, le blocage des transports de matériel militaire par les cheminots ou celui des ports par les dockers pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie.

Aujourd’hui les syndicats sont très peu présents dans les mobilisations anti-guerre. Beaucoup rangent cela dans le domaine politique et non-syndical. Il faut reprendre la lutte anti-impérialiste dans les syndicats, qui plus est à l’heure de la mondialisation et des délocalisations qui opposent travailleurs des pays riches et travailleurs des pays dominés.

Des collectifs contre la guerre peuvent permettre d’informer et de préparer sur ces bases les initiatives nationales et internationales dans les lycées, les universités et les entreprises. C’est un des moyens d’étendre la mobilisation.

Par Leïla Messaoudi et Faustine Ottin