Jacques Chirac, un candidat impunément passionné par le pouvoir et le service du capital

Après avoir trahi tour à tour la plupart de ses alliés successifs, Chirac vient donc de déclarer sa passion à la France. Et la France, comme Bernadette l’y incite, et elle sait ce qu’il en est, va succomber. La France de droite, bien sûr, mais d’après le sondage CSA/Huma-Hebdo publié le 2 mars, la Chiraquie comporte, hélas, 3 fois plus d’ouvriers et d’employés et 10 fois plus de chômeurs que la France de Hue. Par rapport à la France d’extrême-gauche, l’écart est le même chez les ouvriers et employés mais il n’est que du double pour les chômeurs chez qui Arlette arrive en 3ème position.

Article paru dans l’Egalité n°94

La France de droite pardonne à Chirac ses infidélités, mais aussi ses variations, de la dénonciation du parti de l’étranger (appel de Cochin) au oui à Maastricht, des lamentations sur la fracture sociale à l’approbation de la refondation sociale du MEDEF. Le seuil de tolérance n’a semble-t-il pas été dépassé puisque le chatelain de Bity et du Fbg St-Honoré garde toutes ses chances d’éviter jusqu’en 2007 les mises en examen qui le menaceront dès qu’il devra résilier son bail à l’Elysée.

Impunité totale ou provisoire

Sans minimiser en aucune manière les charges que la Justice a contre lui, il faut bien dire que le pire n’y figure pas.

Le financement occulte du RPR est scandaleux, mais même s’il est un peu plus copieux que celui de l’UDF et du PS, et beaucoup plus que celui du PCF, il est de même nature. Bouygues et les autres géants du bâtiment et des travaux publics, la Lyonnaise et la Générale des Eaux, les grandes surfaces et bien d’autres ont arrosé tous ceux qui distribuaient permis de construire et marchés publics. Il n’y a, semble-t-il, que les  » marchands de canon  » et assimilés qui aient eu la générosité sélective (encore qu’on ait vu des publicités d’avionneurs militaires dans  » l’Huma « …).

Les emplois fictifs sont un autre aspect de ce financement occulte mais il n’y a pas qu’à droite et au PS qu’on rencontre des employés municipaux qui sont en fait des permanents ou des semi-permanents du parti. Dans leurs impôts locaux comme dans l’IRPP, la TVA ou la TIPP, les contribuables ont donc financé, sans que cela apparaisse dans les lignes du budget, les partis de gouvernement et singulièrement le RPR. Et seul le Chef de l’Etat est à l’abri des poursuites.

Le vrai scandale du logement

Plus grave encore est l’attribution de logements sociaux à des copains qui n’y ont pas droit parce que là, c’est au détriment direct de ceux qui y ont droit et pour qui ce n’est pas seulement un moyen de faire des économies de loyer. Et le pire c’est de ne pas avoir construit les HLM indispensables, ne serait-ce que pour compenser les  » logements sociaux de fait  » que l’on rasait dans les opérations de rénovation urbaine à Paris et dans la plupart des autres villes de droite mais aussi de gauche. Dans les taudis insalubres où ils étaient condamnés à rester ou à se replier, des enfances ont été gâchées, des santés compromises irrémédiablement par la tuberculose ou le saturnisme, des vies ont été brisées, des gens sont morts, par dizaines, par centaines, peut-être par milliers ! Mais là, évidemment, on n’est plus dans les délits passibles de sanctions pénales dans notre législation. C’est toute la politique de la bourgeoisie qui est en cause. On en arrive au programme des candidats.

Dans celui de Chirac, outre les fortes paroles sécuritaires de rigueur, la fameuse, l’imprudente, l’impudente impunité zéro, la promesse n° 1, c’est la baisse de l’impôt sur le revenu de 33% en 5 ans. Cela va faire une belle jambe à ceux qui en sont exemptés du fait de leurs trop faibles ressources. Cela ferait par contre des millions d’euros économisés pour les milliardaires et des sommes encore considérables pour les classes moyennes. Baisser plutôt la TVA qui touche tout le monde ? Vous n’y pensez pas ! Ce n’est justement pas, mais pas du tout, le but de la manœuvre ! Toute la question est de savoir s’il y aura beaucoup de gogos à être séduits par cette promesse qui, si elle est effectivement tenue, ce que beaucoup d’économistes mettent en doute, leur fera du tort puisqu’elle signifiera davantage d’impôts indirects plus injustes et surtout moins de services publics.

La nécessaire dissolution de 1997

Il est d’usage de présenter la dissolution de l’Assemblée, alors que Juppé y disposait d’une très large majorité docile, comme une fausse bonne idée, un coup de fusil dans le pied, bref une connerie. Lors de sa première interview de candidat, Poivre d’Arvor lui a proposé de faire son autocritique. Sa réponse mérite d’être relevée, car elle confirme ce qu’écrivait notre camarade Patrick Seignon dans son bouquin  » La social-démocratie est morte  » : Chirac soutient que ce n’était pas une  » bêtise « , qu’il fallait le faire, pour l’Europe (l’Europe du capital, bien sûr NDLR) car la contestation était dans la rue. Si c’était à refaire, il le referait. Voilà qui est dur à entendre pour les députés godillots qui ont perdu leur siège à cette occasion, mais c’est l’intérêt supérieur de la classe possédante qui était en jeu. Et sous la Vème République, quand on est au sommet de l’Etat, c’est cela que l’on a en charge, pas l’inauguration des chrysanthèmes.

Par Jacques Capet