Olivier Besancenot : le facteur candidat

Dynamique, à l’aise dans les médias, tout sourire… Olivier ne fait pas  » une mauvaise campagne  » comme on dit. Militant anti-mondialisation, syndicaliste, il est bien plus agréable à écouter, du haut de ses 27 ans, que les éternels chevaux de retour.

Article paru dans l’Egalité n°94

Mais quelle mouche a piqué la LCR de passer autant d’énergie à se placer sur un terrain déjà largement occupé par LO ? Et surtout sous un label de campagne, « 100 % à gauche », qui se démarque si peu de la gauche plurielle ? Car le nom implique qu’on fait une différence de nature entre Jospin et Chirac alors qu’elle n’est que de forme.

Certes Olivier Besancenot se place sur le terrain militant de la lutte « contre le libéralisme », et de la « sanction du gouvernement ». Si la LCR se présente alors qu’il y a déjà LO, cela doit être parce qu’elle a quelque chose de différent à dire, et une autre approche. Hélas pour la grande majorité des travailleurs, cela ne risque guère d’être le cas.

La LCR propose des comités de soutien contrairement à LO. Mais, c’est tout de suite pour les labelliser « 100 % à Gauche ». Ceux qui auraient voulu le faire sur des bases différentes n’y sont pas invités.

Quant au matériel de campagne, les revendications se succèdent, souvent justes, accompagnées de remarques tout aussi justes (« nos vie valent plus que leurs profits ») mais sans que soit avancée la perspective d’une alternative au capitalisme, ni les moyens d’obtenir satisfaction sachant que ni les patrons ni le gouvernement n’accèderont à nos exigences.

La multiplication de revendications, où la « légalisation du cannabis » côtoie « l’interdiction des licenciements », n’aidera guère les travailleurs à utiliser ces élections, et la candidature de la LCR comme un point d’appui pour leur lutte. Quant au très flou, « permettre aux salariés de faire entendre leurs voix sur les choix économiques des entreprises », l’ambiguïté de la formule ne permet pas de savoir si c’est pour contester les choix économiques ou y participer en espérant les rendre plus sociaux.

Et la perspective de 400 candidatures « 100 % à gauche » aux législatives, sans avoir pris la peine de s’adresser aux mouvements sociaux, aux travailleurs en lutte, aux courants du PCF ou anciens du PCF qui luttent contre le gouvernement, ne peut que continuer à favoriser la cassure entre les luttes et les élections.

Une occasion de plus est gâchée non seulement par les candidatures concurrentes amies également par le fait qu’elles ne placent pas la question de l’émergence d’un nouveau parti des travailleurs au cœur de leur démarche. Il ne suffit pas de présenter un syndicaliste actif pour représenter les luttes, il faut permettre que celles-ci débouchent sur le terrain politique même si c’est de manière floue et confuse au départ. Les législatives qui suivront pourraient ne pas subir le même sort si les gauches du PCF, les organisations d’extrême gauche etc. se rencontraient, et poussaient les travailleurs à se présenter aux élections et à en faire la prolongation de leur lutte.

Les voix qui iront à Olivier sont dans le camp des travailleurs, des jeunes et des luttes, mais la véritable question, comme pour Arlette, c’est comment transformer des bulletins de vote en actes plus militants.

Par Alexandre Rouillard